Neuvième du 10 km des championnats d’Europe de Budapest, Lara Grangeon, qualifiée depuis les Mondiaux de Yeosu (2019) sur la distance olympique, espérait mieux. Le podium sinon rien. Après des mois de doutes et d’instabilité, la Calédonienne de 29 ans a trouvé un équilibre, une nouvelle manière de s’entraîner et l’ambition affirmée de se joindre à la lutte pour le podium olympique. Reste qu’en Hongrie, et après une convaincante quatrième place sur 5 km (mercredi 12 mai), la nageuse de Philippe Lucas n’a pu livrer sa pleine mesure. La faute à un point de côté dont elle ignore, pour l’heure, l’origine.
Que t’inspires ce résultat ?
Bizarrement, je ne suis pas du tout satisfaite de ma course alors que je me suis pourtant trouvée très actrice. J’ai toujours été bien positionnée dans le peloton. J’étais à l’affût, je me sentais bien, sans trop de fréquence, très lucide. Quand la course a accéléré, j’étais dans les pieds de Sharon (van Rouwendaal), donc idéalement placée. J’ai même commencé à penser à l’arrivée en me disant qu’il fallait que je reste derrière elle et que j’en garde sous le pied…
Mais alors qu’est-ce qu’il s’est passé ?
Eh bien, d’un coup, j’ai eu un point de côté. Je n’arrivais plus à respirer normalement. Du coup, Sharon m’a progressivement distancée. Je n’arrivais tout simplement pas à la suivre. Hier, à l’arrivée du 5 km (dont elle a pris la quatrième place, ndlr), j’ai également eu cette impression dans la dernière ligne droite. Je ne veux pas me chercher d’excuses, mais voilà, deux points de côté en deux courses, ce n’est pas normal. D’ordinaire, cela ne m’arrive jamais.
(Photo : Deepbluemedia)
On te sent frustrée.
Oui parce que le podium était à portée. J’y croyais. Tout au long de la course, je me sentais bien et j’étais bien placée. Quand Sharon a accéléré, je me suis dit qu’elle faisait le boulot et que je n’avais qu’à la suivre. Du coup, oui, je suis frustrée parce que je n’arrive pas à aller au bout.
Malgré tout, il y a aussi des points de satisfaction puisqu’on constate que tactiquement, physiquement et mentalement, tu rivalises avec les cadors de la scène européenne.
Oui, bien sûr, mais aujourd’hui, c’est une course qui pouvait me sourire.
Est-ce que le 5 km d’hier (mercredi 12 mai) a laissé des traces sur ton organisme ?
Non, pas du tout ! Je me sentais forte. Peut-être que le rythme était tout simplement trop élevé pour moi ou alors ce point de côté est lié à un problème de combinaison. Je ne sais pas.
(Photo : Deepbluemedia)
Le changement de météo entre le 5 km (soleil, eau calme) et le 10 km d’aujourd’hui (pluie, vent, bassin un peu plus agité) t’a-t-il perturbé ?
Non, les deux me vont très bien. J’ai nagé à la coupe du monde aux Seychelles dans une eau translucide, mais aussi à Yeosu (Corée du Sud, 2019) dans une tempête. Les conditions climatiques ne m’ont jamais dérangée. Aujourd’hui, je fais neuvième, mais ça n’a rien à voir avec la météo. Et puis, l’eau libre, c’est aussi ça. Il faut savoir s’adapter.
Il est sans doute un peu tôt pour faire le bilan de tes championnats d’Europe, mais si on se projette un instant sur les Jeux de Tokyo, as-tu le sentiment de disposer des atouts pour viser le podium ?
Oui, je me sens forte ! Ce matin, quand je prends le départ du 10 km, j’ai le pantalon de l’équipe de France dans mon sac à dos. C’est un signe. Ça veut dire que j’y crois. Il y a quelques semaines, sans doute que je ne l’aurais pas pris, mais là, je me sens en confiance.
A Budapest, Adrien Cadot