Le 400 m nage libre de la troisième et dernière étape du FFN Golden Tour-Camille Muffat vient de s’achever sur une victoire de Jordan Pothain (3’49’’29). Il longe le bassin amiénois, s’interrompant presque tous les mètres pour signer des autographes, preuve que le nageur de Grenoble a bel et bien changé de statut depuis la saison dernière. Enfin, il se présente devant les journalistes, souriant, comme à son habitude, mais légèrement pensif, accaparé par des pensées qui n’appartiennent qu’à lui mais qui laissent à songer que l’élève de Guy La Rocca n’est pas complètement satisfait de sa performance. Tentative de décryptage.
On a l’impression que tu as souffert sur la fin ?
Oui, disons que j’ai mené une course qui était assez éloignée de la stratégie initiale. Je visais un 100 mètres à 55 secondes, puis trois 100 mètres à 57 secondes, mais tout ne s’est pas passé comme prévu. Normalement, cette stratégie doit me permettre d’aller chercher 3’45 aux championnats de France en réalisant 54 secondes, puis trois fois 56 secondes. Cet été, à Budapest, j’espère pourvoir descendre à 55 secondes sur ce dernier 100 mètres. Malheureusement, ça n’a pas été possible.
Pourquoi ?
Sans doute parce qu’il n’y a pas eu assez de répétitions. Mais je ne me fais pas de soucis car je sais qu’avec de la récupération, ça va répondre.
Trois semaines, c’est le temps qui te sépare des championnats de France de Strasbourg. Est-ce que cela suffira pour faire descendre le chrono ?
En abordant cette saison, je m’étais dit que ces championnats de France ne seraient qu’une étape, à l’instar des Mondiaux de Windsor en petit bassin (décembre 2016). Malheureusement, il va peut-être falloir que je récupère un peu plus pour aller chercher ma qualification. Je sais que j’en suis capable et puis je n’oublie pas tout le travail abattu cette année. Je suis certain que ça va finir par payer !
Dans quel état de forme te sens-tu ?
Je me sens fatigué ! Cette saison post-olympique a été difficile. Et puis avec ces championnats de France fin mai, on a voulu innover à l’entraînement. C’était l’occasion ou jamais. Mais ce sont des nouveautés que je dois digérer. J’ai confiance dans ce que je fais.
Ta nouvelle notoriété te met-elle un peu de pression supplémentaire ?
Non, pas vraiment. Bien sûr, j’ai envie qu’on parle de moi, mais pour mes résultats, pas pour mes prises de parole comme ça a pu être le cas aux Jeux Olympiques. Si je m’entraîne 5 à 6 heures par jour, je le fais pour moi, pas pour la notoriété.
On a le sentiment que l’organisation des championnats de France fin mai (Strasbourg du 23 au 28 mai) te dérange.
Je suis, en effet, un peu mitigé sur cette question…
C’est-à-dire ?
La période de travail précédant les championnats de France est grande, ce qui représente une réelle opportunité de progression, mais en ce qui concerne les championnats du monde de Budapest, je trouve que sept semaines de préparation, c’est un peu court. Après Strasbourg, il faudra à la fois se remettre au travail et penser à récupérer. Ça risque d’être un peu compliqué. Sans doute que ce n’était pas le format idéal pour performer cet été.
Recueilli par A. C.