De la sixième place d’Ophélie Aspord aux Jeux Olympiques de Londres en 2012 à la médaille de bronze de Marc-Antoine Olivier aux JO de Rio, l’eau libre française n’a cessé de progresser et de se hisser régulièrement sur des podiums internationaux. Au point d’être considérée aujourd’hui comme l’une des meilleures nations de la planète.
16 août 2016. Plage de Copacabana. Rio de Janeiro. Après pratiquement deux heures d’une lutte acharnée, le clan tricolore peut laisser éclater sa joie. Marc-Antoine Olivier, 20 ans, vient de décrocher la première médaille olympique de l’histoire de l’eau libre tricolore ! Une surprise de le voir à ce niveau si tôt et surtout si jeune (20 ans), mais une confirmation de la belle santé de la discipline. « De nombreuses actions ont vu le jour ces quatre dernières années et ont permis à l’eau libre française de réaliser d’importants progrès », confirme Eric Boissière, entraîneur au Pôle Espoirs de Rouen. « Stéphane Lecat a multiplié les stages et regroupements, mais aussi les participations à des coupes du monde et des coupes d’Europe. Quand je suis arrivé dans le milieu de l’eau libre en 2010-2011, il y avait très peu de jeunes nageurs engagés sur ces compétitions. Désormais, c’est un véritable terrain d’expérimentation et tous les pays emmènent de nombreux jeunes, même si on fait partie des nations qui adoptent le plus cette stratégie. Affronter les meilleurs et nager dans des conditions et des milieux différents a permis d’accélérer l’apprentissage. Nos nageurs ont vu qu’ils n’avaient rien à envier aux autres et ça a créé une émulation importante. »
Une émulation qu’a connu Damien Cattin-Vidal et tous les nageurs de sa génération. A Londres, en 2012, Ophélie Aspord a pris la sixième place du 10 km. Romain Béraud a ensuite décroché ses premières victoires sur le circuit des coupes du monde. « On est arrivé en se disant qu’on avait moins de complexe », reconnaît Damien Cattin-Vidal. « Quand on a vu Ophélie finir sixième à Londres et Romain gagner des coupes du monde, on s’est dit qu’on n’était pas là pour faire des places d’honneur. Ensuite, j’ai réussi à me hisser à la quatrième place aux Mondiaux de Barcelone en étant tout proche du podium, et je suis devancé de quelques mètres par le champion olympique en titre, Oussama Mellouli. En 2014, à Berlin, Aurélie (Muller) a adopté une stratégie qu’aucun Français n’avait peut-être osé adopter auparavant. Elle a pris la tête de la course au bout de deux kilomètres et a essayé de tenir. Elle a retransmis cette expérience à Marc-Antoine et il s’en est servi à Rio. En eau libre, il y a un esprit de partage énorme qui fait qu’on transmet aux jeunes nageurs une expérience cumulée de 15-20 ans. On se tire tous vers le haut et le niveau monte progressivement. » Sans compter que les Bleus s'illustrent depuis plusieurs années sur la redoutable épreuve du 25 km. Comment oublier les titres continentaux d'Axel Reymond aux Euro de Berlin en 2014 et à ceux d'Hoorn en 2016 ou, plus récemment, la médaille de bronze de la jeune Caroline Jouisse aux Euro d'Hoorn?
Lorsque les tricolores se présentent sur le ponton de départ, l’objectif est désormais clair : monter au minimum sur le podium. « Les plus jeunes ne veulent pas se contenter de faire de la figuration, ils veulent aller chercher les médailles » poursuit Cattin-Vidal, aujourd’hui entraîneur avec Eric Boissière à Rouen. « Quand je suis arrivé en eau libre, notre niveau se situait aux alentours de la dixième place mondiale. Quand Marco est arrivé, il a été bercé par nos succès en coupe du monde et il a vécu de près le titre mondial d’Aurélie à Kazan. C’est une grande différence. » Et, effet boule de neige oblige, ces succès et la réussite de l’eau libre française, attirent désormais de plus en plus de jeunes. « On commence à avoir une grosse densité de jeunes qui n’ont peur de rien. Notre formation est intéressante. Au lieu de récupérer les talents à 22 ans, comme ça pouvait être le cas pour notre génération, on le fait lorsqu’ils ont 14-15 ans. Et à 20 ans, ils ont suffisamment d’expérience et de fraîcheur physique pour briller au plus haut niveau. »
« Quand les médailles arrivent, on se permet de viser plus haut par la suite » confie Logan Fontaine, champion du monde et d'Europe juniors en 2016 (7,5 km). « Il faut qu’on se présente dans les grandes compétitions avec envie pour viser haut et continuer à monter sur les podiums. La concurrence est telle en France, que lorsqu’on se qualifie pour la compétition internationale de l’été, on ne peut être qu’ambitieux. » Le tout jeune Jean-Baptiste Clusman, lui aussi champion d’Europe juniors de sa catégorie d’âge en septembre à Piombino (5 km), tient le même discours. « Les résultats de Marc-Antoine et de Logan notamment nous donnent envie de nous investir et de réussir, c’est une évidence. »
Jonathan Cohen