Quinzième des Jeux olympiques de Pékin en 2008*, Gilles Rondy a mis dans la foulée un terme à sa carrière. Ou presque puisque le Breton, désormais installé en Martinique, vient de faire le tour de l’île… en 10 étapes et 190 kilomètres !
Qu’es-tu devenu depuis les Jeux de Pékin ?
J’étais déjà à l’époque embauché chez EDF grâce à mon statut d’athlète de haut niveau. Après avoir occupé plusieurs postes dans le management, j’ai été nommé en Martinique en 2014 en tant que responsable adjoint service clientèle.
Et tu as repris le sport ?
Quand je suis arrivé en Martinique, je me suis mis à la yole, une barque traditionnelle où on est 14 dessus et où quand l’un « merde » tout le monde est à l’eau. Ça a été une super découverte après toutes ces années à pratiquer un sport individuel. J’ai participé deux fois au Tour de la Martinique en yole. C’est l’un des deux moments, avec le Carnaval, où toute l’île s’arrête de vivre pour suivre cette course.
C‘est de là qu’est venue ton idée d’un tour de l’île à la nage ?
Oui clairement. Surtout que c’est génial de nager en mer ici. La natation commençait en plus à me manquer et comment dire… j’avais besoin de retrouver la forme (rires) !
Gilles Rondy ravitaille pendant son tour de Martinique. (Photo: DR)
N’y avait-il pas plus facile pour retrouver la forme ?
Je voulais d’abord relier les Grenadines à la Martinique, mais on m’en a dissuadé à cause des courants et des requins. Du coup, j’ai fait deux grandes traversées de 6 et 7 heures au mois de mars, pour me remettre dans le bain (rires). J’ai en particulier relié Sainte-Lucie à la Martinique. Soit 43 kilomètres selon le GPS.
Comment était conçu ce tour ?
Dix étapes de 8 à 25 kilomètres pendant 10 jours successifs. De Fort-de-France à Fort-de-France, pour un total de 190 bornes. Les étapes dans le sud de l’ile étaient plus courtes en raison des courants contraires, mais j’ai passé entre deux et presque sept heures dans l’eau tous les jours. Et au total, un peu plus de 48 heures.
Par qui étais-tu accompagné ?
Sur le zodiac, il y avait Bruno, mon coach en charge de mes ravitaillements ; le pilote, Christian, un Martiniquais qui connaît les courants comme sa poche et deux-trois personnes du Longvilliers Club, mon club, qui changeaient tous les jours.
(Photo: DR)
Tu as souhaité également que ce Tour de la Martinique serve à une bonne cause. En l’occurrence la lutte contre le cancer…
Oui. Comme j’ai effectué ce tour pendant l’opération « Octobre rose », on a effectivement collecté de l’argent pour la Ligue contre le Cancer en vendant à l’arrivée des tee-shirts, des bonnets... On a également réalisé un partenariat avec ERDF qui a incité les Martiniquais, via des spots publicitaires à la radio, à limiter leur consommation d‘électricité. ERDF a ensuite estimé ces économies et les a « converties » en argent pour remettre finalement un chèque d’un peu plus de 10 000€ à la Ligue. Cette œuvre caritative me tenait d’autant plus à cœur que lors de la traversée Sainte-Lucie-Martinique, j’avais été accompagné dans les derniers mètres par un petit Martiniquais, Christophe. Le 15 octobre dernier, il a lui aussi relevé un défi et traversé la baie de Fort-de-France. Il l’a fait pour sa maman atteinte d’un cancer du sein.
Au-delà de ce succès financier, ce Tour de Martinique a également remporté un grand succès populaire…
Oui, j’ai eu les honneurs du JT sur « Martinique 1ère » et « ATV », les deux plus grandes chaines de télé locales. Et il y avait du monde et même beaucoup de monde tous les jours à l’arrivée. Dans une super ambiance ! Les Martiniquais ne sont pas fans d’eau libre, mais ils apprécient les défis comme le mien.
As-tu d’autre projets ?
En dehors des interclubs où je nagerai le 200 pap (rires), je pense que je vais participer aux quelques courses d’eau libre organisées ici. Et réaliser d’autres défis pourquoi pas. Juste pour le plaisir. Je n’ai plus du tout envie de faire de vraies compétitions. Mais j’ai aussi dans un coin de la tête l’idée de faire de mon tour de Martinique une véritable course à étapes. Je vais en parler à des nageurs pour voir si ça les intéresse. C’est un endroit idéal pour l’eau libre ; les conditions de natation sont supers ; la longueur des étapes est cohérente… En début de saison, ce serait l’occasion de se faire un bon travail foncier.
(Photo: DR)
Recueilli par Jean-Pierre Chafes
*Gilles a également été champion d’Europe du 25 km en 2006 et médaillé d’argent sur cette même distance en 2002.
Le tour de Martinique de Rondy
-1ère étape : Fort-de-France – Anse-d’Arlet - 20km – 3h40
-2ème étape : Anse-d’Arlet – Sainte-Luce – 15 km – 5h45
-3ème étape : Sainte-Luce – Sainte-Anne – 15 km – 3h
-4ème étape : Sainte-Anne – Vauclin – 25 km – 6h40
-5ème étape : Vauclin – Robert – 16km – 4h
-6ème étape : Robert- Sainte-Marie – 25 km – 6h25
-7ème étape : Sainte-Marie – Marigot – 8km - 1h52
-8ème étape : Marigot – Grand Rivière – 20 km – 5h39
-9ème étape : Grand Rivière – Carbet – 25 km – 6h28
-10ème étape : Carbet – Fort-de-France – 20 km – 4h49