Ce jeune homme a quelque chose de hors normes. Dans l’eau, c’est une certitude, comme il l’a démontré samedi dernier (18 juin) en s’adjugeant l’or du 400 m 4 nages aux championnats du monde de Budapest (Hongrie), mais aussi en dehors du bassin de compétition. Ce soir (mardi 21 juin), Léon Marchand, 20 ans, a fait montre d’une maturité et d’une totale maîtrise de ses émotions. Vice-champion du monde du 200 m papillon (1’53’’37, nouveau record de France à la clé, ndlr), il a signé quarante-cinq minutes plus tard le meilleur temps des demi-finales du 200 m 4 nages (1’55’’75). De quoi le faire entrer un peu plus dans l'histoire de la natation tricolore. Et ce n'est pas dit que cela s'arrête demain avec la finale du 200 m 4 nages !
Mais quelle soirée de folie ?
Oui, je vous l’avais dit : j’étais très excité parce qui m’attendait ce soir (sourire)…
Pourquoi ?
Parce que je savais que j’étais capable d’enchaîner deux courses de très haut niveau. Ce soir, tout s’est bien passé. J’avais déjà un plan en tête, donc c’était plus facile pour moi d’être détendu au moment d’aborder cet enchaînement entre la finale du 200 m papillon et ma demi-finale du 200 m 4 nages. Ce qui a été le plus compliqué, en définitive, cela a été de rester concentré sur le podium du 200 m papillon alors que toute la piscine était en effervescence (victoire du Hongrois Kristof Milak en 1’50’’34, nouveau record du monde, ndlr).
(KMSP/Stéphane Kempinaire)
As-tu malgré tout pu profiter de ce podium ?
Franchement, c’était génial ! Déjà, quand je suis entré dans la piscine, l’ambiance était dingue (sourire)… C’était vraiment cool, j’en ai bien profité, même si une partie de moi-même n’arrêtait pas de répéter : « Maintenant, il faut que je me calme pour aborder la demi-finale du 200 m 4 nages ! ».
Qu’est-ce qu’il y a de si excitant dans pareil enchaînement d’épreuves ?
Cela fait plus d’émotions dans l’après-midi (sourire)… Si je pouvais en faire six, j’en ferais six (rires)… Mais bon, comme je l’ai déjà dit, je suis suffisamment entraîné pour enchaîner deux courses à ce niveau de performance. Quand ça se passe comme ça, c’est toujours mieux (sourire)…
(KMSP/Stéphane Kempinaire)
Après avoir battu le record de France de Franck Esposito hier (lundi 20 juin), tu l’égales ce soir (mardi 21 juin) puisque qu'il était le dernier Français à avoir décroché une médaille d’argent aux championnats du monde (Perth 1998) sur 200 m papillon. Qu’est-ce que cela représente pour toi ?
C’est énorme ! Comme je vous l’ai déjà dit, Franck, c’est un "dieu" pour moi ! Il nageait à l’époque de mon père et il a inspiré beaucoup de papillonneurs.
En quoi as-tu progressé sur ce 200 m papillon ?
Je pense que j’ai pris beaucoup d’endurance ces derniers mois (il a rejoint Bob Bowman à Phoenix depuis septembre 2021, ndlr). Ce soir, par exemple, je ne suis pas parti très vite, mais j’ai signé le meilleur retour. Après, je crois que j’étais également pas mal sur les coulées (sourire)…
(KMSP/Stéphane Kempinaire)
Peux-tu nous décrire plus précisément cet enchaînement ahurissant en termes de logistique et d’émotions entre la finale du 200 m papillon et ta demi-finale du 200 m 4 nages ?
Après la finale du 200 m papillon, j’ai été récupérer pendant quinze-vingt minutes dans le bassin d’échauffement de la Duna Arena. Après, je me suis habillé pour la cérémonie protocolaire en essayant de rester concentré sur la suite. En descendant du podium, j’ai foncé en chambre d’appel, où j’ai eu cinq minutes pour me mettre dans mon 200 m 4 nages. C’était un beau challenge. Je suis content de l’avoir relevé et d’avoir décroché une nouvelle médaille (après l’or du 400 m 4 nages samedi 18 juin, ndlr).
A Budapest, Adrien Cadot