Imaginez-un peu… C 16. Catégorie 100-104 ans. Franchement, ça laisse songeur. C'est pourtant dans cette catégorie qu'évolue depuis le 1er janvier Jean Leemput. A cette occasion, le vétéran des nageurs français ne visait rien de moins que le record du monde du 50 m dos, l’ultime ligne qui manque à son palmarès (il détient vingt records de France et les records d'Europe des 50 et 100 m dos, ndlr). Un record qu’il s’est adjugé le dimanche 16 février dernier lors des championnats de Picardie des maîtres qui se disputaient à Nogent-sur-Oise. En 1’29’’56, Jean Leemput a pulvérisé le record du monde de quinze secondes (ancien 1’45’’59) avant de prendre le départ du 50 m nage libre pour s’approprier le record d’Europe de la spécialité (1’52’’00). Deux exploits qui lui ont valu les félicitations du double champion du monde, Jérémy Stravius, qui lui a adressé depuis le meeting de Courbevoie un message vidéo.
Cet exploit a pourtant été long à se dessiner. Suite à un accident domestique en 2012, Jean Leemput est en effet contraint d’observer un break d’un an avant d’être autorisé à replonger. Il ne reprend l’entraînement qu’en septembre 2013 dans une nouvelle piscine et avec un nouvel entraîneur. Fidèle depuis toujours à Sarcelles, le nouveau recordman du monde a dû quitter son domicile et son club de cœur pour s'installer en maison de retraite à Précy, pas bien loin de Creil, où entraîne un certain Philippe Fort. Rapidement, les deux hommes vont trouver un terrain d'entente. Jean va mieux. Il se remet de sa chute et il a de nouveau des papillons dans les yeux quand on lui parle de natation. Et puis il a toujours ce rêve fou de record planétaire dans un coin de la tête. Philippe, de son côté, prépare la traversée de la Manche et il n'est pas insensible à la générosité et au courage du vieil homme. Aussi, tous les mardi après-midi, Philippe passe chercher Jean à la maison de retraite et ensemble, ils s’en vont nager à la piscine de Gouvieux, la plus proche de Précy.
Et maintenant ? Aux championnats de Picardie, Jean Leemput, qui n'a pas encore retrouvé toutes ses sensations ni son endurance, s'est « contenté » du 50 m dos et du 50 m nage libre. Un programme allégé, mais pas définitif. Le centenaire garde une carte maîtresse en réserve – le 100 m dos - pour les championnats de France des maîtres qui se disputeront à la piscine parisienne Georges-Vallerey du 27 au 30 mars. Rien n’est évidemment acquis, mais il y a fort à parier que le vétéran aura à cœur de s’approprier une nouvelle référence internationale. Comme quoi, l’ambition ne s’érode pas avec les années.
E. H.