Arrivée ce dimanche 7 août à Rome, l’équipe de France de natation artistique s’apprête à débuter les championnats d’Europe. Cet événement arrive seulement quelques semaines après les championnats du monde, un enchaînement rare qui permet aux françaises de continuer à progresser dans le classement mondial. En effet, la France a frappé fort en obtenant la 4e place mondiale en équipe technique et la 5e en équipe libre dominant ainsi toutes ses concurrentes des saisons passées. De belles prouesses offrant de belles promesses pour cette semaine. Nous revenons avec Maureen Jenkins, Charlotte Tremble (nageuses) et Julie Fabre (entraîneure) sur cette période de transition entre compétition mondiale et européenne.
Vous avez désormais un peu de recul sur ces championnats du monde à Budapest qui ont été très intenses, quelle est l’analyse que vous pouvez en faire ?
Charlotte Tremble : L’analyse que j’ai pu faire c’est qu’on a su se montrer fortes dès la première épreuve avec l’équipe technique avec une vraie force sur les éléments pour marquer les esprits tout de suite. On a su confirmer notre niveau avec une équipe libre qui montre une façon de nager différente de d’habitude avec une vraie recherche chorégraphique. Évidemment il y a eu des fautes et on travaille dessus au quotidien pour les éliminer d’ici les championnats d’Europe.
Maureen Jenkins : Après les championnats du monde, je me suis vraiment rendu compte de notre progression. Nos points forts étaient plutôt sur la technique et sur le fait qu’on a un noyau qui commence à avoir de l’expérience, qui sait travailler ensemble et ça se ressent quand on nage.
Julie Fabre : Dans les points positifs ce qui ressort au niveau de l’équipe technique c’est une grande évolution dans l’exécution avec plus de hauteurs, de précision et une maîtrise technique des éléments bien plus prégnantes que les années précédentes. Pour l’équipe libre ce qu’il y a à retenir c’est le virage chorégraphique avec un ballet plus en phase avec notre identité chorégraphique. La France a proposé un ballet avec un vrai style, un vrai thème et des vrais effets artistiques. Nous avons aussi constaté une réelle évolution sur les portés avec plus de hauteur, de richesse et de difficulté dans l’acrobatie. Au niveau des solos, on a été capable de présenter sur le solo technique Oriane (Jaillardon), une nageuse très jeune, qui a montré une maîtrise stable des éléments. Pour le solo libre, on a, là aussi, une proposition chorégraphique plus marquée avec un vrai parti pris musical. En ce qui concerne les points faibles des ballets d'équipe, il y a encore de la fragilité dans les formations et les alignements. Et évidemment puisqu’il s’agit d’une nouvelle chorégraphie pour l’équipe libre il y a encore du travail d’exécution pour homogénéiser les hauteurs, les angles et l’énergie.
La piscine hongroise vous a vu sauter et pleurer de joie à l’annonce des scores des ballets d’équipe. Ces résultats ont-ils changé vos objectifs ?
M. J. : Oui moi ça me fait rêver plus grand. On est dans une discipline où la hiérarchie met du temps à bouger et de voir qu’enfin notre travail paie ça donne beaucoup de motivation pour la suite. On veut maintenant aller plus loin car on sait que ça peut marcher. Plus que jamais on croit en notre médaille à Paris. Les années précédentes on partait en compétition avec un objectif de performance en faisant abstraction du résultat. Monter dans le classement aujourd’hui représente une vraie lueur d’espoir sur le fait qu’on peut faire changer les choses.
C. T. : Comme Maureen, voir les résultats, que ce soit les scores ou les classements, ça tire encore plus vers le haut. Je ne dirais pas que ça change ma vision de la France mais ça prouve que le travail paie et qu’on a raison d’y croire.
J. F. : Au-delà du classement, ce qui est vraiment à retenir c’est ce bond que nous avons effectué en un an. En effet, on a réussi à battre trois nations en un an (Canada, Etats-Unis et Grèce) et ça ouvre le champ des possibles dans un sport où on a tendance à se dire que le classement et les scores sont figés. On savait que c’était possible car c’est ce qu’avait fait l’Espagne il y a quelques années mais quand on le vit on se dit « ok il ne faut pas s’arrêter là et aller chercher les podiums européens ».
L'équipe de France est prête pour les Euro de Rome (11-15 août). Photo: Instagram: @frenchsynchroteam
Quelles ont été les priorités au retour de Budapest ?
M. J. : La priorité a été de se reposer car les championnats du monde c’est une compétition très longue et très éprouvante. On devait recharger les batteries et se vider la tête pour repartir de plus belle pour attaquer la préparation pour les championnats d’Europe.
J. F. : La priorité a été d’évoluer sur nos points faibles comme l’exécution et passer un vrai cap sur les formations pour continuer à augmenter les scores.
Comment s'est passée cette période post championnats du monde et pré championnats d’Europe ? C'est une configuration assez rare, comment avez-vous géré votre fatigue ?
J. F. : Il y a eu du repos après les Mondiaux car c’était important non seulement physiquement mais mentalement de faire un break et de décompresser. Après ça on les a remises en forme et on a entamé une préparation finale classique.
C. T. : Après un repos bien mérité, on a analysé nos passages en compétition pour s’en servir comme base : voir ce qu’il fallait améliorer et repérer ce qui a été fort pour les garder et les renforcer. Même si c’est une configuration unique, nous avons déjà enchainé les saisons précédentes certaines étapes de World Séries. On prend ça comme une chance de prendre part à des compétitions, on fonce tête baissée, on bosse et on y va !
Quentin Rakotomalala disputera les solos aux Euro de Rome (Photo: FFN).
Quels sont les objectifs de ces championnats d'Europe ?
M. J : Monter sur tous les podiums sur les épreuves collectives. C’est un objectif fort et qui donnerait à la France des résultats qu’elle n’a pas obtenu depuis longtemps
Qu'avez vous en plus par rapport aux championnats du monde ?
C. T. : Du temps, de l’expérience et de la niaque ! On a eu plus de temps pour travailler, les championnats du monde nous donnent de l’expérience sur nos chorégraphies mais surtout beaucoup de combativité et d’envie de se battre encore plus fort. L’envie vient aussi du fait que c’est la première fois de nos carrières qu’on part sur des championnats avec des objectifs de médailles !
M. J. : De la confiance et le rêve de médailles ! Comme Charlotte, on a eu la preuve avec les monde qu’on a bien progressé et que nos ambitions sont pertinentes. C’est la première fois qu’on a un vrai objectif de médaille, c’est hyper motivant pour nous quotidiennement de nous imaginer avec la médaille autour du cou. On a cette petite flamme de la médaille qui nous anime.
J. F. : L’expérience commune et Quentin (Rakotomalala) ! L’équipe a eu cette première expérience ensemble puisque les deux compositions d’équipe étaient inédites. Ce vécu est galvanisant et va permettre une stabilité sur les championnats d’Europe. Et le petit plus c’est Quentin Rakotomalala qui a rejoint l’équipe puisqu’il va présenter le solo garçon. Il est très encourageant et va apporter une belle énergie au groupe.
Recueilli par Solène Lusseau
PROGRAMME DES BLEUS AUX CHAMPIONNATS D’EUROPE
11 août: éliminatoires solos (9h30) et équipes techniques (15h)
12 août: solos techniques masculins et féminins (15h) et les highlights (17h)
13 août: éliminatoires équipes libres (9h30)
14 août: finale solos libres féminin et masculin (9h30)
15 août: finale équipe libre (15h).