De passage au siège de la Fédération Française de Natation à Pantin dans le cadre de la première de ses cinq semaines de formation au DESJEPS (Diplôme d’État Supérieur de la Jeunesse, de l’Éducation Populaire et du Sport, ndlr) qui s’achèvera en mai 2018, la gardienne de l’équipe de France féminine de water-polo, Lou Counil, 30 ans, a accepté de nous accorder un petit moment pour répondre à nos questions.
Quatre mois après les championnats du monde de Budapest, quel regard portes-tu sur la onzième place de l’équipe de France féminine ?
A titre personnel, c’est une vraie satisfaction, puisque je signais mon retour dans le groupe national. Sur le plan collectif, nous avons vécu une expérience intense. Ce groupe vit bien ensemble. De toute façon, aucune de nous ne fait ça pour l’argent, ce n’est qu’une histoire de passion. Et puis, on se connaît depuis tellement longtemps qu’à force, on est presque une famille. En tout cas, ça crée des liens très étroits. Enfin, sur le plan sportif, c’est aussi une vraie satisfaction car nous avons fait mieux qu’en 2015 à Kazan (quatorzième).
Quel rôle joues-tu au sein de cette équipe ?
Compte-tenu de mon âge, je suis un peu « l’aînée » du groupe avec Louise Guillet (31 ans). Quand je suis revenue en équipe de France, il m’a fallu un temps d’adaptation pour retrouver mes marques avec les filles qui étaient majoritairement plus jeunes que moi. Mais, petit-à-petit, j’ai retrouvé une place « d’aînée ». Il ne s’agit pas pour moi de donner des conseils techniques, d’autant que je suis gardienne, un poste un peu différent, et puis, je ne souhaite pas interférer dans le discours de Florian (Bruzzo, le sélectionneur depuis septembre 2016, ndlr). Si je dois intervenir, c’est surtout dans la vie du groupe au quotidien.
(FFN/Philippe Pongenty)
En parlant de Florian, comment as-tu accueilli son arrivée à la tête de l’équipe de France féminine ?
Après ce qu’il a réalisé avec les garçons (qualification pour les Jeux Olympiques de Rio, ndlr), c’est forcément moteur d’avoir un entraîneur comme lui. Et puis, tu sais que s’il est là, c’est qu’il est convaincu par ce qu’il fait. D’ailleurs, c’est lui qui m’a convaincue de revenir en équipe de France. Quand il parle, il y croit vraiment. Il n’est pas simplement là parce qu’il faut un coach à la tête du groupe national.
De quelle manière réagis-tu quand il dit que l’équipe de France féminine peut se qualifier pour les Jeux de Tokyo, en 2020 ?
J’ai envie d’y croire, de l’accompagner et de vivre cette aventure à fond. Comme tous les sportifs de haut niveau, je rêve de participer aux Jeux, et là, peut-être pour la première fois, je me retrouve en face de quelqu’un qui y croit de toutes ses forces.
Mais est-ce un rêve réalisable ?
Il faut lui demander, mais moi, j’y crois (sourire)… Il n’y a qu’à voir comment il nous a fait travailler pendant le stage de préparation aux championnats du monde de Budapest pour se convaincre de son investissement et de sa volonté de transformer ce rêve en réalité. Il est très exigeant, mais notre groupe est composée de « bosseuses ». De toute façon, quand tu fais autant de sacrifices pour jouer au water-polo, c’est que tu es vraiment déterminée.
(KMSP/Stéphane Kempinaire)
Est-il nécessaire pour le water-polo féminin tricolore de disposer d’une équipe de France performante et ambitieuse ?
C’est indispensable ! Il n’y a que comme ça que l’on pourra faire rêver les plus jeunes et leur donner envie de pratiquer notre sport. Et ce sont ces petites jeunes qui, une fois en équipe de France, vont nous bousculer, nous, les anciennes, nous obligeant alors à travailler plus dur encore pour conserver notre place. C’est ce qui, je pense, nous a cruellement fait défaut ces dernières années. Lorsqu’on évolue au plus haut niveau, il est impératif d’instaurer une saine concurrence. Cela tire tout le monde vers le haut.
Aujourd’hui, que manque-t-il à l’équipe de France féminine pour être plus performante sur la scène mondiale ?
De la puissance physique, même si je trouve qu’un travail considérable a été réalisé pendant le stage de préparation aux championnats du monde. Il me semble également que le travail de formation auprès des jeunes est un peu tardif. Si des joueuses de ma génération avaient débuté le water-polo cinq ou six ans plus tôt, notre bagage, notre expérience et notre vécu poloïstique serait très différent.
Recueilli par A. C.