Cinquième de la finale du 100 m dos (1’02’’16), Mathilde Cini était forcément déçue de ne pas décrocher son ticket pour les JO de Tokyo et de ne pas s’inviter sur le podium d’une épreuve qu’elle a longtemps dominée. Blessée en 2020, la dossiste tricolore voulait profiter du report des Jeux pour retrouver son meilleur niveau. Mais son corps n’aura pas répondu comme elle le souhaitait et elle espère désormais terminer du mieux possible cette compétition pour quitter Chartres sans regret.
Comment analyses-tu cette course ?
C’est encore tout chaud, donc c’est compliqué. Je pense que ce sera toujours le cas. C’est la vie, c’est comme ça. C’est la dure réalité du sport. S’entraîner pendant deux ans pour ça c’est dur.
Qu’est-ce qui n’a pas été ?
Tout. Je n’ai rien réussi à mettre en place. Les finales comme ça, je les connais. Je suis aux championnats de France depuis 2008. Je devrais pouvoir les gérer. Ce soir, je n’avais pas de jambes, j’ai mal de partout… C’est comme ça.
Ton chrono des séries avait pourtant de quoi te rassurer.
Ce matin, je fais 1’01’’7 les doigts dans le nez et je dis à mon entraîneur que je serais en mesure de réaliser un joli chrono. Malheureusement non. Le corps en a décidé ainsi.
Le report des Jeux étaient une aubaine compte tenu de ta blessure.
L’année de plus était une aubaine. J’ai été opérée puis j’ai encore eu des problèmes chirurgicaux avec ma cheville en octobre et je n’ai pu retrouver l’entrainement que le 7 novembre. Ce n’est pas une excuse. Je me suis entraînée comme les autres, je pensais avoir mis toutes les chances de mon côté, mais ça ne passe pas, c’est la vie.
Photo: KMSP/Stéphane Kempinaire
Était-ce un défi trop difficile à relever ?
C’était une course contre la montre. On pensait avoir le temps, on a tout mis en place. Si seulement j’avais au moins accroché une médaille… Mais ce n’est même pas le cas. C’est encore plus frustrant et rageant. Je le prends avec le sourire devant vous mais je pense que d’ici dix minutes je pleure. C’est comme ça.
Hier, Théo Bussière a rempli les critères de sélection au titre du relais en réalisant le temps que tu devais accomplir ce soir (1’00’’25).
Je me suis dit: « c’est un signe ». Je suis très contente pour lui parce qu’il le mérite. Je pensais que les planètes étaient alignées. J’avais envie d’y croire et ça m’a donné plein d’espoir.
Cette olympiade a été…
(Elle coupe)… Affreuse. Il y a trois ans je passe sous la minute et on se disait que j’étais capable de réaliser de belles choses. J’y ai cru aussi. Malheureusement des choses se sont passées. On ne contrôle pas les accidents. J’avais le projet de disputer une finale olympique il y a trois ans. La vie est faite de hauts et de bas, c’est comme ça.
Quelle va être la suite du programme ?
Je vais récupérer et essayer de digérer un peu tout ça. Vendredi je dispute le 50 m dos pour me faire plaisir et m’amuser, en espérant décrocher une médaille. Samedi, je serai au départ du 100 m nage libre. Tout est possible. Je n’ai pas envie de quitter cette compétition avec des regrets. À Rio, je suis partie avec le relais. Je ne sais pas du tout ce que je vaux mais on verra et au moins j’aurais tout tenté.
Recueilli à Chartres par J. C.