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Depuis son entrée olympique à Pékin en 2008, la discipline met de la vitesse sur son légendaire 10 km, séduit des nageurs de bassin de 800 et 1500 m et commence à se trouver un public…

Sur le 10 km léchant la mythique plage de Copacabana, la Néerlandaise Sharon Van Rouwerdaal (22 ans) coupe la ligne d’arrivée après 1h56 dans une mer chaude agitée par 28 degrés rougissant les torses de ses supporters orange venus en masse. Non loin de là, Stéphane Lecat, directeur des équipes de France de natation, longtemps notre nageur phare en eau libre, lâche : « Vous voulez savoir ce que le fait de devenir olympique a apporté à notre discipline ? Avant, les filles auraient, sans nul doute, aujourd’hui, mis trois minutes en plus ! Aujourd’hui, à tous les niveaux, les approches de la préparation et de la compétition sont devenues professionnelles. Prenez une nageuse comme Aurélie Muller, depuis trois ans, une cinquantaine de personnes travaille directement ou indirectement pour qu’elle soit performante ».

DU BASSIN, CA DOUBLE !

Entraîneur de Sharon Van Rouwerdaal aux multiples accessits tout bassin confondus sur le dos ou sur les longues distances et entraîneur d’Aurélie Muller (26 ans), pure nageuse d’eau libre, Philippe Lucas étaye le commentaire de Stéphane Lecat : « Avec l’arrivée de nageurs venant du 800 ou du 1500 m en bassin, osant maintenant doubler, la discipline a pris de la vitesse, du volume et de la précision dans la préparation. Du coup, l’eau libre commence à séduire des nageurs de plus en plus jeunes, bien affûtés par leurs entraînements en bassin donc, prêts à aller très vite. Petit à petit, elle s’imposera vraiment comme à part entière…»

Troisième de « son » 10 km à Copacabana, la Brésilienne Poliana Okimoto (33 ans), pure nageuse d’eau libre depuis douze saisons après un départ sur 800 m nage libre, se satisfait de cette évolution : « Depuis que nous sommes olympiques, nous sommes considérés, reconnus. Bientôt, j’espère, mieux aidés par des sponsors à l’image des triathlètes ou, par exemple, des life-savers en Australie. Et, nous avons l’impression d’exister -au moins- une fois tous les quatre ans. Avant, nos podiums se faisaient dans le plus grand des anonymats ! Si lors de grands rendez-vous comme les Jeux ou les championnats du monde, les organisateurs arrivent, aussi,  à trouver des lieux plus facilement accessibles pour le public, des lieux accessibles gratuitement pour attirer un maximum de personnes, dans un premier temps, notamment des jeunes et des familles, premiers à fréquenter les plages, ce sera un grand pas sur la Lune ! Si nous pouvions suivre l’exemple du triathlon, ce serait formidable».

Comme tous les athlètes brésiliens, transcendés par leur public et se révélant dans toutes les disciplines olympiques même les plus inattendus, Poliana Okimoto fond de grands espoirs de son bronze : « Avoir un direct à la télévision, en plein milieu de la journée, sur une telle course olympique vue par des millions de téléspectateurs va être un tremplin formidable. Entre autres, je l’espère que les jeunes Brésiliens, toujours sur la plage, pas très enclins ou n’ayant pas les moyens à aller à la piscine, seront tentés par ce nouvel horizon, de liberté en pleine nature…».

LA PLAGE,  UN HORIZON A ETUDIER…

A ce vœu donne de l’écho, l’Algérien Mustapha Larfaoui (74 ans), longtemps président de la FINA (1988 à 2009), venu assister à l’épreuve sur Copacabana, et ravit du résultat : « Si l’eau libre arrive à se trouver des beaux sites, proches du public, pour évoluer, elle aura un bel avenir. Même si les écrans géants sont indispensables, il faudra, sans doute, trouver un moyen pour rapprocher encore plus la course du public. Mais, depuis huit ans, cette discipline est sur la bonne voie ».

Pendant les 10 km des filles à Copacabana, lézardaient sur la plage quelques jeunes gros poissons de l’équipe australienne de natation. Entre un roupillon sur un coin de leur serviette de bain, une tartine de crème solaire, les têtes se levaient pour scruter le grand écran. Parmi eux, le nageur de fond qui monte, Mack Horton (20 ans) : « Moi, ce n’est pas vraiment la distance qui me fait peur, mais, le mal de mer ! Si l’eau libre pouvait nous certifier évoluer dans des eaux un peu plus calmes, ça pourrait être vraiment intéressant… ».

Finalement, deux olympiades après son entrée au programme, l’eau libre est en pleine croissance. Gageons que son étape brésilienne lui ouvrira un horizon la rapprochant, peut-être, au maximum de plages mythiques pour être, au plus, proche, du public…

A Rio, Sophie Greuil

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