Depuis le début de la semaine, Marc-Antoine Olivier, David Aubry et Damien Joly, ont retrouvé le chemin des bassins avec Philippe Lucas et leurs coéquipiers d’entraînements. Installés à Port-Grimaud pour cette reprise, les trois nageurs tricolores sont satisfaits des conditions même si la fatigue est au rendez-vous et que les sensations dans l’eau ne sont pas encore celles du mois de mars.
« Des conditions optimales »
Après neuf semaines d’arrêt, la plupart des nageurs tricolores ont enfin retrouvé l’odeur chlorée des bassins d’entraînements. Ils ont de nouveau immergé leurs corps dans cet élément qui leur a tant manqué pendant la période de confinement instaurée en France. « On peut de nouveau nager et c’est l’essentiel » confirme Damien Joly. « Pour une reprise, on est vraiment dans de bonnes conditions. Tout a été bien organisé par Philippe (Lucas), Stéphane (Lecat) et Olivier (Nicolas) et de notre côté, nous avons juste à nager pour tenter de retrouver notre niveau. » En effet, tout a été pensé et organisé dans le respect des gestes barrières et des conditions sanitaires. Un chemin pour entrer dans la piscine, un autre pour en sortir, du gel hydroalcoolique avant de rejoindre le bassin, l’obligation de tremper son filet dans le chlore à la fin de la séance, un bungalow par nageur et des repas chacun de son côté. Des conditions strictes mais pas contraignantes à en croire les nageurs. « On ne se prend vraiment pas la tête et on se concentre sur la natation. Ce sont des conditions optimales » avoue David Aubry. « Le vice-champion du monde du 10 km Marc-Antoine Olivier partage cet avis. « Ce n’est pas plus mal qu’on reprenne de cette manière. »
Damien Joly (Photo: KMSP/Stéphane Kempinaire)
« J’ai l’impression d’être un robot »
Ça c’est pour le côté positif. Mais forcément, un tel arrêt d’activité ne peut être sans conséquences pour des athlètes de haut niveau. « C’est un peu difficile au niveau des sensations » reconnaît Marc-Antoine Olivier. « Musculairement, c’est dur. Même si tu fais de la muscu ou de la prépa physique, ça ne prépare pas le corps de la même manière et ce ne sont pas les mêmes sensations que dans l’eau. Je souffre surtout au niveau des épaules. » Pour Damien Joly, c’est « un peu la cata dans l’eau. Physiquement, j’ai mal aux dorsaux et au niveau des sensations, j’ai l’impression d’être un robot, d’avancer de façon mécanique. Je n’arrive pas à me sentir aussi bien qu’avant et je pense qu’il va falloir au moins un mois avant de retrouver une nage correcte et du plaisir à glisser dans l’eau. » David Aubry, est également en difficultés même s’il pensait que « ce serait pire ». « J’ai surtout perdu au niveau de la puissance et des épaules et également au niveau foncier. Il me manque de la force et du coup j’ai tendance à m’enfoncer dans l’eau. Au niveau foncier, je savais que j’allais perdre puisque dès qu’on s’arrête même une semaine ça n’est pas anodin. Il va falloir quelques mois pour que tout ça revienne mais ce qui est bien c’est qu’on peut y aller progressivement parce qu’on a du temps. »
David Aubry (Photo: KMSP/Stéphane Kempinaire)
« Performants l’année prochaine »
Du temps, effectivement ils en ont. Pas de compétitions en ligne de mire avant la fin de l’année 2020 et les Jeux olympiques qui se tiendront fin juillet-début août 2021. Pour autant, Philippe Lucas n’a pas attendu pour programmer deux séances par jour avec deux musculations et une course à pied. « On a effectivement repris assez fort avec onze séances par semaines plus deux muscu et une course à pied » explique Marc-Antoine Olivier. « Ce matin (19 mai 2020), on a fait 4,9 km et dans deux semaines, je pense qu’on sera à notre kilométrage habituel. Je pense que Philippe a peur qu’on ait pris trop de retard et il veut qu’on le rattrape rapidement pour ne pas être à la rue quand les compétitions reprendront. » Et même si cela n’est pas facile, « tout le monde est dans la même situation » relativise Damien Joly. « On a du temps avant les JO, il n’y a rien qui presse et il faut prendre son mal en patience. Par rapport à nos séances habituelles, ce n’est pas si difficile, mais après neuf semaines d’arrêt, ça pèse forcément. Il faut qu’on se remette dans le rythme progressivement. » C’est également l’avis de David Aubry. « On repart de zéro mais je ne me fais pas trop de soucis. On a le temps d’ici les JO. J’essaie de voir ça comme une chance de progresser encore davantage. D’autant que Philippe est passionné et avait hâte de reprendre. La natation c’est toute sa vie et c’est également notre cas. Je lui fais entièrement confiance parce que son objectif est qu’on soit tous performants l’année prochaine. »
Marc-Antoine Olivier (Photo: KMSP/Stéphane Kempinaire)
Jonathan Cohen