Comme hier (mercredi 12 mai) sur 5 km, le Français Marc-Antoine Olivier, figure de proue de l’eau libre tricolore depuis sa médaille de bronze aux JO de Rio en 2016, a dû s’incliner face à l’Italien Gregorio Paltrinieri sur 10 km, la distance olympique. Comme la veille, le nageur de Philippe Lucas l’avait mauvaise. Pour s’en convaincre, il n’y avait d’ailleurs qu’à scruter son regard pour avoir un aperçu de sa contrariété entachée de frustration. Marc-Antoine Olivier peut malgré tout savourer son entame des championnats d’Europe de Budapest. Avec deux médailles d’argent au compteur avant le relais 4x1250 mètres de samedi (15 mai), sans préparation spécifique (contrairement à son rival transalpin) et des combinaisons néoprène qu’il ne porte pas dans son cœur, le Nordiste de 24 ans (il en aura 25 le 18 juin prochain, ndlr) peut continuer de croire en son destin olympique.
Une médaille d’argent, encore…. Qu’est-ce que cela t’inspire ?
Ça fait « suer » comme hier (sourire)… Comme je l’ai dit, je suis ici pour l’or. Je remporte quand même deux médailles d’argent, mais j’aurais préféré entendre résonner la Marseillaise au moins une fois. Et puis les Euro ne sont pas terminés. Il reste le relais de samedi. Je n’oublie pas non plus que ce n’est qu’une étape vers les Jeux olympiques. A Tokyo, les conditions seront différentes. L’eau sera chaude et nous n’aurons pas les combis sur les épaules, ce qui me conviendra davantage.
Pourquoi alors sembles-tu aussi « contrarié » ?
Tout simplement parce qu’il y a beaucoup de monde autour de ce projet : la fédération, mon entraîneur, des partenaires, Océane (Cassignol) et ma famille… C’est davantage pour eux que j’ai un peu mal au cœur. Ils donnent tout pour que j’aille chercher l’or olympique, mais je glane l’argent deux jours de suite.
(Photo : Deepbluemedia)
En abordant le rendez-vous olympique de cette manière ne crains-tu pas d’avoir énormément de pression en arrivant à Tokyo ?
Non, la pression je l’ai depuis que je me suis qualifié pour mes premiers Jeux à Rio en 2016. J’ai l’habitude désormais. Chaque année, j’essaie d’assumer mes responsabilités. Cette année, j’avais aussi à cœur de montrer l’exemple aux jeunes…
Comment ça ?
En ce moment, à part regarder le sport à la télévision, les jeunes n’ont plus l’occasion de pratiquer leurs disciplines préférées. C’est le moment où ils peuvent rêver. Peut-être que la médaille d’argent les a fait vibrer, mais j’aurais aimé les faire rêver avec un ou deux titres continentaux.
Tu évoquais la combinaison il y a un instant. Dans quelle mesure te perturbe-t-elle ?
Elle entrave mes mouvements. Je me sens coincé dedans. Le moindre effort me fait perdre de l’énergie. Je ne peux pas faire ce que je veux. Limite, je ne prends pas de plaisir à disputer une course d’eau libre. Ce qui est d’autant plus frustrant, c’est que si l’épreuve s’était disputée en tissu, ça n’aurait pas été la même histoire. Mais bon, il faut l’accepter, se préparer et s’adapter. C’est le propre de notre discipline.
(Photo : Deepbluemedia)
La semaine prochaine, tu disputeras les 800 et 1 500 m nage libre des Euro en bassin. Avec quelles ambitions ?
Paltrinieri est venu me chercher en eau libre, donc je vais aller le titiller sur son terrain au maximum de mes capacités. On verra ce que ça donne puisqu’il s’agira seulement de ma première compétition internationale en grand bassin. Je suis en forme, donc il y a quelque chose à faire.
Au rayon des points positifs, il y a aussi cette arrivée à la touche sur 10 km que tu remportes devant l’Allemand Wellbrock pour la médaille d’argent.
Oui, absolument ! En 2019, il m’avait battu sur trois courses à la touche. Cette fois-ci, c’est à mon tour de prendre le meilleur. Je ne dis pas qu’il n’y a pas de points positifs sur cette compétition. Si je remporte deux médailles d’argent dans ces conditions, c’est que je suis bien dans l’eau, mais à chaque fois que je m’engage dans une compétition, c’est pour gagner.
(Photo : Deepbluemedia)
Malgré tout, envisages-tu de corriger quelque chose dans ta préparation dans la perspective des Jeux olympiques de Tokyo ?
On fera un bilan à l’issue des Euro. Pour l’heure, ce qu’il y a sûr, c’est que mes stratégies sont bonnes. Je crois surtout qu’il faut aborder les choses autrement à partir du moment où l’on sait que la compétition va se dérouler en néoprène. En tissu, j’aurais été dans des conditions optimales, mais avec les combinaisons, les cartes sont redistribuées. Lors de la coupe du monde de Doha, Paltrinieri a essayé de partir à plusieurs reprises, mais je l’ai repris à chaque fois parce qu’en tissu, je suis beaucoup plus libre de mes mouvements.
A Budapest, Adrien Cadot
(Photo : Deepbluemedia)