Chaque début d'olympiade réserve son lot de changements. L’équipe de France de natation artistique n’échappe pas à ce fait. En effet, elle accueille de nouvelles nageuses à l’Insep mais également un nouveau membre dans l’encadrement : l’ancienne capitaine Marie Annequin. La Lyonnaise de 29 ans qui a mis un terme à sa carrière de nageuse après le Tournoi de Qualification Olympique de Barcelone, une compétition qu’elle n’a pas pu disputer suite à une blessure au pouce, est désormais au bord des bassins pour apporter toute son expérience au collectif tricolore.
En juin dernier, la France ne se qualifie pas en équipe pour les Jeux olympiques. Tu assistes à cette compétition depuis les gradins puisque tu es blessée au pouce. Comment as-tu vécu cet épisode ?
Lors du stage final de préparation pour le tournoi de qualification je me suis rompu un muscle du pouce. J’ai donc vécu la compétition sur le bord du bassin. Ma carrière s’arrêtait soit sur le TQO ou sur les Jeux si nous nous qualifions. L’idée était de terminer sur une dernière compétition et un dernier ballet, mais je n’ai pas pu. Et ça a été un peu difficile à digérer. J’ai essayé de très rapidement changer d’état d’esprit en me concentrant sur l’avenir, ce sur quoi je me projetais et ça m’a aidée à surmonter ces derniers événements.
As-tu suivi les Jeux Olympiques ? Quel regard portes-tu sur la performance du duo français cet été ?
Je m’étais dis que je n’allais pas allumer ma télévision de l’été car m’imaginer regarder la cérémonie d’ouverture et les épreuves des Jeux était déjà hyper difficile. Mais en fait je n’ai pas pu m’en empêcher et puis les jumelles ont commencé leur compétition et la tout était plus simple. J’étais alors moins triste de ne pas y être puisqu’elles y étaient et que j’étais de tout cœur avec elles. C’était beau aussi parce que le duo nous a partagé tout ce qu’il était en train de vivre ce qui nous a permis, à nous équipières, de vivre ces JO à travers elle. En termes de performance, Charlotte et Laura (Tremble) ont la compétition dans la peau. Elles se sont incroyablement challengé et ont, selon moi, réalisé leur meilleure performance, ça m’a rendue très fière. Cette dernière saison la France a atteint un niveau de performance très intéressant et il faut maintenant qu’on poursuive dans ce sens.
Les soeurs Charlotte et Laura Tremble ont représenté la France aux JO de Tokyo. Elles étaient accompagnées par Laure Obry (à gauche) et Julie Fabre (à droite). (FFN)
Et pour continuer dans ce sens, l’équipe de France pourra continuer à compter sur toi mais cette fois-ci en tant qu'entraîneur. Comment as-tu basculé dans ce rôle ?
Je parlais de mon avenir et cette possibilité n’était pas envisagée à la base. Julie Fabre m’a fait cette proposition en avril puisqu’elles avaient besoin de quelqu’un pour entraîner les nouvelles entrantes à l’Insep, Charlotte Massardier ayant quitté l’Insep un peu plus tôt dans l’année. Cette opportunité m’est un peu tombée dessus pour être honnête. J’aime entraîner, c’est quelque chose que j’ai déjà fait en club mais pour des groupes loisirs, ce qui avait été difficile pour moi. Je savais que si je remettais la casquette d’entraîneur c’était pour faire de la compétition. Mais je n'imaginais pas que cela allait être à un tel niveau (rires). J’ai hâte de voir comment cela va se passer.
Est-ce que passer si vite du statut de nageuse à entraîneur est un atout ? Et quels sont les risques ?
C’est un atout car j’ai encore en moi les ressentis et les pensées qu’on peut avoir en tant que nageuse. Je pourrai donc appréhender plus naturellement ce que vivent les filles à l’entrainement. Cela me permettra aussi d’échanger plus facilement sur mon expérience avec Laure et Julie sur ce que les filles ressentent sur certains contenus. Le danger est que je suis l'entraîneur de mes anciennes coéquipières avec qui j’ai vécu des moments très forts et très récemment. Certaines sont en plus mes amies. Il faudra vraiment que je fasse la part des choses en restant à ma place d’entraîneur au bord des bassins et d’amie en dehors de l’INSEP.
Marie Annequin était blessée lors du TQO de Barcelone. Elle conservera le survêtement de l'équipe de France au bord des bassins et entraînera l'équipe de France sur le chemin de Paris 2024 (Thomas Symonds/Synchrobox)
Quels sont tes projets à travers cette nouvelle mission ?
Mon objectif est de transmettre ce que j’ai vécu et toutes les compétences que j’ai assimilé durant ma carrière aux petites jeunes qui arrivent mais aussi aux seniors. Je veux continuer à faire partie de la progression de l’équipe de France même si ce n’est plus avec un bonnet sur la tête.
Tu as toujours évoqué ton rêve olympique, est-ce qu’aujourd’hui il reste d’actualité en visant Paris 2024 en tant que coach ?
Je me projette évidemment sur Paris 2024 pour enfin vivre cette expérience olympique qui approche à grands pas.
Recueilli par Solène Lusseau