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Si la natation leur donne souvent un sérieux coup de main pour soigner leurs genoux douloureux, elle s’invite également dans la préparation physique des skieurs ou autres surfeurs tricolores. Avant de plonger la tête la première sur leur piste olympique lors des Jeux Olympiques de PyeongChang (9-25 février 2018), où ils visent tous une médaille, quelques athlètes livrent leurs impressions sur leur pratique aquatique. Saisissant !

« Selon nos sessions d’entraînement, nous nageons une fois par semaine à la piscine d’Albertville ou d’Ugine (Savoie) », livre Julien Lizeroux (38 ans), champion du monde de slalom en 2009. « J’adore l’aspect très technique de la natation obligeant, comme le ski alpin, à être très fin pour gagner de précieux centièmes. Très dense physiquement, je ne nage pas bien. Mais après une longue carrière remplie de blessures, mes genoux apprécient être portés par l’eau. Toutefois, je préfère nager en pleine nature comme dans le lac d’Annecy. » La biathlète Anaïs Bescon (30 ans), cinquième en individuel et au sprint lors des Jeux d’Hiver de 2014 à Sotchi, confirme d’ailleurs les similitudes entre les deux disciplines. « En crawl, aller chercher un appui avec un bras puis l’autre relève de la même technique que le ski. Que ce soit sur la neige ou sur l’eau, cette recherche à base de concentration et de perception très fine est identique. » Ancienne des Dauphins du TOEC de Toulouse, la géantiste Anne-Sophie Barthet (29 ans) n’apprécie plus vraiment cette recherche : « Entre 5 et 13 ans, je nageais deux fois par semaine. J’adorais le crawl et le papillon, tout en sachant que je n’avais aucun avenir au plus haut niveau. Avec mon gabarit bien compact, je nage maintenant à la verticale. J’en ressors souvent tous les membres engourdis avec un mal de tête parce je n’arrive plus à coordonner efforts et respiration. » Et ce n’est pas la seule à ne pas apprécier les séances dans l’eau. Vice-championne du monde de boardercross en 2017, la surfeuse Chloë Trespeuch (23 ans) avoue « avoir clairement horreur de la natation. Je ne suis pas douée pour y gérer mes efforts, pour respirer comme il le faut donc, pour y prendre du plaisir. Pour moi, nager est synonyme de retour de blessure. »

Julien Lizeroux (38 ans), champion du monde en 2009, titré aussi en combiné, champion du monde par équipes en 2017, 13ème du classement général de la coupe du monde en 2017 (KMSP).

Même si elle est Australienne par son père, la double championne du monde de géant Tessa Worley (28 ans) ne piaffe pas non plus sur le chemin de la piscine : « Pour être honnête, j’évite d’y aller, sauf si les longueurs m’aident doucement à revenir de blessure. Même s’il paraît facile au premier coup d’œil, ce sport est très technique, trop pour moi. » Et si la technique n’est pas l’atout numéro 1 du descendeur Johan Clarey (36 ans) et ses 100 kg, la natation lui permet de « faire du cardio tout seul pendant une heure de crawl. Même si ma carcasse de 100 kg me plombe dans l’eau, j’aime les sensations de glisse. J’aime en ressortir totalement shooté et relaxé. Aucun autre sport ne me procure cette sensation. » Seizième sur 50 km aux championnats du monde en 2017, le fondeur Clément Parisse (23 ans) ne partage pas l’avis de Clarey et confie « nager comme un caillou. Très vite comme je ne sais pas respirer, je livre un combat perdu d’avance avec l’eau. Nager 45 minutes est une vraie « bavante » (une suée). A choisir, je préfère me lancer dans trois heures de ski fond à travers la forêt. » Adepte du combiné nordique, Maxime Laheurte (32 ans) préfère également évoluer en extérieur. « En 2013, en voulant préparer le triathlon de Gérardmer, sans avoir vraiment appris à nager, je m’entraînais dans le lac. En fait, les nordiques n’aiment pas faire du sport enfermé. Faire des longueurs en piscine n’est donc pas notre truc ».

Tessa Worley (28 ans), championne du monde en 2013 et en 2017, vainqueur de la coupe du monde en 2017 (KMSP).

Même son de cloche du côté de la surfeuse Nelly Moenne-Loccoz (27 ans) préférant l’horizon des montagnes. « Quand je m’entraînais pour les deux kilomètres du lac d’Annecy, pour casser la monotonie, je faisais l’aller en crawl et le retour en brasse. Ma nage préférée reste le papillon. Techniquement, je maîtrise mais au niveau du souffle, souvent, je coince. Et une fois en piscine, j’ai l’impression d’étouffer, ce qui est moins le cas quand je nage le nez au vent. » Vite essoufflée aussi happée vers le fond du bassin à cause de sa dense musculature, l’as du ski-cross Ophélie David (41 ans) voit la natation « à travers un masque, un tuba, en mer et en Corse ! Tournicoter dans l’eau entre son bleu et celui du ciel jusqu’à ne plus savoir où je suis, j’adore. La piscine, je déteste ! Dommage parce que la natation est vraiment le sport idéal pour faire de l’endurance sans se mettre les genoux en miettes. »

A PyeongChang (Corée du sud), Sophie Greuil

 

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