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Une semaine après avoir pris part –et remporté- le championnat de France du 5 km Indoor à Sarcelles, puis participé à un 10 km test organisé à l’Insep avec l’équipe de France d’eau libre, la Calédonienne Lara Grangeon, qui s’entraîne depuis la trêve hivernale à Montpellier sous la houlette de Philippe Lucas, s’est adjugée le 800 m nage libre de l’étape niçoise du Golden Tour (8’51’’84) et a pris la deuxième place quelques minutes plus tard du 400 m 4 nages derrière Fantine Lesaffre (4’45’’86).

Pas facile d’enchaîner un 800 m nage libre et un 400 m 4 nages avec si peu de récupération.

Non, ce n’est vraiment pas simple ! D’autant plus que nous sommes en pleine période de travail. Malgré tout, je suis très satisfaite de mes courses. Ça réagit bien dans l’eau et les chronos sont encourageants. Maintenant, je vais essayer de rester dans cette dynamique de travail en étant positive et optimiste (sourire)

Qu’est-ce que tu es venue chercher à Nice : des sensations ou des repères ?

Il s’agit de voir avant tout où j’en suis tout en prenant du plaisir car les semaines d’entraînement sont parfois longues et difficiles.

(KMSP/Stéphane Kempinaire).

D’autant que le week-end dernier, tu étais en région parisienne pour participer au championnat de France du 5 km Indoor (samedi 27 janvier) ainsi qu’à un test grandeur nature avec l’équipe de France d’eau libre sur 10 km (dimanche 28 janvier).

Oui, ce n’est pas toujours simple d’enchaîner, mais la victoire et le chrono sur 5 km Indoor étaient vraiment très positifs. Ça laisse envisager de bonnes performances pour la suite. Le lendemain, nous avons disputé un 10 km. Ce n’était pas simple d’enchaîner deux épreuves en un seul week-end, mais bon, il faut s’y préparer car c’est aussi ça l’eau libre. Cet été, aux championnats d’Europe de Glasgow, il faudra se montrer à la hauteur pendant une semaine de compétition.

Quels étaient les objectifs des tests réalisés à l’Insep la semaine passée ?

Il s’agissait de prendre des informations tactiques et physiologiques, de voir comment notre organisme réagissait pendant l’épreuve olympique car on oublie souvent que pendant un 10 km nous ne nageons jamais au même rythme. On démarre fort sur les 500 premiers mètres, puis on s’arrête pour ravitailler, on trouve un rythme dans le peloton avant d’attaquer et de sprinter à la fin. L’idée, avec ces tests, c’était de reproduire ces différentes phases et de réaliser différents tests physiques pour mettre en place la stratégie la plus adaptée.

Lara Grangeon a pris part à l'épreuve du 25 km des championnats du monde de Budapest (KMSP/Stéphane Kempinaire).

N’as-tu pas le sentiment que l’eau libre est en pleine phase de professionnalisation ?

La discipline figure au programme des Jeux Olympiques depuis « seulement » dix ans (Pékin 2008). C’est tout de même très récent. Reste qu’en l’espace d’une décennie, l’équipe de France a enregistré des résultats exceptionnels : Aurélie Muller a été sacrée championne du monde du 10 km à Kazan en 2015 et l’été dernier nous avons remporté trois titres à Budapest (Aurélie Muller sur 10 km, Marc-Antoine Olivier sur 5 km et le relais mixte, ndlr). La France est aujourd’hui l’une des meilleures nations de la planète. Pour autant, rien n’est acquis ! Voilà pourquoi Stéphane Lecat, directeur de la discipline, a organisé cette journée de tests à l’Insep. Il s’agit de rester au top niveau et de toujours innover pour améliorer les performances du collectif national. A titre d’exemple, il m’a demandé de lui envoyer mes lunettes de natation car j’ai un petit problème de vue (sourire)

Est-il possible d’adapter des lunettes de natation à ta vue ?

Honnêtement, je n’en ai aucune idée (rire)… Mais il a dit qu’il allait voir ce qu’on pouvait faire. Le connaissant, il est tout à fait capable de trouver une solution (sourire)… C’est un grand professionnel. Son investissement est sans conteste un des moteurs des succès de l’équipe de France.

Lara à l'arrivée du 25 km des Mondiaux de Budapest (KMSP/Stéphane Kempinaire).

A ce stade de l’entretien, une question s’impose. Sur quelle discipline es-tu concentrée : l’eau libre ou la natation course ?

L’eau libre ! C’est d’ailleurs pour cette raison que j’ai rejoint Montpellier cet hiver afin de m’entraîner avec Philippe Lucas qui supervise déjà les meilleurs nageurs d’eau libre tricolores. C’est vraiment la trajectoire que je veux emprunter aujourd’hui. Toutefois, il n’y a aucune raison de ne pas joindre l’utile à l’agréable. Je m’éclate en bassin alors pourquoi ne pas continuer ?

Ça n’a pas été trop difficile de quitter Maxime Leutenegger avec qui tu t’entraînais depuis ton arrivée à Nice, l’année dernière ?

Ça a été évidemment un choix difficile car on s’entendait très bien, et c’est d’ailleurs toujours le cas, mais il importe parfois de prendre des décisions. Elles ne sont pas toujours simples ou évidentes, mais on sait que c’est la meilleure solution. Quand je suis partie de Nouvelle-Calédonie à l’âge de 14 ans, c’était un choix difficile car je n’avais pas envie de quitter ma famille et mes amis, mais je voulais être plus performante.

(KMSP/Stéphane Kempinaire).

Que viseras-tu aux championnats de France d’eau libre à Gravelines (juin 2018) dans la perspective des Euro de Glasgow ?

Une qualification sur 10 et 25 km. Le 5 km, ce sera du bonus pour continuer à apprendre et à emmagasiner de l’expérience.

Et en anticipant un peu, la finalité de ces préparations minutieuses, ce sont évidemment les Jeux Olympiques de Tokyo en 2020.

Oui, j’ambitionne de décrocher un des deux tickets tricolores pour y participer (sourire)

Pour finir, quel regard portes-tu sur la « méthode Lucas » ?

J’aime bien… Philippe est très exigeant, mais gentil et à l’écoute. Au début, je disais : « Il est dur », mais je n’aime pas trop ce mot en fin de compte, je préfère dire qu’il est « exigeant » ! C’est un très grand professionnel, investi et passionné, qui attend la même chose de ses athlètes.

Recueilli à Nice par A. C.

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