Après avoir à peu près tout gagné avec Philippe Lucas, Aurélie Muller s’est lancé un nouveau challenge en rentrant des championnats du monde de Yeosu, cet été, où, une fois encore, son histoire avec les Jeux a été contrariée par une onzième place sur 10 km synonyme de non qualification pour les JO de Tokyo. Reste que la native de Sarreguemines n’est pas du genre à baisser les bras. Ce serait mal la connaître. Puisque ses chances de disputer les Jeux en eau libre se sont envolées, elle a rejoint Fabrice Pellerin à Nice pour renouer avec ses amours de jeunesse et tenter de se qualifier sur 1 500 m nage libre. Les championnats de France d’Angers en petit bassin tombaient donc idéalement pour faire un premier état des lieux à quatre mois des sélections olympiques qui se disputeront à Chartres (12-19 avril 2020).
Dans quel état de fraîcheur as-tu abordé ce 1 500 m nage libre ?
Je reviens tout juste du Brésil, donc je suis encore un peu en décalage horaire. Je suis un peu malade aussi et puis pas franchement satisfaite de ma course (neuvième en 16’38’’48), mais c’est la raison pour laquelle je suis venue à Angers. Je voulais savoir où j’en étais. Maintenant, je sais.
Où en es-tu alors ?
J’ai fait 100 mètres et puis plus rien.
Rien ?
Toute la course a été compliquée, tant physiquement que mentalement. Il a fallu s’accrocher de bout en bout. Malgré tout, je reste positive. Le travail que j’ai commencé avec Fabrice il y a quatre mois commence à porter ses fruits. Des choses bougent dans l’eau, ça progresse. Maintenant, je suis impatiente de pouvoir le retranscrire en compétition.
(KMSP/Stéphane Kempinaire)
Fabrice t’avait-il donné des objectifs particuliers à l’heure de disputer ce 1 500 m nage libre angevin ?
Non, nous n’en avons pas vraiment parlé. Il m’a dit d’y aller à l’instinct et de voir ce que ça donnerait.
Mais sur quoi travaillez-vous précisément avec Fabrice ?
Avec Philippe, c’était du kilométrage. Nager beaucoup pour avoir une caisse d’enfer. Avec Fabrice, on se concentre sur l’efficacité du mouvement. C’est compliqué pour moi parce que Fabrice me demande de nager doucement en m’appliquant un maximum. C’est dur à intégrer car jusqu’alors je ne cherchais qu’à nager vite.
Il s’agit d’une véritable « révolution ».
L’adaptation est compliquée, mais je vois que ça bouge et qu’il se passe des choses dans l’eau. J’aimerais, évidemment, que ça aille plus vite. Quand je nage 16’38 en petit bassin sur 1 500 m nage libre, ce n’est pas facile à accepter. Mais je reste sereine. J’ai confiance en Fabrice et en mes qualités. Et puis, je n’oublie pas que c’est en avril, à Chartres, que tout se jouera pour les Jeux. D’ici-là, il faut bosser.
(KMSP/Stéphane Kempinaire)
Dans la perspective des sélections olympiques, la confiance est donc toujours de mise.
Oui, j’y crois ! Si les choses évoluaient plus vite, ça me plairait, mais ce serait trop facile. Ce n’est pas comme ça que ça se passe dans le sport de haut niveau. Il faut bien comprendre que je suis en train de réapprendre à nager avec Fabrice. On revoit toute ma technique. Alors je me pose des questions et j’ai parfois des doutes, mais la confiance revient rapidement.
Pensais-tu que ce serait aussi difficile ?
Non, absolument pas ! Je pensais que ce serait plus simple. Chaque semaine, je me dis que quelque chose va se passer à l’entraînement et qu’enfin je vais me sentir bien dans ma nage.
Recueilli à Angers par A. C.