La vie de Laura Augé, 25 ans, est en pleine métamorphose. Ancienne nageuse artistique, membre de l’équipe de France pendant presque dix ans, et finaliste aux Jeux Olympique de Rio, l’Aixoise change de cap. À l’issue de sa dernière compétition internationale, cet été, à Budapest (14-30 juillet 2017), elle a accompagné l’équipe de France junior féminine de water-polo en tant que kinésithérapeute à l’occasion des championnats d’Europe qui se sont tenus à Novi Sad (Serbie, au mois d’août). Une reconversion naturelle et réussie qui s’accompagne de nouveaux projets dont elle se réjouit d’avance. Elle nous raconte.
Tu as participé cet été à la dernière compétition internationale de ta carrière (les championnats du monde de Budapest). Comment les as-tu vécu ?
Cela a été très spéciale pour moi, à l’image de mon année. Je me suis très peu entrainée toute cette saison et j’ai rejoint l’équipe seulement un mois avant les championnats du monde. C’était une super aventure. J’ai pu partager mon expérience avec les jeunes nageuses et découvrir cette nouvelle génération qui est, pour moi, très talentueuse. J’ai reçu beaucoup d’énergie positive et j’espère également en avoir donné en partageant mon vécu. J’espère qu’elles auront grandi un peu grâce à cela. A Budapest, j’ai pu nager une dernière fois pour l’équipe de France avec mes parents dans les gradins. J’étais vraiment très émue. C’était une des meilleures façons de clôturer ma carrière. Après les jeux, ma carrière de très haut niveau était finie, mais je voulais vraiment passer le flambeau comme il se doit. C’était une évidence pour moi et je suis très heureuse de l’avoir fait.
Comptes-tu garder contact avec la natation artistique ? Une pratique en club peut-être ?
Je n’ai vraiment pas l’intention de couper les ponts, ça, c’est sûr. Je souhaite et espère vraiment garder contact avec la Fédération Française de Natation en tant que kinésithérapeute. Pour l’instant, il n’est pas prévu que je parte avec la natation artistique car je connais trop cette équipe, mais partir avec une autre discipline de la fédération, je dis oui ! Je me dis aussi pourquoi ne pas programmer des interventions auprès des plus jeunes… Je ne sais pas, en tout cas j’ai envie de rester présente dans la fédération et d’encourager tous les projets autour de mon sport. En tant que nageuse, c’est terminé, j’ai rangé les pince-nez, mais je compte rester autour des bassins pour partager au maximum ce que j’ai vécu durant toutes ces années de haut niveau.
L'équipe de France pendant l'épreuve du combiné aux Mondiaux de Budapest (14-30 juillet 2017). Photo: KMSP/Stéphane Kempinaire
Tu as obtenu ton diplôme de kinésithérapeute en juin dernier. Ce qui t’a permis de suivre l’équipe de France féminine junior de water-polo pendant sa préparation à Vittel puis aux championnats d’Europe à Novi Sad (Serbie). Comment as-tu vécu cette expérience ?
C’était génial ! Honnêtement, je ne m’attendais pas à ce que ça me plaise autant. Je suis partie à Vittel du 2 au 18 août, mais j’étais la seule kiné pour trois équipes. Il y avait les jeunes en préparation pour l’Euro féminin et les équipes masculines et féminines qui s’entraînaient pour les Universiades à Taipei. C’était très difficile physiquement au début, je travaillais beaucoup, j’avais pleins de courbatures. Mais j’ai pu travailler avec tous les types de patients ce qui m’a permis d’énormément progresser professionnellement et techniquement. J’ai également pu découvrir le monde du water-polo que je trouve très diffèrent de celui de la natation artistique. Au polo, la hiérarchie est hyper importante, le capitaine et les plus anciens sont énormément respectés. L’ambiance est aussi différente, elle s’apparente plus à celle d’une équipe de hand ou de basket. Nous sommes partis à Novi Sad (Serbie) le 18 août et la compétition était incroyable. Tout était nouveau ; être sur les bancs avec les entraîneurs, et être à fond dans le match. J’ai même pu comprendre les règles du polo. Enfin !
De ton expérience olympique et de nageuse artistique de haut niveau pendant de nombreuses années, qu’as-tu essayé de transmettre à cette jeune équipe de waterpolo ?
Mon passé d’athlète m’a énormément aidée à comprendre mes patients, surtout les filles, par rapport aux blessures, par exemple. Je les rassurais du mieux que je pouvais. Cela a également été bénéfique dans mes différentes prises de décisions. J’avais l’impression de les connaître et d’avoir une certaine légitimité pour les conseiller au mieux. J’ai aussi essayé d’expliquer aux plus jeunes ma vision du sport de haut niveau et de l’hygiène de vie qu’il fallait adopter.
Laura Augé et Margaux Chrétien en duo à l'occasion des Jeux Olympiques de Rio 2016. Photo: KMSP/Stéphane Kempinaire
Quel est ton programme pour les mois à venir ?
Je reste disponible pour la FFN s’ils veulent m’appeler. Mais sinon je pars le 18 septembre avec mon sac à dos pour une durée indéterminée en Amérique du Sud. J’ai à cœur de m’ouvrir au monde et de découvrir d’autres horizons car c’est compliqué de sortir de notre bulle de sportif de haut niveau. J’ai toujours été concentrée sur ma discipline, mais je me suis toujours dit que ça serait une belle manière de commencer mon après carrière. Et puis il y aura la promotion du film Immergées qui sort la deuxième semaine des vacances de la Toussaint. Comme ce film parle de notre aventure olympique avec Margaux Chrétien nous irons, avec le réalisateur Thomas Symonds, réaliser une tournée en France pour les avant-premières. J’ai trop hâte de le voir.
Et après l’Amérique du Sud et la tournée, quels sont tes projets, tes envies ?
Mon avenir est assez flou à vrai dire. Je n’en sais rien, je me laisse le temps. Je compte sur ce voyage pour rentrer avec les idées claires. En tout cas, ce qui est sûr c’est que je veux travailler avec des équipes sportives, même nationales si possible. Pour l’instant je me vois bien faire des remplacements avant de réellement poser mes valises. Je me laisse du temps car c’est difficile de couper avec le sport comme ça et de savoir tout de suite ce qu’on veut. J’ai la chance de pratiquer un métier où tout m’est ouvert donc je compte en profiter et essayer de trouver ce qui me correspond le mieux.
Photo: KMSP/Stéphane Kempinaire
Le projet de Paris 2024 est sur le point d’être officialisé, où et comment t’imagines-tu pendant cet évènement ?
Clairement, je m’imagine avec une équipe, si elle est de natation ça serait génial mais en tout cas kiné pendant Paris 2024, c’est un rêve !
Qu’est-ce qu’on peut te souhaiter ?
Franchement… Je ne sais pas. D’être heureuse ?
Recueilli par Solène Lusseau