Après l’annonce, mardi dernier dans les colonnes du quotidien L’Équipede son retour à la compétition, Florent Manaudou était attendu ce lundi 25 mars à la piscine Molitor (XVIème arrondissement de Paris) pour tenir une conférence de presse. Devant une horde de journalistes, photographes ou autres cameramen, le champion olympique est apparu calme et souriant, serein et déterminé. Encore blessé à la main, l’élève de James Gibson ne devrait pourtant pas replonger avant une quinzaine de jours, mais il l’a répété avec insistance : il souhaite prendre le temps nécessaire pour revenir à son meilleur niveau.
Un long manteau beige sur le dos, Florent Manaudou pénètre dans la salle de conférence de presse de la piscine Molitor avec le sourire et en prenant le temps de saluer certains journalistes qu’il a régulièrement croisé pendant sa première carrière de nageur. De nombreux médias sont présents pour recueillir ses impressions une semaine après la retentissante annonce de son come-back dans les bassins. Blessé à la main, le grand brun n’est pas encore tout à fait redevenu le nageur qu’il était, mais sa détermination et son envie ne l’ont pas quitté pour autant. « Je suis un homme de challenges et même s’il y a forcément une appréhension, j’aime me mettre hors de ma zone de confort », a confié Florent durant cette intervention médiatique d’environ une heure trente. « Je l’ai fait lorsque je me suis mis au handball. J’ai envie de reprendre la natation pour sentir de nouveau ce stress et cette adrénaline. » Et également pour être de nouveau le meilleur du monde dans sa discipline. « Ça me manquait de me sentir bon dans ce que je fais. En handball, je savais que je ne serais jamais en équipe de France et que j’aurais pu être, au mieux, un bon pivot. J’ai vraiment envie de sentir les meilleurs du monde autour de moi et d’essayer de les battre. » Ça tombe bien, le meilleur du monde actuellement, le Britannique Ben Proud, sera son coéquipier d’entraînement. « C’est vraiment important pour moi de me retrouver avec de nouvelles personnes et avec des nageurs qui ont réalisé de meilleurs temps que les miens. Lorsque je suis arrivé à Marseille en 2011, j’avais Fred Bousquet et Fabien Gilot à mes côtés notamment. Fred m’a battu pendant un an et ça ne m’a pas empêché de me qualifier pour les Jeux de Londres et de devenir champion olympique. Tout ça me pousse à être meilleur. Ben a un meilleur quinze mètres que moi et il a été plus rapide que moi sur le 50 m. J’ai envie de me confronter à lui. Je vais me faire battre beaucoup au début et j’espère de moins en moins. Peut-être qu’à certains moments je serais même devant. Et puis tout dépend également de ma date de reprise de la compétition. Si je reprends en octobre en petit bassin, rien ne dit que je serais derrière Caeleb (Dressel) ou Ben (Proud). Mais la compétition la plus importante se tiendra à l’été 2020 au Japon. Et il y a d’autres paramètres à prendre en compte pour ça, notamment mentalement. »
Florent Manaudou lors de la conférence de presse du lundi 25 mars. (Photo: FFN/Jonathan Cohen)
Cette dernière phrase, prononcée avec un immense sourire en dit long sur la motivation du sprinteur tricolore. Durant les seize mois qui le sépare des JO de Tokyo, Manaudou pourra visiblement compter sur un allié de poids, son mental d’acier. Et une certaine fraîcheur, grâce, notamment à sa coupure avec la natation pendant presque trois ans, ainsi que son mode d’entraînement – trois semaines en Turquie, deux semaines en France – qui va lui permettre d’éviter la routine. « La natation n’est pas un sport facile et ce n’est pas tous les jours évident de se motiver pour aller plonger. Je suis ravi de pouvoir fonctionner comme ça et d’ailleurs beaucoup de mes coéquipiers en Turquie font la même chose. Pendant mes trois semaines en Turquie, je n’aurai que ça à faire et je serai en mode « stage ». Pendant mes deux semaines en France, je pourrai retrouver ma famille et mes amis, tout en continuant à nager car Romain (Barnier) et Julien (Jacquier) seront en contact avec James (Gibson). »Et si le planning du champion olympique de Londres en 2012 n’est pas encore gravé dans le marbre, Manaudou est sûr d’une chose : il souhaite retrouver son meilleur niveau dès que possible. « Peut-être que d’ici un à trois mois, je serais capable de nager moins de 22 secondes sur 50 m nage libre. »Et si ce serait une belle première étape, impossible d’imaginer le sprinteur se contenter de ça, lui qui rêve de récupérer son titre olympique au Japon dans seize mois.
Jonathan Cohen