C’est une Marie Wattel très émue qui s’est présentée dans la zone mixte des championnats du monde de Budapest (18-25 juin) après sa finale du 100 m papillon qui l’aura vu décrocher une médaille d’argent en 56’’14 et rafraîchir par la même occasion son record de France (ancien 56’’16 en demi-finale des JO de Tokyo, ndlr). Une manière d’effacer plusieurs mois de doutes et de questionnements nés d’une sixième place aux Jeux nippons dont elle espérait davantage. Une manière aussi de rappeler qu’après des hauts et des bas, la nageuse de Julien Jacquier (CN Marseille) est, sans conteste, l’un des grands talents de cette équipe de France en reconstruction qui semble soudain croire un peu plus en son destin depuis le sacre de Léon Marchand sur 400 m 4 nages (samedi 18 juin).
On te sent très émue ?
Oui, je pleure de joie et de soulagement aussi. Il y avait beaucoup de doutes en début d’années et d’autres encore lors des championnats de France de Limoges (5-10 avril), où je n’ai même pas réussi à faire le temps pour me qualifier aux Mondiaux hongrois (Marie a été sélectionnée grâce à ses chronos des Jeux olympiques de Tokyo, ndlr). Et aujourd’hui, je bats mon record de France ! Je ne m’attendais pas à évoluer à ce niveau de performance. Je trouve que je le mérite. Je suis super heureuse !
Qu’est-ce que tu as ressenti en touchant le mur ?
J’ai d’abord vu que l’Américaine (Tori Huske) était première, puis j’ai vu que j’étais deuxième. Ça a été une grosse vague d’émotions. Je crois même que j’ai pleuré dans l’eau (sourire)… Cela fait longtemps que je crois à une médaille sur la scène mondiale, mais ça ne s’est jamais concrétisé, alors voilà, aujourd’hui, je ressens un vrai soulagement !
(KMSP/Stéphane Kempinaire)
Tu es vice-championne du monde ! Qu’est-ce que cela représente ?
C’est beaucoup d’émotions (elle s’essuie les yeux)… J’ai fait ma première équipe de France à 16 ans et là, je fais ma première médaille individuelle aux championnats du monde à 25 ans. Cela a été un long chemin. Il y aura eu beaucoup de doutes, d’échecs et de moments très durs, mais voilà, ça a fini par payer ! Je suis contente parce que mes parents étaient dans les tribunes ce soir (dimanche 19 juin).
D’autant que tu visais davantage les Euro de Rome (11-21 août) que les Mondiaux de Budapest (18-25 juin) cette année.
Franchement, je n’y croyais pas du tout ! Après ma demi-finale, je savais que je n’avais pas beaucoup de marge. J’ai essayé de ne pas m’emballer. Je crois que j’ai mis toute ma rage dans les quinze derniers mètres de ce 100 m papillon.
(KMSP/Stéphane Kempinaire)
Après la finale des Jeux à Tokyo (sixième du 100 m papillon au Japon, ndlr), cette médaille d’argent mondiale constitue-t-elle un nouveau déclic ?
Il n’y a que deux centièmes d’écart entre mon temps des demies aux Jeux et ma finale de ce soir (dimanche 19 juin), mais ce sont deux courses totalement différentes. Je travaille beaucoup la patience avec Julien (Jacquier, son entraîneur à Marseille, ndlr). Il veut que j’apprenne à « dégainer » au bon moment pour mettre mon énergie sur les vingt derniers mètres. Ça ne fait que quelques semaines que l’on travaille sur ça et voir que ça paie déjà, c’est excitant pour la suite !
A quoi as-tu pensé derrière le plot ?
D’abord ne pas m’emballer sur le premier cinquante. Utiliser la vitesse de mes concurrentes pour rester au contact. Après, je pousse fort sur le mur et je monte en puissance jusqu’à tout donner dans les vingt derniers mètres en me répétant que c’est maintenant que ça se joue (sourire)…
(KMSP/Stéphane Kempinaire)
Cette médaillé d’argent, elle a presque le goût de l’or, non ?
Oui, franchement, après tout ce que j’ai vécu ces derniers mois, elle vaut de l’or !
En plus, nous ne sommes qu’au début de ces Mondiaux hongrois. Cela doit te donner des idées pour le 100 m nage libre ?
C’est sûr que je vais l’aborder plus sereinement alors que je ne l’étais pas aux championnats de France de Limoges en avril dernier. J’aimerais bien aussi faire un joli truc sur le 50 m, ce serait sympa (sourire)…
La médaille d’or de Léon Marchand sur 400 m 4 nages (samedi 18 juin) semble avoir idéalement lancé la semaine de l’équipe de France…
C’est vrai que ça nous a donné beaucoup d’énergie. Hier, je disais que l’équipe de France est un peu comme un Phoenix qui renaît de ses cendres après des Jeux de Tokyo qu’on aurait espéré plus riches en médailles. Léon nous a tous choqué ! Son chrono, j’en ai rêvé toute la nuit. Il est incroyable. Il abat toutes les barrières : mentales comme physiques, c’est vraiment très impressionnant !
A Budapest, Adrien Cadot