Ce premier jour des championnats de France de natation a d’abord été marqué par l’hommage rendu par le public breton à Véronique Jardin-Gastaldello, la maman de Béryl, qui nous a quittés cette semaine des suites d’une longue maladie. Portés par des spectateurs nombreux et bruyants, les nageurs français ont ensuite brillé dans la piscine de Bréquigny. Sept d’entre eux ont d’ailleurs réalisé les minima demandés pour se qualifier pour les championnats du monde de Fukuoka (23-30 juillet 2023).
Charlotte Bonnet, championne de France du 200 m 4 nages en 2’10’’64
Charlotte Bonnet a embaumé de son sourire la piscine Bréquigny de Rennes, d’entrée de jeu, dimanche en début de soirée. La Niçoise a remporté le titre de championne de France du 200m 4 nages avec, à la clé, un ticket pour les championnats du monde de Fukuoka. Un soulagement qu’elle a confié à notre micro.
« J’ai envie de pleurer, je suis trop soulagée. J’avais beaucoup d’appréhension sur cette course, je savais que ce ne serait pas le chrono mais un combat à la lutte. Je suis tellement contente, c’était dur. Il y avait pas mal de pression, mais ce qui me faisait peur était de ne pas réussir à gérer ça. Quand j’ai vu que je n’étais pas loin de Fantine dans le dernier 50 m, je me suis dit qu’elle était pour moi. Je remplis une première case du défi que je m’étais donné à relever. J’ai l’impression d’avoir relâché cinq kilos. J’ai tellement travaillé dur le 4 nages que je m’étais interdit de ne pas me qualifier. C’était impossible. »
Photo: KMSP/Stéphane Kempinaire
Fantine Lesaffre, vice-championne de France du 200 m 4 nages en 2’11’’59
Longtemps en tête de la course, Fantine Lesaffre a finalement été devancée par sa copine Charlotte Bonnet. Mais l’essentiel était ailleurs. Après deux années difficile et un retour dans les bassins en septembre dernier, la championne d’Europe 2018 du 400 m 4 nages était heureuse de pouvoir retrouver l’équipe de France cet été.
« Aujourd’hui j’avais besoin de me qualifier pour me rassurer. J’ai connu des années difficiles et j’ai repris la natation il y a à peine un an. Je suis qualifiée et je réalise mon meilleur temps. Je ne retiens que le positif et je ne ressens pas de déception de ne pas m’imposer aujourd’hui. Je suis qualifiée pour les Mondiaux et je suis plus relâchée pour la suite de la compétition. Je savais qu’on était trois pour deux places. Il fallait s’engager. J’étais un peu crispée et je n’imaginais pas Cyrielle me rattraper autant après la brasse. J’avais mal aux cuisses et je n’ai pas gérer ma course comme je le fais habituellement sur cette distance. J’ai commis des erreurs mais je sais comment les corriger. »
Photo: KMSP/Stéphane Kempinaire
Logan Fontaine, champion de France du 400 m nage libre en 3’46’’60
Logan Fontaine est décidément inarrêtable en bassin cette année. Le Normand des Vikings de Rouen a été chercher le sacre sur 400m nage libre avec un meilleur temps explosé de plus de deux secondes (3’46"60). Malgré la fatigue, le protégé de Philippe Lucas et Bertrand Bompieyre a tenu bon.
« Cela fait du bien car ces dernières semaines je n’étais pas du tout au top de ma forme. Je suis parti assez vite, Joris encore plus vite, mais quand j’ai relancé ça a plutôt bien répondu, donc c’est cool. Ce matin je m’étais précipité sur la première partie de course et là j’ai essayé de placer les choses. Ça m’a permis de mieux accélérer sur la fin. La saison commence à être un peu longue mais il ne faut rien lâcher et ce genre de temps fait du bien au moral. J’ai essayé de faire abstraction de mes sensations et ça libère. Le temps est rassurant pour la suite, je vais peut-être me poser moins de question et mieux dormir (sourire). »
Photo: KMSP/Stéphane Kempinaire
Marie Wattel, championne de France du 100 m papillon en 57’’34
Particulièrement stressée et en manque de repères avant le début de ces championnats de France de Rennes, Marie Wattel s’est rassurée d’entrée en s’imposant avec la manière sur 100 m papillon.
« Je suis extrêmement soulagée. J’ai passé une journée compliquée et j’étais stressée parce que je ne savais pas où j’en étais. Ce matin, j’ai trouvé ma performance moyenne compte tenu de mon niveau d’engagement. Je me suis dit que cette après-midi en finale, je devais tout donner et mettre les petits plats dans les grands. Je reviens de loin et je suis contente. Aujourd’hui, en chambre d’appel j’avais la boule au ventre. C’est bien de l’avoir aussi et je me suis même dit que c’était bon signe parce qu’en général je ressens ça dans les grands moments. Je suis vraiment contente de l’issue de cette première journée. Maintenant ça va être un peu plus de plaisir. »
Photo: KMSP/Stéphane Kempinaire
Anastasiia Kirpichnikova, championne de France du 400 m nage libre en 4’08’’70
Anastasiia Kirpichnikova est fière. Elle devrait la tenir sa première sélection en bassin avec l’équipe de France. Quelques semaines après sa naturalisation française, celle qui s’entraîne à Martigues avec Philippe Lucas a terminé deuxième du 400 m (4’08"70), mais première tricolore derrière Anna Egorova, synonyme de premier titre de championne de France. Une fierté évidente pour la jeune licenciée montpelliéraine, intimidée devant autant de micros tendus devant elle.
« Je suis ravie, ce premier titre est très important pour moi. J’ai beaucoup d’émotions, j’attends cela depuis très longtemps. Je suis qualifiée en eau libre, sur 5 et 10 km et maintenant en bassin avec le 400 m. J’espère encore un peu mieux avec le 800 m et le 1500 m. Maintenant c’est plus facile de s’entraîner car j’ai la motivation de faire les championnats du monde avec la France. La France est mon deuxième pays, c’est ma maison. Je veux gagner plein de médailles pour la France. »
Photo: KMSP/Stéphane Kempinaire
Léon Marchand, champion de France du 200 m brasse en 2’06’’59
Léon Marchand a, comme attendu, électrisé la piscine Bréquigny de Rennes, dès le premier jour. Sur 200 m brasse, le Toulousain a levé les foules pour conquérir le titre de champion de France avec, à la clé, une amélioration de sa meilleure marque nationale (2’06"59 contre 2’08’’76).
« C’était cool. Je suis parti un peu à fond, j’avais un peu de mal dans le dernier 50 m, mais c’est normal. C’est mon deuxième 200 m brasse vraiment affûté, dans cette belle piscine avec une belle préparation, je gagne deux secondes sur mon meilleur temps, donc c’est génial. Je m’approche tout doucement du record du monde, je pense que je pourrai le faire la prochaine fois sur 200 m brasse. Au premier 100 m, je n’entendais pas trop le public, mais au troisième 50 m, j’entendais tout le monde qui essayait de pousser. C’est rageant de ne pas pouvoir nager cette course aux championnats du monde car ça tombe vraiment mal pour moi. Avec un temps comme ça je pourrais faire partie des meilleurs. Mais je le garde pour l’année prochaine (aux Jeux olympiques de Paris). »
Photo: KMSP/Stéphane Kempinaire
Antoine Marc, vice-champion de France du 200 m brasse en 2’09’’68
Nager aux côtés de la star mondiale de la natation aurait pu l’intimider. Au contraire, Antoine Marc a semblé galvanisé par la présence de Léon Marchand dans cette finale hexagonale du 200 m brasse. Le brasseur alsacien a pris la deuxième place de cette course avec le minima pour les championnats du monde de Fukuoka en poche.
« J’essaye de chercher la gagne mais je suis content que Léon ait pris part à cette course. Un titre de champion de France sans lui n’aurait pas eu la même valeur. Je ne crois pas qu’il dispute cette épreuve aux Mondiaux en plus donc je serai le seul Français sur cette épreuve. J’ai à coeur de bien représenter mon pays et je suis très heureux de cette qualification. C’est un rêve depuis tout petit et je suis heureux de pouvoir le concrétiser. Je me l’étais promis quand j’ai perdu mon père en étant petit. Je suis content parce que ça peut perturber d’avoir un nageur aussi rapide à côté, mais je ne suis pas sorti de ma course. Je suis resté concentré sur ce que je faisais et il m’a tiré pour aller chercher ce temps-là. C’est un honneur de nager à côté du meilleur nageur du monde. »
Photo: KMSP/Stéphane Kempinaire
À Rennes, Jonathan Cohen & Louis Delvinquière