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C’est à Thouars (Deux-Sèvres), à l’occasion de l’inauguration de  la piscine inter communale du Thouet, qu’on a retrouvé Laura Augé et Margaux Chrétien. Quelques semaines après les Jeux, au tournant d’une nouvelle vie…

Vous avez participé à de nombreuses compétitions internationales, mais qu’est-ce qui est différent aux Jeux ?

Laura : L’arrivée au village olympique. Le premier jour, j’avais l’impression d’être dans un décor de film et d’avoir des caméras à  la place des yeux. Je me suis dit : "C’est pas possible que je sois là !"

Margaux : Pour moi, c’est plus l’ambiance qu’une image. Tu sens tout de suite que tout le monde est là pour faire la compétition de sa vie, que tu n’auras pas une deuxième chance. Que c’est maintenant ou jamais !

Et votre « perf », vous en pensez-quoi ?

Laura et Margaux (ensemble) : C’est comme si on avait gagné une médaille !

Laura : On savait que ce serait très serré pour les places de 8 à 12 et on voulait finir première de ce « groupe ».

Margaux : On a atteint notre objectif. On ne pouvait pas faire mieux !

Au-delà du résultat, cette participation est aussi l’accomplissement d’une complicité qui ne date pas d’hier ?

Margaux : Bien sûr. On se connaît depuis qu’on a 11-12 ans, à l’occasion d’un stage « éval jeunes » à Arcachon. On a fait notre premier duo ensemble en 2007 et ça fait quatre ans qu’on nage en duo en seniors

Laura : On n’aurait pas pu vivre ça l’une sans l’autre. Rien, ni personne ne pourra nous enlever ce qu’on a vécu ensemble. Vivre des moments comme ça, ça vous fait oublier tout le reste, tous les sacrifices qu’on a  pu faire pour arriver là, tous les moments difficiles…

A ce sujet, avez-vous eu des moments où vous êtes dit « je vais laisser tomber » ?

Laura : Oui. En septembre 2014, après une année où on n’avait une qu’une semaine de vacances, où était en pleine concurrence pour le duo olympique. J’ai fait un zona et ça m’a bousillé le moral !

Margaux : Moi, c’était en 2013, après les mondiaux de Barcelone où on avait terminé 10ème en duo. J’étais déçu du résultat… J’ai fait le bilan de toutes ces années consacrées à la synchro et je me suis interrogée sur la suite…

Les Jeux, c’est aussi l’occasion de rencontrer d’autres sportifs. Une rencontre vous a marqué en particulier ?

Laura : J’ai discuté pas mal de temps avec Tony Parker lors de la cérémonie d’ouverture. Il est gentil et d’une simplicité étonnante pour un aussi grand champion…

Margaux : J’ai fait une photo avec Katinka Hosszu. Je l’ai envoyée à mon parrain qui est marié à une Hongroise et vit à Budapest.

Votre épreuve terminée, vous avez pensé à quoi ? A qui ?

Laura : A ceux qui ont rendu ça possible. J’ai beaucoup de gratitude envers eux. A mon retour, j’ai d’ailleurs organisé une grande fête chez mes parents avec toutes les personnes qui ont compté dans ma carrière. Margaux, évidemment ; des anciennes nageuses d’Aix-en-Provence, mon club ; la « prof » de danse et le CPE du Creps d’Aix ; le maire de mon village, Velaux ; Julie, notre entraîneur ; Jean-Luc, le « prof » d’accro de l’INSEP… J’ai fait un grand discours pour les remercier de ces 17 années que je venais de vivre. C’était très très important pour moi de faire ça !

Margaux : Je sais ce que mes parents ont fait pour que je puisse vivre ces trois jours. Ils étaient à Rio, avec mon frère, ma sœur et mon petit ami. La première journée  de ma « nouvelle vie », je l’ai passée avec eux. On est allé au Corcovado, au restaurant sur Ipanema…

On dit souvent que l’« atterrissage » (l’après-Jeux) est difficile. Qu’on se sent déconnecté…

Margaux : C’est vrai. On se rend vite compte qu’on débarque dans une autre vie. Pour moi, c’était il y a quelques jours quand j’ai commencé à entrainer à Marseille. A la fin d’un entraînement, il y a un père qui m’a demandé si j’avais fait de la compétition avant… (rires)

Laura : Moi, c’est la première fois où je suis retournée en cours. Autour de moi, tout le monde parlait « boulot ». Moi j’étais à des kilomètres de tout ça !

Et maintenant, la suite ? Synchro encore ou pas ?

Laura : Le haut niveau, tel qu’on l’a connu ces dernières années, c’est en tout cas fini pour moi. Mais je suis en dernière année de kiné sur Paris alors je ne sais pas trop, mais je pense que je vais continuer « un peu ». Dans le combiné peut-être. Avec, c’est sûr, moins d’entraînement. Après, une fois mon diplôme en poche, pourquoi pas être kiné de l’équipe de France (sourire)…

Margaux : Moi, je pense que je vais rester dans la synchro. J’ai envie de rendre ce que ce sport m’a donné. Mais la compétition, c’est fini. Je vais nager avec les « Aqualillies », une troupe de synchro qui fait des galas à travers le monde.  Pour « rester dans l’eau » et continuer à faire des voyages. J’ai aussi commencé à entraîner au club des «  Dolphins » à Marseille. Je vais passer mon DES JEPS en haut-niveau et m’inscrire au « professorat de sport ». Je vais certainement me spécialiser dans la chorégraphie ou la préparation mentale…

Est-ce qu’on va malgré tout vous revoir encore ensemble ? Pour des galas, par exemple ?

Laura : Oui, je pense et j’espère ! C’est super cool de se retrouver.

Margaux : Tant que je suis physiquement dans cet état-là, je pense, oui (rires)...

Propos recueillis par Jean-Pierre Chafes

 

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