Après ses deux titres de championne du monde décrochés l’été dernier à Budapest (10 km et relais 4x1250 m), Aurélie Muller a décidé de se consacrer à ces études en cette année de championnats d’Europe. Une parenthèse nécessaire à deux ans des Jeux Olympiques de Tokyo. Un entretien que vous pouvez retrouver en deux parties sur notre site internet. Première partie aujourd'hui, consacrée à son double projet.
Comment t’organises-tu cette année, entre tes études et la natation ?
J’ai pris le rythme désormais, mais il m’a fallu trois ou quatre mois pour m’adapter. Ce qui m’embête, c’est que j’aime m’investir à 100% et malheureusement, aujourd’hui cet investissement est partagé entre mes études et la natation.
Est-ce compliqué de mener un double projet ?
Ça ne devrait pas être si compliqué. Il faudrait simplement prendre en compte nos projets et s’y adapter. Mais souvent, nous avons des interlocuteurs en face de nous qui ne connaissent pas le sport de haut niveau et n’ont pas idée de l’investissement que ça demande. Quand je vais à l’école, je suis une personne comme une autre et non plus Aurélie Muller, la triple championne du monde d’eau libre. Au début, je ne parlais de toute façon pas tellement de mon parcours de sportive de haut niveau, mais ensuite, ils ont vu des reportages, notamment celui d’Intérieur Sport et ils ont été assez impressionnés.
En 2017, justement, tu as tenté trois défis incroyables (le marathon de Santa Fé, le retour sur le 10km à Abu Dhabi et la tentative de record de France du 1500 m nage libre) et en 2018 tu te consacres à tes études. Ce sont deux années bien différentes.
Effectivement, c’est vraiment très différent. Je dois rester concentrée sur mes objectifs sportifs malgré tout et ne pas me mentir tout en redécouvrant le système scolaire. Au début, mon corps ne comprenait pas. Je restais assise toute la journée et j’avais une sollicitation plus intellectuelle. 2017 et 2018 ont été très différentes mais ça me va bien. Je sais que je n’aurais jamais tenu trois ans au même rythme d’entraînement.
Aurélie Muller sur la plus haute marche du podium du 10 km aux Mondiaux de Budapest l'été dernier. (Photo: KMSP/Stéphane Kempinaire)
Pourquoi avoir décidé de te concentrer sur tes études cette année ?
Après Rio, j’ai réattaqué très fort pour pouvoir être performante à Budapest même si j’ai beaucoup fonctionné sur mes acquis des entraînements de l’année olympique. Cette année, il n’y a « que » les championnats d’Europe et dans mon plan pour aller jusqu’à Tokyo, c’était le meilleur moment pour couper un peu.
Est-ce ta dernière année ?
Non, le BTS diététique est sur deux ans. Et si j’ai pu faire la première année, je ne vais pas pouvoir effectuer ma deuxième année en une seule fois parce que je dois réaliser douze semaines de stage avec des journées de huit heures en milieu professionnel. Je vais donc essayer de passer les épreuves écrites et rattraper ensuite mes heures de stage en plusieurs années. Je dois négocier cette possibilité avec le rectorat de Montpellier et faire intervenir la fédération pour défendre ce projet.
Cette année, tu as notamment effectué un stage dans la cantine du CREPS de Montpellier. Comment as-tu vécu cette expérience ?
C’était assez curieux de se rendre dans une cantine mais en étant de l’autre côté avec ma blouse et ma charlotte. Je n’étais pas trop perturbée puisque j’étais avec des sportifs. Ça s’est bien passé. J’ai pu découvrir davantage le métier et ses contraintes. C’était une bonne expérience. De nombreuses personnes m’ont reconnue et ce sont demandés ce que je faisais-là. C’était assez rigolo et ça montre aussi qu’il faut préparer l’avenir, parce que j’ai beau détenir trois titres de championne du monde, je ne pourrai pas vivre de mon sport éternellement. Le stage a duré trois semaines et je me rendais au CREPS de 7h à 14h, avant d’enchaîner avec l’entraînement. C’était des longues journées, sans pouvoir faire la sieste. Je rentrais chez moi à 19h en étant assez fatiguée.
Aurélie Muller au micro de BFM Paris. (Photo: Philippe Pongenty/FFN)
Sais-tu déjà si tu souhaites travailler dans le milieu sportif à l’issue de ta carrière ?
Je ne sais pas encore. C’est un métier qui offre plusieurs possibilités. Je peux exercer en restauration collective, en libéral dans mon cabinet, dans les hôpitaux. Je ne sais pas si je travaillerais avec les sportifs, mais forcément, c’est quelque chose qui m’intéresse et qui m’est bénéfique puisque ça me permet d’améliorer également mon alimentation.
C’est-à-dire ?
Depuis quelques années, j’essaie de manger sainement sans pour autant me restreindre dans mon alimentation. C’est vrai que c’est un paramètre très important dans nos performances et pour moi, c’est la base de tout.
Passes-tu du temps derrière les fourneaux ?
On a un cours qui s’appelle « Techniques culinaires » où on doit se mettre aux fourneaux, mais ça ne me change pas tellement puisque j’ai toujours aimé cuisiner.
Recueilli par J. C.