Quatre-vingt-seize nageurs et nageuses, dont la plupart spécialistes des épreuves en milieu naturel, étaient réunis le samedi 27 janvier à la piscine Guy et Christiane Canzano de Sarcelles pour les championnats de France du 5 km Indoor. A l’issue des sept séries figurant au programme, pas de surprise au palmarès 2018 : les deux élèves de Philippe Lucas, Marc-Antoine Olivier (Denain Natation Porte du Hainaut) et Lara Grangeon (CN Calédoniens), conservent leur titre acquis l’année précédente.
Dans le détail, on notera que Marc-Antoine Olivier s’est imposé avec la manière, puisqu’il améliore le record de France que détenait Sébastien Fraysse depuis 2011 de plus de 40 secondes, pour le porter à 52’15’’69 (soit 1’02’’70 de moyenne par 100 mètres, les initiés apprécieront). De son côté, Logan Fontaine (Vikings de Rouen) se classe deuxième dans les eaux de l’ancien record de France (52’59’’32, 3e MPF). Après un début de course timide, David Aubry (Montpellier Métropole Natation) termine en trombe pour arracher la troisième place (53’18’’61) au détriment du très impressionnant Clément Batté (CN de Vallée de Seine), qui explose la MPF 18 ans (53’21’’32).
Logan Fontaine, vice-champion de France du 5 km indoor, ici en compagnie de Marc-Antoine Olivier lors des championnats du monde de Budapest (KMSP/Stéphane Kempinaire).
Chez les dames, Lara Grangeon s’impose en 57’31’’18, un chrono nettement plus rapide qu’en 2018, bien poussée dans la première partie de course par la nageuse belge Eva Bonnet (Denain Natation Porte du Hainaut), première dauphine à l’arrivée (57’51’’61). La deuxième Française classée est la très régulière Lisa Pou (AS Monaco Natation) qui boucle la distance en 58’41’’04, le bronze revenant à une Océane Cassignol (Montpellier Métropole Natation) pas encore au meilleur de sa forme (59’14’’30). Chez les plus jeunes, soulignons la performance chronométrique de Madelon Catteau (Dauphins TOEC), qui frôle la MPF 15 ans en 1h01’09’’62. On notera, par ailleurs, l’absence d’Aurélie Muller, figure de proue de l’équipe de France d’eau libre, qui a fait l’impasse sur cette compétition afin de favoriser ses études.
Océane Cassignol, sacrée championne du monde 2017 au titre du relais mixte, s’est adjugée la médaille de bronze du 5 km indoor (KMSP/Stéphane Kempinaire).
Le lendemain, dimanche 28 janvier, à l’initiative du Directeur de la discipline Stéphane Lecat, un collectif élargi des équipes de France d’eau libre composé des nageurs élites et juniors, ainsi que de leurs coachs en club, s’est donnée rendez-vous à la piscine de l’INSEP (Institut National du Sport, de l’Expertise et de la Performance) pour une matinée de tests scientifiques inédite.
(FFN/Florian Lucas).
Les 25 nageurs retenus ont réalisé un 10 km, distance olympique, en déterminant préalablement avec leurs entraîneurs une stratégie personnalisée de course découpée en cinq blocs distincts de 500 m, 3 000 m, 3 500 m et deux fois 1 500 m, de manière à modéliser un « 10 km idéal ». Pendant l’effort, les nageurs étaient tenus de s’arrêter environ 45 secondes à la fin de chaque bloc afin que l’équipe scientifique puisse effectuer différents tests, coordonnés par Robin Pla du service Recherche de la FFN. D’une part des tests physiologiques par prises de lactate, dont les résultats seront évalués par Anaël Aubry, scientifique du sport qui travaille avec les équipes de France d’eau libre depuis trois ans. D’autre part, des tests d’évaluation cognitive par questionnaire, menés par Emilie Pelosse, psychologue du sport, afin d’évaluer le mental des nageurs pendant l’effort (concentration, lucidité).
(FFN/Florian Lucas).
Les résultats de ces tests effectués à différents moments du 10 km seront mis en relation avec les données techniques (chrono par 50 mètres, fréquence des coups de bras) recensées grâce à une technologie innovante proposée par Mehdi Rhaeim, le logiciel Triton. Pendant leur test, les 25 nageurs étaient ainsi équipés d’une puce légère placée sous leur bonnet permettant à toutes les données d’être simultanément enregistrées en temps réel directement sur ordinateur, une première mondiale. La journée s’est conclue par un déjeuner d’échange avec Mounir Chennaoui, directeur de l’IRBA (Institut de Recherche Biomédicale des Armées), pour évoquer les questions relatives à la gestion du sommeil chez les sportifs de haut-niveau. L’ensemble des informations collectées sera minutieusement analysé par les scientifiques. Leurs conclusions seront mises à disposition du département Eau Libre de la FFN et des entraîneurs des nageurs concernés. Elles permettront d’affiner les stratégies de course de chacun de manière individualisée dans l’optique des grands rendez-vous internationaux du calendrier sportif, avec en ligne de mire les échéances olympiques de Tokyo 2020 et de Paris 2024.
Florian Lucas