A la veille de l’étape de coupe du monde FINA 10 km de Doha (Qatar), entretien avec Marc-Antoine Olivier, vainqueur de la compétition l’an passé et qualifié aux Jeux de Tokyo l’été prochain sur la distance. Il revient avec nous sur le contexte entourant l’évènement, son excellente préparation hivernale ainsi que sur ses ambitions sportives pour la course de demain, avec en tête, déjà, l’objectif olympique.
Comment te sens-tu avant la compétition de demain ?
Je me sens très bien. J’ai fait de belles choses ces dernières semaines en bassin (records personnels améliorés sur 800 et 1500m en grand bassin, ndlr). C’est un peu la même dynamique que l’an passé à la même époque, mais avec des chronos encore plus rapides. Maintenant, il va falloir retranscrire ces progrès en eau libre. Je suis confiant, on a bien bossé, j’ai vraiment hâte de participer à la course de demain.
Comment est-ce que tu comptes exploiter ces progrès en bassin sur une course d’eau libre de 10 km ?
Cela va me permettre d’avoir un « type de course » en plus, de pouvoir éventuellement partir un peu plus tard. Ces trois dernières années, j’étais un peu limité sur le 1 500 m, donc en eau libre, j’avais parfois peur de partir trop tard, de ne pas parvenir à me détacher. Là, je sais que j’ai pris de la vitesse, un peu de puissance, ça me permet de rajouter une carte dans mon jeu. On verra si je vais l’exploiter sur la course de demain ou aux Jeux.
(KMSP/Stéphane Kempinaire)
Ces progrès doivent aussi renforcer encore ta confiance pour faire face à la concurrence internationale.
C’est sûr ! Beaucoup de nageurs de bassin de très haut niveau sont venus vers l’eau libre ce qui a nettement élevé le niveau de la discipline (il fait notamment référence à l’Allemand Florian Wellbrock et à l’Italien Gregorio Paltrinieri, ndlr). C’est intéressant d’aller sur leur terrain de jeu pour les titiller et leur faire un peu peur, car je sais qu’ils suivent mes performances. Ils savent que j’ai plus de facilités en eau libre, c’est donc une façon de leur mettre une pression supplémentaire en cette année olympique.
Tu as un plan particulier pour la course de demain ?
Je vais voir ça selon mes sensations. J’ai déjà deux plans en tête que j’aimerais mettre en place, mais cela dépendra de comment je me sentirais le matin et des conditions de course. Pas seulement le scénario, mais aussi l’attitude des adversaires avant la course, les regards, les attitudes avant et pendant l’épreuve. Je trancherai au feeling entre ces deux plans et je verrai si je peux les exploiter au maximum, en m’adaptant au fur et à mesure de la course.
Tu prends cette course comme un exercice en vue des Jeux olympiques ?
Forcément, oui ! Même si l’on évolue dans des circonstances qui je l’espère n’arriveront pas aux jeux. Comme d’habitude, il faudra prendre cette compétition comme une expérience et analyser ce qui aura plus ou moins bien fonctionné. Il vaut mieux faire une erreur demain et la corriger pour qu’elle n’arrive pas au Jeux. En eau libre, il faut constamment savoir s’adapter et savoir trouver des solutions.
(KMSP/Stéphane Kempinaire)
Le contexte pesant en raison du Covid est également une expérience riche d’enseignements en vue des Jeux, où les protocoles sanitaires risquent d’être très stricts.
On sait que ça sera compliqué au Japon. Mais en eau libre, comme on évolue en milieu naturel, on sait que les choses peuvent changer au dernier moment, ce n’est pas nouveau. On sait qu’il ne sert à rien de perdre de l’énergie inutilement à ce sujet, il faut simplement trouver les bonnes manières de s’adapter et se focaliser sur la course.
Qui est le favori de la course de demain ?
Moi (rires)… Bien sûr il y a des adversaires qui seront présents aux Jeux. C’est juste dommage que les deux Allemands qui étaient sur le podium avec moi l’an passé ne soient pas là. Mais il y a d’autres excellents nageurs, les Italiens, les Hongrois, ça fait du beau monde. Il faudra que je montre de quoi je suis capable !
A Doha, Florian Lucas