Quatrième du 25 km des derniers championnats du monde de Gwangju, Lisa Pou a rejoint le Canada en août dernier pour y poursuivre ses études et son parcours de sportive de haut niveau. Si elle n’est pas en confinement total comme c’est le cas en France, elle ne peut plus nager et tente de s’entretenir physiquement comme elle le peut. Sans savoir à quel moment elle pourra rentrer chez elle pour retrouver ses proches et préparer les Euro de Budapest qui doivent désormais se tenir du 17 au 30 août 2020.
Où es-tu actuellement ?
Je suis à Quebec. On n’est pas en confinement, mais juste en isolement. Ce n’est pas obligatoire de rester chez nous, mais tous les commerces sont fermés donc ça nous contraints quand même à restreindre nos déplacements.
As-tu également arrêté de nager ?
On a arrêté de nager, je pense au même moment qu’en France. La piscine est fermée depuis deux semaines, tout comme l’université.
Que fais-tu à Quebec ?
Je suis en licence pour devenir enseignante. Je suis arrivée en août 2019. J’essaie de maintenir le nombre d’entraînements que je faisais en France, c’est à dire 9 à 10 par semaine, même si ce n’est pas toujours évident.
Pour toi qui à l’habitude de beaucoup nager et de disputer des 25 kilomètres en compétition internationale, ça ne doit pas être facile d’être à l’arrêt.
C’est sûr ! Au début, j’étais quand même inquiète, mais maintenant je me dis qu’on est tous dans le même cas. En plus les Euro ont été repoussés (ils devaient se tenir du 17 au 24 mai et devraient désormais avoir lieu du 17 au 30 août 2020 à Budapest). Ça soulage un peu. Mais c’est vrai que de subir une telle coupure sans y avoir été préparée, ce n’est pas facile à vivre ! Ça fait quand même un moment que je ne me suis pas arrêtée aussi longtemps. J’essaie de m’entretenir tous les jours et j’espère que ça va aller.
Photo: KMSP/Stéphane Kempinaire
Appréhendes-tu le moment de la reprise ?
Si on s’arrête plus d’un mois, je ne sais pas ce que ça va donner. J’attends de voir. En natation, il y a les sensations et les appuis qui sont en jeu. On risque de mettre du temps à retrouver tout ça, je pense.
Comment t’entretiens-tu pendant cette période ?
J’essaie de faire les séances que Robin Pla nous envoie. Parfois on en a deux par jour. Et puis, comme ici on a encore le droit de sortir, j’en profite pour aller faire des footings de temps en temps, même si je ne sais pas courir (rires)... C’est histoire de garder un peu le cardio.
Comment avais-tu prévu de te préparer pour les championnats d’Europe ?
À la base je devais rentrer pour les championnats de France qui devaient se tenir en avril avant d’être reportés. Mais finalement j’ai décidé de décaler mon retour et j’ai un vol prévu pour le 25 avril après mes examens. Je ne sais pas du tout si je vais pouvoir le prendre et rentrer à cette date. Quoiqu’il en soit, j’aimerais bien préparer les Euro avec Magali (Mérino) pour retrouver un peu de volume.
Est-ce difficile de vivre avec toutes ces incertitudes ?
Je ne sais même pas quand je vais pouvoir rentrer chez moi. J’ai pensé à rentrer le week-end dernier, mais je me sens quand même plus en sécurité ici. En France, c’est assez grave ! À Quebec pour le moment ça va, mais on ne sait pas ce que ça va donner. Quoiqu’il en soit, je ne préfère pas prendre l’avion et courir le risque d’attraper le virus et le ramener chez moi pour le transmettre à mes parents. Ils aimeraient que je sois avec eux c’est sûr, mais d’un autre côté il ne faut pas prendre de risques d’attraper le virus avec un voyage en avion.
Recueilli par J. C.