Après avoir évoqué sa nouvelle vie et son retour sur les bancs de l’école hier, Aurélie Muller se penche aujourd’hui sur l’avenir. Un avenir dans les bassins qui doit la conduire jusqu’aux Jeux Olympiques de Tokyo où elle rêve de monter sur la plus haute marche du podium.
Vas-tu malgré tout disputer des compétitions en eau libre cette année ?
Le programme n’est pas encore très clair dans ma tête. Il était prévu que je sois engagée à Abu Dhabi le 11 mars, mais l’étape a été décalé d’une semaine et c’est désormais à Doha. Malheureusement, c’est le moment où je vais débuter mon deuxième stage professionnel que je ne peux pas décaler. La saison risque donc d’être compliquée parce que je ne vais sans doute pas me qualifier pour les championnats d’Europe de Glasgow (3-12 août 2018). Les critères sont clairs : soit je réalise les temps de pré-qualification et aujourd’hui je n’en suis pas capable, soit je décroche une bonne place en coupe du monde. Mais comme je ne vais pas pouvoir m’aligner à Doha, il ne me reste pas beaucoup de possibilités. Il y aura peut-être une étape début mai aux Canaries mais qui n’est pas encore confirmée. Dans tous les cas, en septembre, j’étais partie pour peut-être ne pas me rendre à Glasgow. Et puis ce n’est peut-être pas plus mal stratégiquement parce que ça me permet de me faire un peu oublier.
Et les championnats de France de Gravelines (30 mai – 3 juin) ?
Je vais m’y aligner mais ça tombe la semaine de mes examens blancs donc je ne vais pas pouvoir prendre le départ du 10 km mais uniquement du 5 km.
Aurélie Muller reprendra un rythme d'entraînement intensif l'année prochaine pour préparer les Jeux de Tokyo en 2020. (Photo: KMSP/Stéphane Kempinaire).
Comment vis-tu la nouvelle dimension prise par l’eau libre tricolore, qui attire même aujourd’hui des nageurs de bassins ?
Ils ont été tellement vexés qu’on vienne sur leur territoire que c’est à leur tour de venir nous titiller (rires). Je trouve que c’est une excellente chose. Joris (Bouchaut) est venu s’entraîner avec Philippe et ça renforce les garçons parce que c’est un excellent nageur de 800 et 1500. Lara (Grangeon) est également une très bonne coéquipière d’entraînement et ça permet de se tirer la bourre.
Cette année est celle de la confirmation après vos succès aux Mondiaux de Budapest. N’est-ce pas la plus difficile ?
C’est vraiment personnel et c’est la dynamique de groupe qui crée ça. Ce qu’on a vécu à Budapest, c’était unique. On pouvait difficilement faire mieux et à Glasgow ça va être différent. On doit montrer que l’on peut être fort peu importe les conditions. Nos médailles mettent en lumière le travail réalisé depuis des années par les nageurs et le staff. Je pense que le principal n’est pas de performer aux Euro de Glasgow mais l’année prochaine aux Mondiaux et dans deux ans à Tokyo.
Aurélie Muller tout sourire après son titre mondial sur 10 km à Budapest l'été dernier. (Photo: KMSP/Stéphane Kempinaire).
Après cette saison quasiment blanche, comment comptes-tu t’organiser l’année prochaine ?
L’année prochaine je vais tout faire par correspondance en essayant de travailler entre les deux entraînements de la journée. Je sais qu’en septembre, le cap sera fixé sur les Mondiaux. Je vais essayer de poursuivre mon travail dans mes études mais je serai à 100% sur les entraînements. Si je ne reprends pas à fond, ça ne sert à rien que je continue jusqu’aux Jeux parce que je ne serais pas au niveau.
Comptes-tu disputer de nombreuses compétitions pour te confronter de nouveau à tes adversaires ?
Je ne pense pas disputer davantage de compétition que les autres années, mais forcément plus que cette année. La coupe du monde d’Abu Dhabi qui devait se tenir en mars a été décalée en novembre, donc ce sera le premier test important de ma saison de reprise. D’autant que j’aime bien cette épreuve. Je pourrai voir où je me situe.
Aurélie Muller sur la plus haute marche du podium du 10 km aux Mondiaux de Budapest en 2017. (Photo: KMSP/Stéphane Kempinaire)
Les Jeux de Tokyo sont forcément ton objectif principal, mais gardes-tu à l’esprit ceux de Paris en 2024 ?
Forcément, 2024, ça fait rêver. Disputer les Jeux à domicile c’est énorme et c’est dans un coin de ma tête, mais je vieillis et je vais voir comment je me sens. 2020, c’est l’objectif final. Je n’ai pas envie de faire mon jubilé à Paris en 2024 pour prendre la dixième place. Si je m’y engage c’est pour monter sur le podium.
As-tu déjà pris connaissance du site olympique de 2020 ?
J’essaie de ne pas y penser parce que c’est beaucoup trop tôt. J’ai fait cette erreur un an avant Rio en essayant de visualiser exactement la course. Des nageurs de l’équipe se sont rendus sur le site en octobre et Stéphane (Lecat, le directeur de la discipline à la FFN), m’a envoyé des photos et j’ai un peu le site dans la tête mais j’essaie de faire abstraction, même si je sais que ce sera un peu protégé des vagues et que l’eau sera à bonne température. Les conditions idéales à priori (rires). Je ne cherche pas à avoir des informations et je n’ai pas envie d’en avoir maintenant.
Recueilli par J. C.