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Depuis la fin des années 1980, le meeting de l’Océan indien se tient à la fin de l’année. Il a accueilli les plus grands champions et quelques stars internationales. Autour de ce meeting disputé du 28 au 30 décembre 2021 sur l’Ile de la Réunion, où en est la natation réunionnaise et plus globalement la place de la natation des DOM-TOM dans la nage tricolore ?

La chaleur de l’été austral, la convivialité, la beauté des sites naturels, faut-il réduire le meeting du bout du monde à une simple carte postale où y passer les fêtes de fin d’année ? Non, bien évidemment ! Des records de France ont été battus dans le bassin du Port. Solenne Figuès sur 200 m nage libre et 200 m 4 nages, Diane Bui Duyet sur 50 m dos, 50 et 100 m papillon, sans oublier Sophie de Ronchi sur 200 m brasse. Des stars internationales telles que Pieter van den Hoogenband ou Filippo Magnini aux meilleurs Français Frédérick Bousquet, Jeremy Stravius, Camille Lacourt, Catherine Plewinski, Laure Manaudou, Charlotte Bonnet et enfin Alain Bernard qui en garde de grands souvenirs.

« Je me souviens y avoir été en 2008 après mon titre olympique sur 100 m nage libre à Pékin », livre l’Antibois qui a publié en novembre dernier son autobiographie (Mon destin olympique, Talent éditions). « A l’époque, ce meeting de grande renommée permettait de conclure la partie de saison en petit bassin avec une bonne ambiance dans une période de froid en métropole et de chaleur australe là-bas. C’était aussi l’occasion de se retrouver avec les autres nageurs de l’équipe de France sur les terres de Boris Steimetz, quelqu’un qui compte beaucoup pour moi (…) Sur le plan sportif, l’enjeu était moins important et offrait la possibilité de s’exprimer avec plus de décontraction, sans risque d’élimination, et j’y ait fait de bonnes performances. Cela m’a donc poussé à réfléchir sur la manière d’aborder les meetings et me mettre un peu moins de pression tout en étant aussi performant. Je m’en suis servi pour arriver un peu plus décontracté sur les plus grandes compétitions, mais pas moins déconcentré. Plus serein. Si ça ne marche pas, à vouloir trop bien faire, on a du mal à s’exprimer ».

(Photo : D. R.)

Sur l’Ile, Alain Bernard, cet homme « ouvert, proche des nageurs, et simple, très apprécié des petits Réunionnais » d’après Henri Fontaine, patron de la Ligue réunionnaise de natation a laissé une belle trace. Mais une fois les champions repartis, comment s’articule la natation sur l’Ile ? Et de quelle manière le meeting de l’Océan indien rejaillit-il sur le développement de la natation à La Réunion ? « Il s’agit d’un évènement annuel pour la natation. Depuis trois ans, c’est un meeting de qualification pour les championnats de France, mais on veut faire revenir les champions de métropole et ceux qui ont participé aux Jeux olympiques », insiste Fontaine.

Cette année, en tête d’affiche, figurent notamment la Russe Anna Egorova, présente aux JO de Tokyo sur 400 et 800 m nage libre et Damien Joly, spécialiste tricolore du 1 500 m nage libre, finaliste de la spécialité aux Jeux de Rio en 2016 et engagé aux championnats du monde d’Abu Dhabi en petit bassin (16-21 décembre). Au total, trois cent participants sont attendus cette année. Mais sans oublier le vrai problème de fond et un constat sans détour posé par le Président de la Ligue réunionnaise : « Nos meilleurs athlètes sont obligés de partir en métropole car nous manquons de sections sportives. La Ligue n’a pas assez de créneau pour créer des sections, centres de formation, bloquer des couloirs car les piscines appartiennent aux mairies. Seuls deux clubs ont des sections sportives et notre but dans les années à venir : que dans chaque région de l’Ile, on ait des sections sportives. On arrive à les garder jusqu’aux juniors, mais après le bac, les plus doués partent par manque d’infrastructures ».

La nageuse de l'équipe de France Lara Grangeon avec ses fans lors du Meeting de la Reunion (Photo : D. R.).

Et donc au-delà du dynamisme que doit retrouver la natation réunionnaise, des chiffres-clés permettent de mieux comprendre les difficultés rencontrées par les ultra-marins. Pour participer aux stages en métropole, les billets d’avion coutent très cher. Et puis le confinement est également passé par là. Beaucoup de pertes en licences pour les clubs, le pass sanitaire à cause duquel les parents n’ont pas réinscrit leurs enfants. A l’arrivée, de 5 592 licenciés en 2020 (22 clubs), la Ligue réunionnaise a quand même limité la casse à 5 190 licenciés pour vingt clubs en 2021. Excepté l’isolement total imposé pendant deux mois et demi au printemps 2020, les Réunionnais n’ont jamais vraiment arrêté de nager. Mais la reprise actuelle de l’épidémie a aussi des conséquences dans ce petit bout de territoire au sud-est de l’Afrique du Sud, dans l’attente de la décision du Préfet dans le cadre d’un nouveau couvre-feu, et savoir si l’Ile pourra accueillir du public fin décembre au meeting de l’Océan indien.

Léon Marchand, sixième du 400 m 4 nages des JO de Tokyo, a, lui aussi, pris part au Meeting de la Réunion durant ses jeunes années (Photo : D. R.).

Un meeting sans affluence, ce serait une ineptie pour les Réunionnais, et forcément une déception pour tout un tas de nageurs internationaux qui en ont fait un rendez-vous de fin d’année très apprécié pour de bonnes et de très bonnes raisons. « Lors de notre stage à La Réunion, quelques jours avant le meeting, on se retrouvait dans un bassin d’entraînement différent du bassin de compétition. Et dans le bassin d’entraînement, l’eau y était à… 31 degrés ! C’était hyper dur », se remémore Alain Bernard. « Il y avait eu un problème de chaudière et cela avait été l’une des rares fois où Denis (Auguin) avait eu pitié de nous en nous proposant d’arrêter. On avait pris les tuyaux d’arrosage et on se les mettait sur le corps. On suffoquait ». Bien plus qu’une carte postale idyllique, des souvenirs pour la vie, et le mix idéal entre compétition, vie de groupe et détente. Bref, tout à y gagner entre Noël et le jour de l’An.

Antoine Grynbaum

 

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