Privée de compétition depuis l’étape niçoise du Golden Tour en février 2020, Charlotte Bonnet s’apprête à renouer avec l’excitation des joutes aquatiques à l’occasion des championnats de France de Saint-Raphaël qui se dérouleront du jeudi 10 au dimanche 13 décembre. L’opportunité de retrouver une routine, des sensations et des repères dans une période qui en manque cruellement.
Après dix mois sans compétition, comment abordes-tu cette première échéance nationale de la saison ?
Franchement, j’ai du mal à me dire que je vais disputer un championnat de France, qui plus est qualificatif pour les Jeux olympiques. Ma dernière sortie officielle remonte au meeting de Golden Tour à Nice, en février 2020. J’ai hâte, mais il y a de l’appréhension ! Nous avons fait des tests chronométrés à l’entraînement, mais je sens bien que je manque de repères.
La compétition se déroulera à huis clos. Qu’est-ce que cela va changer ?
A mon avis, on ne s’en rend pas encore complètement compte, mais ce sera étrange de nager dans une piscine « vide ». On va le sentir en situation. Il n’y aura pas de bruit, probablement moins d’atmosphère. Cela risque d’être très différent de ce que nous avi0ons l’habitude de vivre
Qu’attends-tu de ce rendez-vous dans ces conditions ?
Je suis dans le flou au niveau de mes sensations, mais mes objectifs restent inchangés : j’ai envie de me qualifier le plus tôt possible pour les JO de Tokyo. Pour cela, il faudra que je me rapproche de mes chronos de référence.
(KMSP/Stéphane Kempinaire)
Ce contexte sanitaire a-t-il nécessité une préparation mentale spécifique ?
C’est un sujet qui revient régulièrement dans les discussions que j’ai avec mon entraîneur (Fabrice Pellerin). Nous avons beaucoup parlé d’adaptation, que ce soit à l’entraînement ou en compétition. A titre personnel, j’ai mis du temps à retrouver mes repères, à renouer avec mes sensations. Ça m’a demandé un long travail pour me sentir bien, à l’aise dans l’eau.
Ne regrettes-tu pas rétrospectivement de ne pas avoir disputé l’ISL en novembre dernier. Cela t’aurait permis d’emmagasiner du vécu et de retrouver tes habitudes en compétition ?
Non, je ne le regrette pas !
Pourquoi ?
Je n’avais tout simplement pas envie de partir six semaines à ce moment de l’année et dans ce contexte sanitaire. J’avais à cœur de préparer les Jeux olympiques dans les meilleures conditions, de me donner toutes les chances de réussir, de travailler avec mon groupe d’entraînement sous la houlette de Fabrice (Pellerin). Le seul petit regret, c’est que toutes les compétitions qui étaient prévues en France ont été annulées suite à l’annonce du second confinement.
La suite de la saison reste également nimbée d’un voile d’incertitude. Comment se focaliser sur la préparation olympique dans pareil brouillard ?
Honnêtement, je prends les choses comme elles viennent. J’y pense, forcément, parce que la préparation des Jeux olympiques demande une planification précise, mais j’essaie de ne pas me laisser envahir par le doute et l’incertitude.
(KMSP/Stéphane Kempinaire)
A ce sujet, as-tu éprouvé des petits coups de « moins bien » ces derniers mois ?
Oui, comme tout le monde j’ai envie de dire ! Il y en a eu deux ou trois épisodes, mais c’est quelque chose que je travaille avec ma préparatrice mentale. Dans ces cas-là, j’essaie de faire abstraction du contexte pour me concentrer sur mon objectif olympique. Quand je sens que mon humeur pique du nez, j’essaie de me rappeler pourquoi je me lève tous les matins pour m’entraîner. Ça permet de garder le cap !
Redoutes-tu de passer quatre jours dans la piscine de Saint-Raphaël avec quatre cent nageurs ?
Non, pas spécialement ! Je sais que tout le monde sera attentif. Nous avons tous passé un test avant de venir. J’ai le sentiment que les choses ont été bien faites. Je me sens en sécurité. Ce ne sera sans doute pas agréable de porter le masque toute la journée, mais c’est le protocole.
Si tu disposes d’une certaine marge de manœuvre sur le 200 m nage libre, ce n’est pas le cas sur l’épreuve reine, où Marie Wattel et Béryl Gastaldello semblent particulièrement affûtées. Comment te prépares-tu à cette bataille ?
C’est sûr qu’il va falloir s’employer (sourire)... Sur le 100 m nage libre, ce n’est pas le temps qui sera difficile à faire, mais plutôt la place car comme vous le dîtes, il y a de sérieuses prétendantes. Je pense d’ailleurs que ce sera l’une des courses les plus excitantes des championnats de France de Saint-Raphaël.
Recueilli par A. C.