Le message délivré par le DTN Julien Issoulié à l’issue des championnats du monde de Budapest (18-25 juin) est aussi limpide que les eaux de la Duna Arena : les huit médailles décrochées par les Bleus en Hongrie sont extrêmement satisfaisantes, mais elles ne constituent qu’une étape sur la route des Jeux olympiques de Paris. Point de triomphalisme dans le discours du Directeur technique national, seulement la conviction que le plus dur commence. En effet, une nouvelle génération de nageurs vient de prendre les commandes de l’équipe de France. Il importe, à présent, de leur donner les moyens de s’exprimer pleinement sur la scène internationale.
Comment qualifierez-vous le bilan de l’équipe de France ?
Il est forcément positif ! Globalement, tout nous a souri cette semaine (18-25 juin). Il reste cependant quelques détails à améliorer, des leviers à mieux maîtriser pour continuer de progresser.
En nombre de finales disputées, ces championnats du monde sont parmi les meilleures éditions de la natation tricolore.
Je crois, en effet, que sur les courses individuelles près de la moitié de nos athlètes sont entrés en finale. C’est solide, mais en même temps presque logique…
Comment ça ?
Cela fait un moment que nous avons ciblé de jeunes nageurs et que nous les accompagnons dans leur démarche de performance. Nous savions qu’ils finiraient par s’illustrer d’une manière ou d’une autre. Quand ? C’est toujours difficile à prédire, mais ce n’était qu’une question de temps. Là, ce qu’il faut retenir, c’est qu’ils ont « explosé » au même moment (Léon Marchand, Maxime Grousset, Analia Pigrée), contribuant ainsi à créer de l’émulation et une dynamique extrêmement stimulante pour l’ensemble du groupe. N’allons cependant pas trop vite en besogne. Plusieurs nageurs étrangers potentiellement médaillables n’étaient pas présents en Hongrie. Certains ont, par exemple, préféré se concentrer sur les Jeux du Commonwealth (Birmingham, 28 juillet-8 août).
(KMSP/Stéphane Kempinaire)
De quelle manière les performances de Léon Marchand (champion du monde des 200 et 400 m 4 nages et vice-champion du monde du 200 m papillon, ndlr) ont-elles impacté les résultats de l’équipe de France à Budapest ?
Il est certain que sa victoire sur 400 m 4 nages le premier jour des championnats du monde (samedi 18 juin) a impulsé quelque chose… Une énergie, un état d’esprit. L’année dernière, il avait déjà franchi un cap énorme en prenant la sixième place de la distance aux Jeux olympiques de Tokyo, mais cette année, il a encore repoussé ses limites. Cela montre aussi aux nageurs tricolore qu’en étant sérieux, concentré et qu’en travaillant dur à l’entraînement, il est possible de progresser et de bousculer la hiérarchie mondiale.
Avec de tels résultats, le risque n’est-il pas de céder à l’euphorie ?
Comme je l’ai dit précédemment, la chance nous a souri tout au long de cette semaine hongroise. Reste que pour l’heure, nous ne sommes arrivés nulle part. Je vous rassure donc, il n’y a aucune euphorie au sein de l’équipe de France. Tous les membres du staff savent pertinemment que le haut niveau se joue sur des détails. L’année prochaine ou dans deux ans, ces médailles peuvent devenir des quatrièmes places. A nous de nous remettre au travail pour pérenniser ces résultats.
Denis Auguin et Julien Issoulié (KMSP/Stéphane Kempinaire).
Dans la perspective des Jeux olympiques de Paris, cette première « pierre » hongroise n’en demeure pas moins prometteuse.
Oui, c’est une certitude ! Je pense d’ailleurs au relais 4x100 m 4 nages masculin. Ses membres sont jeunes. D’ici deux ans, ils auront accumulé de l’expérience et du vécu. Autant dire que cela pourrait être très intéressant (sourire)… Dans cette perspective, je pense que nous allons renouveler et intensifier les stages de l’équipe de France, à l’instar de ce qui a été fait à Canet-en-Roussillon, début juin, afin de consolider l’esprit de groupe et le projet commun.
Que retenez-vous de la présence de Bob Bowman et de Jacco Verhaeren, le Directeur des équipes France, sur cette compétition mondiale ? Avez-vous découvert des choses, notamment en termes de protocole de récupération ?
Nous n’avons rien découvert. Nos coaches sont très compétents. Ils ont une grande expérience des rendez-vous internationaux. En revanche, là où Bob est vraiment fort, c’est sur la gestion de l’enchaînement des courses. On a tout de suite senti qu’il était très précis dans ce qu’il faisait, conscient de tous les détails à ne pas négliger. Sur ce point, oui, ce fut très enrichissant pour tous les techniciens français.
Jacco Verhaeren, Denis Auguin, Olivier Nicolas et Julien Issoulié (KMSP/Stéphane Kempinaire).
Sommes-nous à l’aube d’une nouvelle génération dorée de la natation française ?
L’avenir nous le dira, mais ce qu’il y a de sûr, c’est que des nageurs comme Léon Marchand (20 ans), Maxime Grousset (22 ans), Yohann Ndoye Brouard (21 ans) ou Analia Pigrée (20 ans) sont très jeunes et très talentueux. Plus important encore, ils ont envie de nager, de progresser et de se confronter à ce qui se fait de mieux sur la scène mondiale. Leur fraîcheur est un moteur pour les deux prochaines années et même après. Notre rôle, ce sera de l’entretenir et de les challenger. Mais soyez sûr qu’ils sont incroyablement déterminés !
A Budapest, Adrien Cadot