Médecins, pharmaciens, sapeur-pompiers et infirmières sont en première ligne dans la lutte contre le COVID-19. Parmi eux, des bénévoles de la Fédération Française de Natation.
Séverine Marsault, infirmière en réanimation au Centre hospitalier d’Aix-en-Provence (13), officiel A de natation artistique : « Je suis infirmière depuis 2001 et en réanimation au Centre hospitalier d’Aix depuis juillet dernier. Même si on est considéré comme un établissement de deuxième ligne pour les prises en charge en réa, les vingt lits de notre service ont été réservés à l’accueil de patients atteints par le COVID-19 depuis le début du mois de mars. On a même armé une dizaine de lits supplémentaires pour faire face à un éventuel afflux. Début avril, on est passé de deux patients accueillis à dix-sept en une semaine ! Une des particularités de cette épidémie, c’est la durée d’hospitalisation, très longue. Parfois jusqu’à trois semaines. Au point d’avoir les mêmes patients depuis le début, ou presque puisque l’un d’entre eux a dû être envoyé sur Marseille pour bénéficier d’une épuration pulmonaire extracorporelle. Si nos emplois du temps hebdomadaires n’ont pas changé grâce au renfort d’anciens infirmiers, l’accueil des patients atteints par le COVID est, en revanche, très chronophage. Il faut jusqu’à quatre heures pour préparer une chambre. Une fois que le patient est hospitalisé, la prise en charge reste très lourde. L’habillage avant d’entrer dans la chambre (surblouse, lunettes, masque, charlotte, deux paires de gants), le déshabillage en sortant, la surveillance du matériel, le nursing (la toilette) pour lequel on a besoin d’être parfois jusqu’à cinq, prennent beaucoup de temps. Comme il nous est recommandé pour éviter toute contamination d’entrer le moins souvent possible en contact direct avec les patients, on doit redoubler de précautions. En particulier de ne rien oublier avant d’entrer dans la chambre. Du coup, il y a un stress supplémentaire qui vient se rajouter à notre travail habituel. Une autre particularité de cette épidémie, c’est l’interdiction des visites. Même si dans notre service, les médecins ou parfois nous, les infirmières, téléphonons très régulièrement aux familles ou répondons à leurs appels, cet isolement des patients est très difficile à vivre. Pour eux, évidemment, mais aussi pour nous. On est formé pour ce genre de situation, mais on ressent toujours quelque chose devant cette détresse. Heureusement, il y a de bonnes nouvelles, comme le retour chez elle d’une patiente qui nous a longuement remerciés avant de quitter le service ».
Recueilli par Jean-Pierre Chafes
(D. R.)