Après six semaines à enchaîner les courses en petit bassin à Budapest dans le cadre de l’ISL, Florent Manaudou s’apprête à disputer les championnats de France de natation en grand bassin qui se tiennent du 10 au 13 décembre à Saint-Raphaël. S’il avance avec confiance, le sprinteur tricolore espère enfin franchir un palier et poursuivre sereinement sa préparation olympique.
Dans quel état d’esprit abordes-tu ces championnats de France qui vont se tenir dans un climat forcément particulier ?
J’ai eu la chance de prendre part à l’ISL, ce qui m’a permis de m’habituer au huis clos, au test Covid etc. J’ai simplement envie de nager en grand bassin et voir ce que ça donne. Je suis très content de retrouver le Cercle des Nageurs de Marseille et le bassin de mes premiers championnats de France en 2007. Le temps passe… (sourire).
Est-ce un avantage d’avoir disputer une compétition ?
Je pense, effectivement, que c’en est un. La plupart de mes coéquipiers du Cercle ont simplement fait des prises de temps avec Nice et Antibes. Pour ma part, j’ai disputer des courses de très haut niveau et mon corps est habitué, même si c’était en petit bassin. Il ne s’est écoulé que deux semaines et demi entre l’ISL et les championnats de France et tout est assez facile. Je ne suis pas obligé de réfléchir à différents paramètres. Je sais aussi que j’ai laissé de l’influx physique et nerveux à Budapest et je serais peut-être un peu fatigué. On verra bien vendredi (jour du 50 m nage libre, ndlr).
La tenue de ces championnats de France rend-elle les JO plus concrets ?
Pour être honnête, cela a été assez compliqué pendant six mois. Le fait d’attaquer cette saison en grand bassin nous permet de penser encore davantage aux JO. Mais je sais qu’il me reste du chemin à parcourir, parce que j’ai réalisé une préparation très courte pour l’ISL et que je n’ai pas pu vraiment me préparer pour ces championnats de France. Je pense que mon corps est prêt à nager vite, et j’aimerais bien nager moins de 21’’5 pour réaliser mon meilleur temps depuis mon retour il y a un an et demi.
Comment as-tu préparé cette compétition à ton retour à Marseille ?
Il y a eu peu de temps, mais le fait de ne plus prendre le départ de courses tous les deux ou trois jours m’a donné l’impression d’avoir eu deux mois d’entraînement en deux semaines. J’ai pu me régénérer et ça a été un vrai shoot de bonheur de rentrer à Marseille. Être chez moi, prendre le soleil, m’entraîner dans une piscine que je connais bien et stimulé par mon entourage. Je me sens mieux dans ma tête qu’à la fin de l’ISL parce que ça commençait à être un peu long.
Photo: KMSP/Stéphane Kempinaire
Tu as réalisé de belles performances à Budapest. As-tu la sensation d’être de retour à ton meilleur niveau ?
Je n’ai pas encore toutes mes sensations, simplement parce que je n’ai pas eu de gros bloc d’entraînement de trois ou quatre mois consécutifs depuis mon retour. Il me manque cette petite base que je souhaitais avoir avant les JO et que je devrais pouvoir mettre en place entre janvier et mars 2021. Je n’ai pas encore toutes les armes pour performer à mon meilleur niveau. Je ne nage pas trop mal mais je réalise les même temps qu’aux Interclubs lorsque je jouais encore au handball. Grâce à mes qualités naturelles je suis capable de réaliser régulièrement ces chronos-là, c’est mon niveau de base. Mais j’ai encore du travail à accomplir si je souhaite nager 20’’2 en petit bassin comme à Doha en 2014. En grand bassin, je stagne à 21’’6 et je dois franchir ce cap, parce qu’aux Jeux, ça ne sera pas suffisant.
Est-ce frustrant ?
Bien sûr parce que j’ai envie d’avancer et d’être surpris. Cela n’a pas été le cas depuis un moment. Réaliser tout le temps le même chrono, ce n’est pas évident. Je ne suis pas revenu pour nager moins vite qu’avant, même si ça ne sera pas simple de nager plus vite. J’ai envie d’être surpris et de gravir un échelon. À mon retour, j’ai réalisé 21’’7 en dix semaines d’entraînement et depuis un an et demi je stagne à 21’’6, ce n’est pas incroyable.
Comptes-tu t’aligner sur le 100 m à Saint-Raphaël ?
Je pense que pour progresser sur 50, je dois progresser sur mon 100 m. C’est toujours comme ça que ça a fonctionné pour moi. Depuis l’année dernière, je fais beaucoup plus de 100 m grâce à l’ISL. Quand je suis revenu, je pensais que ce serait trop compliqué parce que je ne voulais pas trop souffrir mais finalement ça me fait du bien. C’est même la seule course sur laquelle j’ai progressé depuis mon retour. Ce serait bien de le disputer à Saint-Raphaël, parce qu’avec le retour de Mehdy (Metella), la progression de Maxime (Grousset), les qualités de Clément (Mignon), je pense que nous avons une carte à jouer aux JO. On a besoin de se confronter entre nous pour progresser et si je peux aider en m’alignant sur cette course, c’est une bonne chose.
Puisque tu évoques la progression de Maxime Grousset, est-ce une bonne chose également pour le 50 m ?
Max progresse bien depuis quelques années. Je l’ai suivi à la télévision quand j’ai arrêté. Il a fait une bonne saison en petit bassin en 2019 et si je pense disposer d’une petite marge d’avance, il a réalisé 21’’8 il y a un an et demi et poursuit sa progression. L’émulation c’est une force et c’est pour cette raison que l’on s’aligne en compétition. C’est aussi ce qui a permis à la natation tricolore d’être si performante durant toutes ces années. Je pense que cette émulation est positive pour nous deux.
Recueilli par J. C.