Dans la perspective du Tournoi de qualification olympique qui se tiendra à Rotterdam en février 2021, l’équipe de France masculine de water-polo a entamé cette semaine à l’INSEP un premier stage de préparation qui sera suivi d’un second à Marseille en novembre, puis d’un troisième dans un lieu à déterminer en décembre. L’occasion de rencontrer le sélectionneur Nenad Vukanic pour faire le point sur l’état de forme de ses joueurs et les objectifs poursuivis par le groupe tricolore.
A titre personnel, comment avez-vous vécu le confinement ?
C’est sûr que ça n’a pas été simple ! Malgré tout, je retiens que la période n’a pas été vaine et inutile. Sur le plan sportif, cela a permis de mettre les choses à plat et de se projeter vers l’avenir. Ainsi, dès que le déconfinement a été annoncé (11 mai 2020), nous avons pu organiser un stage à Vittel avec l’équipe de France pendant la deuxième quinzaine de juin. Cela a permis à tous les joueurs et au staff de se retrouver et de reprendre une vie à peu près « normale ».
Avez-vous maintenu un lien avec vos joueurs pendant cette longue période d’incertitude ?
J’ai toujours été en contact avec les entraîneurs des différents clubs dans lesquels évoluent les joueurs de l’équipe de France. L’important, c’était vraiment de maintenir un lien et de ne jamais rompre le contact. C’est aussi ça un collectif. Il faut être uni dans les bons comme dans les mauvais moments.
(Photo : Philippe Frétault)
Dans quel état de forme physique et psychologique les avez-vous retrouvés ?
Cet été, les joueurs étaient dans des états de forme très différents. Certains n’avaient même plus de piscine pour s’entraîner. Mais depuis que le championnat de France a repris, ils retrouvent progressivement la plénitude de leurs moyens. Il y a encore du travail, mais je trouve qu’ils progressent bien.
Comment accueillez-vous la nouvelle formule de la Ligue mondiale qui privilégiera désormais des tournois sur plusieurs jours à des rencontres isolées ?
La situation que nous vivons actuellement nous impose de nous adapter en permanence. Les institutions tentent de sauvegarder les compétitions, mais avec les restrictions sanitaires, ce n’est pas toujours simple. A nous d’être prêts et de répondre présent en fonction des scénarii qui se présenteront. On retrouvera la Grèce dans le cadre d’un tournoi. C’est comme ça. J’aurais préféré les affronter devant notre public, mais encore une fois, le contexte est très particulier. Je comprends la nécessité de cette nouvelle formule. Pour nous, ça ne doit rien changer. Il faudra être en mesure de répondre physiquement et mentalement.
Comment les joueurs ont accueilli ces changements ?
Ils ont tous conscience des enjeux et des objectifs. Ils savent que nous sommes entrés dans le cycle de préparation des Jeux olympiques de Paris tout en espérant encore nous qualifier pour les JO de Tokyo (juillet-août 2021). Malgré tout, je sens que le collectif répond bien. Les joueurs sont focus. Ils mesurent le travail à abattre et la tâche à accomplir. A mon sens, c’est fédérateur ! Si tout le monde s’implique à fond, nous en ressortirons plus forts.
(Photo : Philippe Frétault)
Quel est l’intérêt des trois stages à venir (INSEP, Marseille et dans autre lieu à déterminer, ndlr) ?
L’important, c’est d’abord de rassembler tous les joueurs, de passer en revue aussi des éléments prometteurs et de mobiliser également les clubs autour du projet de l’équipe de France. Il s’agira aussi de préparer les joueurs à de fortes cadences car la nouvelle formule de la Ligue mondiale privilégie désormais les tournois sur trois ou quatre jours avec autant de matches plutôt que des rencontres isolées. Le contexte sanitaire impose ces ajustements. Je le répète, à nous de nous adapter.
Qu'allez-vous travailler en priorité ? S'agit-il d'entretenir la vie de groupe autour d'un objectif commun ou d'entrer dans les détails techniques ?
Il y aura une dimension physique, comme je viens de le préciser, mais aussi un aspect mental pour souder le collectif autour de nos objectifs. Il s’agira également de continuer à développer notre culture de jeu en nous appuyant notamment sur les joueurs expérimentés du groupe national dans la perspective du TQO de Rotterdam (janvier 2021).
(Photo : Philippe Frétault)
De jeunes joueurs peuvent-ils tirer profit de cette situation pour intégrer le collectif national ou allez-vous accorder votre confiance au groupe des Euro de Budapest ?
Ça dépend des joueurs, évidemment. Toutefois, il n’y a aucun intérêt à faire exploser le groupe de joueurs qui a disputé le championnat d’Europe de Budapest l’année dernière. Il va falloir voir où en sont les joueurs et tenter de former le groupe le plus performant possible, mais aussi celui qui vit le mieux ensemble car les obstacles seront nombreux et les enjeux importants.
Dans cette période particulière, l'expérience des joueurs sera donc priorisée ?
Pas seulement ! On sait que sur la scène internationale, les rencontres basculent sur un ou deux ballons. Ça va vite. Très vite. Il faut que l’équipe soit prête, concentrée, unie et déterminée. L’expérience compte, bien sûr, mais on aura aussi besoin de la jeunesse, d’une certaine fougue pour bousculer des formations soi-disant plus fortes que nous sur le papier. Pendant ces trois stages, je vais tout examiner.
Recueilli par Adrien Cadot avec Sarah Mehammedia