La Coupe du monde de natation artistique de Montpellier (Hérault) a tenu toutes ses promesses, le week-end du 5 au 7 mai 2023, dans la piscine Angelotti. Le public, composé de plusieurs milliers d’adeptes et de néophytes, a été conquis par les performances dans le bassin. Pour ce qui est du sportif, tout n’est pas si rose, mais certaines cases sont déjà cochées pour le clan français. Retour sur un week-end riche.
Les meilleures naïades de la planète ont mis des étoiles dans les yeux au nombreux public montpelliérain, tant le spectacle a été époustouflant. Une fête à la française, une coutume annuelle honorée, un engouement rassurant et prenant. Et ce, au terme des trois jours d’épreuves en solo, duo ou en équipes, du féminin au masculin en y intégrant la mixité : tout y était. Une farandole pour les plusieurs milliers de personnes qui ont fait le déplacement jusque dans la piscine Angelotti de Montpellier. Habillé d’un soleil radieux – où les sourires à l’intérieur le sont tout autant – , l’écrin du quartier d’Antigone a été la capitale de la « synchro ». Enfin, plus ou moins, pour ce dernier terme.
L'imbroglio des notations, l'ombre au tableau
Avec le nouveau système de notation, tout ou presque est chamboulé. A commencer par les staff et athlètes, premiers concernés. Le règlement, lui, a été lu, relu, presque religieusement – même laborieusement – appris. Mais l’appliquer, d’après les bruits de bord de bassin, pour de nombreuses nations, serait comme faire une croix sur ce qui fait « l’essence de ce sport ». C’est que l’artistique a pris un coup. Il n’est plus ce sacro-saint qui permettait aux cadors de se distinguer. Ces regards, ces bras tendus n’ont de signification que dans les bonus car, désormais, la technique prévaut. Et de loin. La moindre erreur peut coûter cher. Très cher. Un exemple a d’ailleurs scié le public, dimanche, à l’occasion de l’équipe acrobatique. La performance chinoise a ravi les pupilles des tribunes où certains posaient même dans les escaliers tant les places se faisaient rares. Les Chinoises ont délivré une performance presque parfaite. Alors quand les notes sont tombées, la stupéfaction, l’ulcération, la consternation et même les huées ont pris place dans la salle. La notation a été conspuée et sifflée par un public conquis par la performance. C’est là toute l’ambivalence de la situation.
En outre, certaines nations, dites petites, peuvent désormais se hisser sur les sommets en proposant une chorégraphie moins difficile que d’autres, mais qui, en la réalisant parfaitement, peuvent prétendre à marquer beaucoup de points. La moindre erreur de mouvement, même d’un seul élément d’une équipe, ne permet pas de valider la figure et fait donc perdre un nombre conséquent de points, et donc éloigne grandement de la boîte. En résumé : l’erreur n’est pas permise. Logique, certes, c’est du haut niveau, mais dans certaines mesures, entend-on en naviguant autour du bassin d’échauffement. D’ailleurs, des ajustements sont déjà en discussion, avec les retours prévus des équipes (staff et athlètes), en collaboration avec la fédération internationale.
La fierté de nager à la maison
Il n’empêche que d’un point de vue de l’engouement, Angelotti était proche de La Mosson, lors des grandes heures du club de foot de la ville (MHSC). Les poils se hérissent sur chacun et les cris d’encouragement fusent à vau-l’eau lorsque le simple mot « France » est prononcé. Elles sont là, les stars du week-end. Les protégées de Laure Obry, Julie Fabre et Marie Annequin sont attendues par tous : enfants, évidemment, parents, cela va de soi, mais également entraîneurs, passionnés de natation artistique et puis les autres, ceux qui découvrent l’ambiance et l’univers « synchro ». Tous les ingrédients ont été réunis pour fêter comme il se doit les triples médaillées européennes, le médaillé européen Quentin Rakotomalala (4e en solo libre, 6e en technique ce week-end) également et une bonne partie de la jeune garde tricolore.
La jeunesse a d’ailleurs été mot d’ordre pour le groupe France. Laëlys Alavez (8e en libre) et Oriane Jaillardon (7e en technique) ont respectivement représenté le drapeau tricolore en solo. Montpellier a aussi vu éclore un nouveau duo, bonnet estampillé « France ». Composé de Eve Planeix et Nastia Bayandina, la paire a posé les premiers jalons de son ambition olympique (5es en duo technique). Dans les passages en équipes, contre vents et règlements, la France a tenu son rang. L’objectif a été rempli sur le technique (6e place), la découverte du nouveau format « équipe acrobatique » (5e position) a laissé percevoir au public et aux puristes un véritable potentiel.
Le train est désormais parti de son quai, les naïades françaises vont maintenant mettre tout le charbon nécessaire pour faire avancer ce train à vapeur. Les wagons, eux, sont remplis. A l’intérieur, de l’ambition, un esprit d’équipe presque irréel et cette volonté d’aller haut, toujours plus haut. La destination de ce train est un peu scabreuse, mais alléchante. La première escale se fera à Hurghada (Égypte) pour la troisième étape de Coupe du monde. Puis il y aura l’Espagne et Oviedo, pour les finales du circuit. Enfin, après les championnats européens de Oswiecim (Pologne), le sud-ouest du Japon sera la destination finale avec les Mondiaux de Fukuoka. Les billets sont pris, « il n’y a plus qu’à ».
A Montpellier, Louis Delvinquière