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La Lyonnaise a raté sa qualification pour les demi-finales de ses premiers Jeux à 10 mètres. A 23 ans, la vice-championne d’Europe de 2015 rebondit sur ses bonnes figures, se projette sur Tokyo où les moindres détails seront sa grande préoccupation…

Neuvième aux championnats du monde en 2015, Laura Marino pouvait espérer une place en demi-finales de ses premiers Jeux Olympiques. Mais voilà, les Jeux restent une compétition à part même « si nous passons notre temps à nous convaincre du contraire », admet La Lyonnaise (23 ans). « Mais à l’arrivée, j’ai pêché, sans nul doute, par le fait de trop vouloir bien faire, de trop vouloir trop en faire..?».

Pour être la première à s’en convaincre, l’élève d’Alexandre Rochas s’était appliquée à arriver en terre bien connue, « pour démystifier la totale ». Il y a quatre ans à Londres, elle était venue en spectatrice « pour mesurer toute la puissance, tout l’impact, toute la folie autour de cet évènement. Là oui, ce fut un grand W-A-O-U-H ! Mais, comme je l’avais vécu, je n’ai pas fait l’erreur à Rio de vouloir avaler ce très gros morceau en une fois. Mais, je l’ai découpé en tranches, correspondantes chacune à un problème : ainsi, ça passe sans aucun problème ».

« EVITER UN CERLCE VICIEUX…»

Ce premier plongeon dans le monde de l’olympisme fut donc une bonne note « pour bien aborder Rio sans perdre de l’énergie dans la surprise, la découverte générant, inévitablement, stress, appréhension, déstabilisation de ce cercle vicieux ». Ce premier plongeon fut suivi dans second « en venant participer à la coupe du monde à Rio. Certes, les bâches avec les anneaux n’étaient pas posées, certes les alentours étaient encore en chantier, mais connaître à l’avance son terrain de jeu permet de s’y projeter, de visualiser des choses évitant une première découverte aux premières recherches de repères perturbante voire très pénalisante en plongeon, de les adopter, commencer à les maîtriser…».

A Rio, Laura Marino semblait fin prête, « absolument pas impressionnée par la taille de l’évènement ». A Rio, fait nouveau, elle plongeait dans une nouvelle famille : « D’un coup, nous passons de plongeurs, habituellement seuls dans le petit coin sur notre planète, à plongeurs appartement à une grande famille, la famille olympique, la famille du sport français. Et franchement, elle fonctionne vraiment comme telle. Au village, tous les athlètes français se saluent, s’inquiètent de savoir ce que l’autre va faire ou vient de faire, s’encouragent. Tous les athlètes sont humbles et accessibles. Alors, je ne me suis plus sentie seule, nous les plongeurs nous ne nous sommes plus sentis seuls, mais soudainement très entourés. Ainsi, il n’y a pas de meilleur tremplin avant une compétition : ça fait chaud au cœur et donne encore plus envie de réussir… ». En famille, Laura Marino s’est donc présentée face à son premier jury, « dans le même esprit, je le pensais, qu’un championnat du monde. En me disant que rien ne changerait, à part l’impact du résultat ».

REUSSIR LE DIFFICILE, RATE LE FACILE…   

Vingt-quatre heures après son passage, avoir raté sa qualification pour les demi-finales à un dixième et se retrouver, en vain, première remplaçante, son analyse s’envole : « En résumé, j’ai bien réussi mes deux plongeons les plus difficiles, le premier et le cinquième : j’en suis d’ailleurs très fière. Et j’ai moyennement réussi mes plus faciles. Même si le pourquoi du comment reste à affiner, va demander de prendre du recul, la raison essentielle est certainement que j’ai voulu trop bien faire...??! Je n’ai pas voulu envoyer du petit bras, me borner à faire une série facile. Là, je suis fière d’avoir présenté une série construite avec du coefficient. Peut-être, peut-être, que si je m’étais bornée à une série plus, disons, simple, je serai passée ? Peut-être ? Mais non, je n’ai pas de regret ! A ce niveau, il faut savoir prendre des risques. Et, quelque part, j’ai misé aussi sur l’avenir parce que les juges, mine de rien, ils ont vu ma série. J’espère que cette prise de risque sera payante à Tokyo en 2020. »

Même si La Lyonnaise sait les jours à venir plus propices à une meilleure analyse, elle poursuit : « Sur les plongeons faciles, comme je savais les faire, j’ai mis moins de concentration que sur les plongeons difficiles. Aux Jeux, une grande puissance mentale est nécessaire à chaque plongeon. Sinon une petite erreur se glisse et ça part en vrille. Et souvent cette petite erreur n’est pas très technique, elle est toute simple comme trop pousser au départ ou trop allonger à l’arrivée ». Sans chercher à se défiler, en ayant déjà compris que les Jeux demandent de faire simple quand tout se complique, notre plongeuse reconnaît : « Comme ces derniers temps, je ne dors pas très bien, cette fraîcheur, racine d’une concentration sans faille, d’une puissance mentale à toute épreuve, je ne l’avais pas. A moi de travailler dans ce sens…».

Lors de sa dernière vrille arrière « vécue comme une victoire tant elle est difficile et tant je la passe depuis peu », Laura Marino, se sachant éliminée, n’a pas oublié « de prendre tout mon temps afin de bien siroter, déguster ces dernières minutes olympiques à Rio. Au ralenti, j’ai voulu les vivre afin de bien m’en souvenir, afin qu’elles me portent dans les quatre prochaines années. »

A Rio, Sophie Greuil

 

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