Skieur du dimanche ou professionnel, qui n’a pas connu de rupture des ligaments du genou, de mal de dos ou de grosse entorse après un accident de ski ? Et dans le cadre de la rééducation, les progrès de la technologie et des méthodes aquatiques se sont énormément améliorés pour une guérison plus rapide. Qu’on soit nageur ou non, à la montagne aussi, l’eau a des vertus apaisantes et bienfaisantes.
Cette sensation de genou qui se dérobe, qui se retourne et sort de son axe. Sur le moment, la sensation que quelque chose de grave s’est produit, et la souffrance après coup, comme une lame qui vous découpe le corps de l’intérieur. L’effroi, puis le besoin de se projeter sur la suite, après opération ou sur la base d’une rééducation du membre meurtri, chez le kinésithérapeute. Du grand classique où les bienfaits de l’eau jouent désormais un rôle fondamental. « A propos des entorses du genou, ligamentaires, pour la récupération et la rééducation, la piscine offre un avantage, dans la seconde partie de la rééducation », analyse Jean-Christophe Pham Van, masseur-kiné et ostéopathe en région parisienne avant d’enchaîner : « La balnéothérapie est très bénéfique. Le corps est en décharge et souffre moins de la contrainte en dur. La mobilisation des articulations est plus facile dans l’eau, sans le poids du corps et grâce à l’eau chaude, il est plus facile de bouger une articulation quand la musculature est relâchée. Après, tout dépend des blessures. Si elles sont musculaires (contracture), l’eau chaude et le relâchement offrent une meilleure récupération. La chaleur détend les muscles. En revanche, si les lésions sont plus importantes, par exemple pour une déchirure, l’eau n’a que peu d’intérêt. Eventuellement de la glace appliquée sur la lésion, mais sans être immergé dans l’eau ».
(Photo : Dan Root)
Qu’en est-il des traitements ? Sont-ils les mêmes pour un sportif de haut niveau ou pour un sportif lambda ? Jean-Christophe Pham Van de poursuivre : « Ce qui va changer, c’est le temps de récupération entre eux et nous : des soins à raison de plusieurs heures par jour pour un champion et deux fois par semaine pour vous et moi. Leur musculature est surentraînée et les sportifs professionnels sont habitués à souffrir. Grâce à un environnement médical poussé, les raisons sont multiples pour expliquer le fait qu’ils récupèrent plus rapidement ». Tout au long de leur carrière, les sportifs de haut niveau se font de nombreuses microlésions musculaires. A ce titre, les process ont donc évolué. Avant, il était recommandé de s’étirer avant l’effort et beaucoup après l’effort. Maintenant, il est conseillé de s’étirer le lendemain, sous peine de recréer des lésions. Le froid sert alors de préventif. Les rugbymen passent après un match une à deux minutes dans des chambres froides. Des équipes cyclistes du Tour de France ont, elles aussi, dans leur car des salles de cryothérapie avec pour chaque coureur un passage obligé de trois minutes (entre -120° et -130°C toujours dans un but de prévention).
(Photo : Aquamotion de Courchevel)
Que l’on soit nageur ou footballeur, la lésion sera traitée de la même façon. La différence viendra du suivi avec le kiné sur la table. La thérapie s’adaptera toujours au geste du sportif. Pour un lanceur de javelot, la rééducation ne sera pas la même que pour un nageur de papillon. Chez les sportifs ou skieurs du dimanche, l’eau a aussi son intérêt après une journée d’effort sur les pistes ou en cas de blessure au point que de nombreuses stations mettent désormais l’accent sur leur piscine et espace bien-être. A Courchevel 1650 a été ainsi créé l’espace Aquamotion dans le cadre d’une offre complémentaire à apporter. « Il y a une proportion de plus en plus importante de personnes qui ne skient pas. Le vacancier recherche désormais une offre diversifiée », observe Luc Bonnefond, directeur du centre aquatique. « Les bienfaits de l’eau ne sont plus à démontrer en termes de relaxation ou de récupération musculaire. Ils dilatent les pores de la peau. L’été dernier, on a d’ailleurs reçu les rugbymen du Racing 92. L’idée était de réparer leurs traumatismes. Mais pour le skieur du dimanche, c’est aussi valable dans le cadre d’entorses. Les effets massant des jacuzzi et bains bouillonnants sont très appréciés quand le traumatisme est musculaire ».
(Photo : Aquamotion de Courchevel)
Un peu plus bas dans la vallée, à Valmorel (1 400 mètres d’altitude), bien plus impacté par le réchauffement climatique et le manque de neige, l’importance d’espaces aquatiques est devenue capitale. Au Club Med situé en haut de la station, au bois de la Croix, on l’a bien compris. Composé d’une piscine de 20 mètres intérieure et d’une piscine extérieure, le chef de village en détaille l’utilité : « A la montagne, la piscine est indispensable pour deux raisons. On dépend des conditions climatiques. Alors en ce début d’hiver, on a de la chance avec beaucoup de neige, mais parfois, il faut occuper les clients avec en plus-value un centre thermal. A Valmorel, on a un village qui accueille énormément de familles avec des enfants en bas âge qui aiment passer du temps à la piscine. Pour les sportifs, après une bonne journée sur les pistes, on assiste à une grosse fréquentation de la piscine en fin d’après-midi pour la récupération », précise Alexandre Blanchard, auparavant chef du village de Val d’Isère où il assistait également à une très grande fréquentation de son espace piscine et bien-être (plus de 50% des vacanciers). Avant de conclure sur une anecdote plutôt inattendue : « On a dans notre village une clientèle de plus en plus internationale : des voyageurs qui viennent d’Israël, d’Afrique du Sud et surtout du Brésil. Près de 90% des skieurs brésiliens passent par le Club Med et s’ils comparent la piscine de Valmorel avec les plages d’Ipanema et de Rio ? Ah non, jamais (rires)… ».
Antoine Grynbaum