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Troisième du 400 m nage libre des championnats de France de Saint-Raphaël sur lequel il espérait s’illustrer (jeudi 10 décembre), David Aubry, médaillé mondial de bronze sur 800 m nage libre il y a un an et demi à Gwangju (Corée du Sud), a de nouveau « bafouillé » sa nage en finale du 800 m, le lendemain (vendredi 11 décembre). Au-delà de la déception, il y avait surtout beaucoup d’incompréhension et une certaine frustration. Le nageur de Philippe Lucas a même songé a quitté la compétition pour ne pas se "tuer" mentalement. Malgré tout, David Aubry demeure confiant dans l’avenir et dans la capacité de son entraîneur à lui faire remonter la pente dans les prochains mois.

Que retiens-tu de ton 400 m nage libre de jeudi (10 décembre) ?

Pas grand-chose. J’ai raté ma course.

Qu’est-ce qui s’est passé ?

Je n’en ai aucune idée ! Dès le début, j’ai senti que ça n’allait pas. Je n’ai pas su me mettre dans le rythme. J’ai essayé de relancer, mais j’ai bien vu que je n’avais pas de jus. Non, franchement, il n’y a pas grand-chose à garder de cette course.

Aucun rapport avec la blessure à l’épaule qui a perturbé ton début de saison ?

Non, ça n’a rien à voir ! La blessure est derrière moi. C’est un autre problème. Mais lequel ? Je n’en ai aucune idée.

Le contexte sanitaire et l’absence de compétition peuvent-ils être à l’origine de cette contre-performance ?

Je pense, en effet, qu’après un an sans compétition, je manque de repères. Pourtant, j’étais prêt, en forme. Je réalise des trucs à l’entraînement que je n’ai jamais fait avant. Mais ça fait trop longtemps que je ne me suis plus retrouvé dans ce genre de situation. Je sais que c’est la même chose pour tout le monde, mais j’ai l’impression d’être un peu largué.

(KMSP/Stéphane Kempinaire)

On t’a senti plus « mordant » sur le 800 m nage libre de vendredi (11 décembre).

En termes de sensations, c’était un peu mieux, mais le chrono est pourri. Je suis à dix secondes de mon meilleur temps. Mais bon, je ne m’attendais pas à « péter » un record. La veille, j’étais tellement déçu par mon 400 m que j’avais pris la décision d’arrêter mes championnats. J’en avais marre. Philippe (Lucas, son entraîneur à Montpellier) était d’accord pour que je ne me tue pas le moral. Je l’ai rappelé vers minuit pour lui dire que finalement, je voulais continuer, que ces courses, même ratées, me serviraient d’entraînement dans la perspective des Jeux de Tokyo.

Qu’est-ce qui est sorti de ton débriefe avec Philippe ?

Il m’a dit qu’il n’était pas vraiment surpris par mes performances, qu’après le premier confinement, ma blessure à l’épaule de cet été et un nouveau confinement cet automne, je n’avais pas suffisamment nagé pour espérer d’autres résultats. Pourtant, je me sentais vraiment bien à l’entraînement ces dernières semaines. J’avais l’impression d’avoir retrouvé une certaine aisance.

Es-tu inquiet pour les Jeux ?

Non, pas du tout ! Je sais qu’il me reste du temps pour travailler et retrouver le niveau qui était le mien aux Mondiaux de Gwangju, en 2019. Et puis, j’ai une totale confiance dans Philippe. Je sais qu’il saura me préparer au mieux.

(KMSP/Stéphane Kempinaire)

Philippe est-il confiant ?

Oui, il croit en moi ! Mais il m’a quand même rappelé que je ne devais plus rater d’entraînement. A présent, il importe que je sois totalement focus sur mon objectif olympique, sans quoi, ça ne marchera pas.

On a le sentiment que cette année 2020 aura été particulièrement difficile à négocier.

Oui, c’est évident ! Je pense qu’elle a été compliquée pour tout le monde, mais c’est vrai que pour nous, les nageurs de demi-fond, tout a été plus difficile. Contrairement aux autres nageurs, nous avons besoin d’enchaîner les kilomètres. Ça fait des années que je me prépare. Jamais encore je ne m’étais arrêté de nager aussi longtemps. Là, je vois bien qu’il m’en manque. Ça revient, mais c’est long. C’est du gâchis, des semaines et des mois d’entraînement perdus. Heureusement que les Jeux ont été repoussés. Sans cela, ça aurait été une catastrophe.

Qu’en est-il de ta préparation en eau libre ?

Pour l’instant, je suis un peu plus focus sur le bassin. J’aimerais signer une grosse performance à Tokyo. En eau libre, je ne m’inquiète pas plus que ça. On sera 25 sur le ponton au départ. J’aurais mes chances. Comme les autres. Et puis, Philippe me prépare pour les deux échéances : le bassin et l’eau libre ! Il sait exactement ce qu’il fait. Je serai prêt. Ça ne fait aucun doute.

(KMSP/Stéphane Kempinaire)

On sent malgré tout une certaine frustration dans tes propos.

Oui, bien sûr ! Je suis déçu, contrarié et frustré ! Je me rappelle à quel point j’étais facile à Gwangju (2019). Je glissais sur l’eau, tout me paraissait simple. Là, c’est dur, ça tire, j’ai mal, je m’enfonce dans l’eau. Ça n’a absolument rien à voir. J’ai presque l’impression d’être un autre nageur. Il faut vraiment que je me remette à l’entraînement à fond. J’ai envie de retrouver mes sensations de l’année dernière, de me sentir à nouveau facile dans l’eau.

A ta décharge, le manque de compétition n’a pas aidé.

C’est sûr que cette année, j’ai nagé à Canet, à l’ISL et donc ici, à Saint-Raphaël. Comme programme, c’est un peu léger. D’autant qu’à chaque fois, je n’étais pas en pleine possession de mes moyens. Disons que ça n’aide pas à se sentir en confiance.

Recueilli à Saint-Raphaël par A. C.

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