Charlotte Bonnet, la brasseuse, veut s'affirmer sur des championnats de France de Rennes. A partir de ce dimanche 11 juin, la protégée de Philippe Lucas va lancer une édition particulière, non sans ambition. La Niçoise espère la qualification aux championnats du monde de Fukuoka, mais pas exclusivement. L'occasion de revenir sur sa préparation et sa progression dans sa nouvelle nage de prédilection.
- Qu’attends-tu de cette semaine, ici, aux championnats de France de Rennes ?
Eh bien de me qualifier sur les distances assez nouvelles pour moi, surtout quand je m’aligne sur des championnats de France comme ça. Je veux valider mon ticket pour les championnats du monde, faire un ou deux petits temps sympas et ce serait cool.
- Tu as déjà été en forme sur les compétitions de préparation, notamment à Saint-Germain-en-Laye avec le record de France du 100m brasse. On imagine la volonté d’améliorer encore ce temps…
L’objectif premier est vraiment de me qualifier. Mais pour me qualifier, il va falloir que je fasse des records de France donc je suis obligée. Surtout sur de la brasse, les temps sont plus élevés que les records de France actuels. J’ai travaillé pour, donc il le faut.
- Quand tu as passé 20 ans dans l’eau à courir après tes records en crawl, cela doit faire du bien de retrouver cela avec la brasse désormais…
Oui, c’est ce que je disais, j’avais atteint en crawl un niveau : finaliste mondiale avec mon meilleur temps. Tu ne peux pas améliorer ton temps à chaque fois, ce n’est pas possible. Et encore j’étais arrivée à un niveau pendant deux/trois an où j’ai stagné, je n’ai jamais refait mes temps. Le fait de changer, passer sur une autre discipline et avoir du renouveau, cela fait du bien.
- Donc, une énième fois on te repose la question : le crawl, c’est terminé ?
Cette année, pas de crawl (sourire), ça c’est sûr. Après, je n’ai pas fermé la porte définitivement sur l’année prochaine. Mais pour l’instant je ne retrouve pas cette motivation et cette envie. Je pensais que ça allait revenir sur les championnats de France. Je pensais que j’allais m’aligner sur le 200m, mais finalement non.
- Même sur des relais ?
Je reste à disposition sur les relais. Là, les critères font qu’il faut que les relais partent. Je ne suis pas inscrit sur le crawl pendant les France, donc cela veut dire qu’il faut qu’il parte sans mon temps. Après, on verra sur place si mon programme le permet et, en tout cas, j’ai dit à l’équipe que j’étais dispo. Relais quatre nages, c’est sûr !
- Comment mesures-tu tes progrès en brasse ?
C’est dur de dire que j’ai plus progressé sur une partie. Je m’entraîne aussi sur du 4 nages pour ne pas faire que de la brasse et que me blesser. Je ne peux pas trop quantifier, savoir sur quelle partie, mais c’est global. Je me suis énormément entraînée, on a beaucoup travaillé avec Philippe (Lucas, son entraîneur). Délaisser le crawl, mis à part en aéro et en récupération, c’était un gros changement et ça a puisé. Aux étapes du MareNostrum, je n’avais plus d’énergie. Mais c’est un challenge, j’arrive ici et ça va être un vrai défi de me qualifier. Avant, j’arrivais sur le 200m nage libre et je me disais que c’était dans la poche, je n’avais pas forcément la concurrence, le temps je l’avais fait 100 fois. Là, ce n’est ni l’un, ni l’autre.
- Est-ce que cela te ramène quelques années en arrière quand tu étais plus jeune ?
Quand tu es plus jeune, c’est différent car tu as l’impression que tu peux tout faire sans avoir mal, entre guillemets, tu te poses moins de questions. C’est complètement différent. Aujourd’hui j’arrive sur des distances où ce sont les filles qui m’attendent, ce n’est pas ma course. C’est comme si j’étais sur du 200m crawl et qu’il y avait une jeune qui arrivait et qui nageait 1’56-1’55.
- Est-ce justement cette adversité qui t’a manqué ?
Peut-être. Il y a plusieurs facteurs. J’étais arrivé à un moment au 200 crawl où même s’il y avait une jeune qui avait fait 1’54 en France, j’aurais arrêté. Je sais que le 200m de Rome a été décisif. Le 100m brasse était arrivé en fin de semaine, servi sur un plateau.
- Penses-tu que la brasse t’a permis d’ajouter un atout de plus dans ton arsenal ?
J’ai l’impression d’être polyvalente et j’ai ajouté la brasse et le 4 nages à ce que je savais faire. Je sais au fond de moi que si je reprends l’entraînement sur le 200m, je peux faire 1’56. Après, refaire 1’54, peut-être pas demain, cela ne vient pas comme ça. C’est quelque chose d’inné en moi, j’ai ajouté des outils à ce que je savais faire. Mais est-ce que je suis 100% brasseuse ? Pour moi, le record de France, il ne signifie rien. Ce n’est pas méchant, mais si j’atteins mes objectifs, je compte vraiment le descendre. Aujourd’hui, 1’07"9, ce n’est rien, cela ne veut rien dire.
- Donc qu’est-ce que tu vises cette semaine ?
J’aimerais bien faire deux records de France et me qualifier sur les championnats du monde.
Recueilli à Rennes par Louis Delvinquière