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Le 14 octobre dernier, à l'occasion d'une journée presse organisée au Shangri-La, un palace parisien situé dans le très chic seizième arrondissement, nous avons rencontré Gilles Lellouche, le réalisateur du film "Le Grand Bain" qui sort sur les écrans le 24 octobre. L'occasion d'échanger sur la natation artistique, les entraînements des acteurs ou encore son rapport à l'eau. 

Comment avez-vous découvert la natation artistique ?

Je pense que j’ai découvert la natation artistique à travers les films américains avec Esther Williams dans les années 50. Ça a toujours bercé l’imaginaire collectif et nous avons tous eu affaire à ce genre de films. Et puis ensuite, plus sérieusement quand il a été question de trouver un sport un peu marginal et original pour mes personnages, je suis tombé sur un documentaire suédois, Men who swim, qui racontait l’histoire d’une équipe de natation artistique masculine. J’ai trouvé ça très original et ça m’a donné le déclic. 

Vous parlez d’un sport marginal et original. Il est d’ailleurs souvent considéré davantage comme un spectacle. Vous attendiez-vous à autant de rigueur lors des entraînements ?

Je m’attendais forcément à ce qu’il y ait de la rigueur lors des entraînements. Pour avoir pratiqué un peu le water-polo et avoir failli me noyer au moins seize fois, je savais que cette discipline impliquait une grande technique et un grand entraînement. Cependant, j’ai découvert à travers Julie Fabre et toute son équipe de nageuses incroyables et à travers l’INSEP qui nous a ouvert grand ses portes, quelque chose qui est extrêmement touchant. Lorsqu’on voit des filles de 17, 18 ou 19 ans s’entraîner cinq à six heures par jour et qui ont très peu de sponsors et qui doivent donc se débrouiller pour subvenir à leurs besoins, je trouve que nous sommes au-delà de la passion. Nous sommes dans quelque chose qui me dépasse complétement. Je trouve ça d’une beauté et d’un sacrifice incroyable. Mais de toute façon, le sport à haut niveau me bouleverse. Et c’est également le cas du sport amateur, qui est le sujet de mon film. 

Vous avez pratiqué le water-polo ?

Non, j’ai tenté le water-polo, ce qui n’est pas pareil (rires). 

Quel est votre rapport à l’eau ?

J’ai commencé à me rendre dans les bassins avec l’école. Et puis, j’aime le rapport à l’eau et le contact avec l’eau. J’essaie tant bien que mal de faire du surf depuis vingt ans. Bon, c’est une catastrophe, mais je persévère malgré tout. Je pense qu’il n’y a pas grand monde qui n’a pas de rapport particulier à l’eau. C’est un des endroits où l’on se sent le mieux. Enfin, je crois. 

Gilles Lellouche et Benoit Poelvoorde lors du tournage du film "Le Grand Bain". (Photo: Mika Cotellon © (2018) TRESOR FILMS – CHI-FOU-MI PRODUCTIONS - COOL INDUSTRIE – STUDIOCANAL - TF1 FILMS PRODUCTION - ARTEMIS PRODUCTIONS)

Vos acteurs, ont-il été sensibles à cette rigueur à l’entraînement et se sont-ils rapidement mis au diapason ?

Ils ont été entrainés par Julie Fabre et ont très vite compris ce qu’on attendait d’eux. Pour le premier test, elle leur a demandé de nager uniquement avec les jambes et ils ont très vite senti la complexité de cette discipline et ont pris très au sérieux l’entraînement. Ils ont été bien plus sérieux que je ne l’aurais imaginé. Je m’attendais à un joyeux bordel, avec certains qui sècheraient les cours, quelques tire-au-flanc. Mais ils ont très vite compris la rigueur que cela exigeait. Mais c’est aussi parce que nous sommes obligés, à ce moment-là de respecter les gens qui travaillent avec nous. Il est impossible de ne pas respecter cette coach qui travaille comme une dingue tous les jours, ces nageuses qui ont aidé les acteurs en leur donnant de nombreux conseils. On est obligé d’être au taquet. C’était la moindre des choses de se donner à fond. 

Quel a été leur rythme d’entraînement ?

Ils se sont entraînés deux fois quatre heures par semaine pendant quatre mois. 

Était-ce inhibant pour eux de se présenter en maillot de bain devant la caméra ?

C’était désinhibant au contraire. Ils ont appris à se connaître dans les bassins, ensuite dans les vestiaires, comme dans le film. Le fait de se retrouver en maillot de bain a brisé pas mal de code et enlevé toute part d’égo. Il n’y a pas de possibilité de se la raconter quand on est en moule-bite (sourire). C’est quelque chose qui met tout le monde à niveau et ça m’a été profitable pour le tournage. On en n’a jamais vraiment parlé mais eux-mêmes ont vite oublié qu’ils étaient en maillot de bain dans des positions pas toujours très glorieuses ou avantageuses. 

Dans le film, il y a beaucoup de scènes de vestiaires qui sont souvent l’occasion pour les personnages de vider leur sac. Est-ce tiré de votre expérience personnelle ?

Non, c’est quelque chose que j’ai inventé. Je pensais au sport amateur et je me disais que les gens qui pratiquent le foot, le rugby ou je ne sais quoi, partent de chez eux un lundi au mois de janvier. Il fait -20°C dehors, il fait nuit. Ils vont jouer sur un terrain et il y a forcément autre chose que le sport. Ça dépasse l’idée du sport. On va à la rencontre des autres. Et à ce moment-là, il n’y a pas de religions, pas de classes sociales, pas de hiérarchie et j’imagine que dans les vestiaires il y a des échanges parce qu’il y a un but commun. Ils vont parler de ce but commun et puis j’imagine qu’ensuite ça dévie sur ce qu’on vit et ce qu’on est. J’ai crée ça pour le film en pensant aux vertus du sport amateur. 

Recueilli par Jonathan Cohen

Gagnez vos places pour le film "Le Grand Bain" sur la page Facebook de la Fédération Française de Natation en cliquant sur l'affiche.

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