Il y a 10 ans, Marie Wattel décrochait sa première sélection en équipe de France dans la piscine Bréquigny de Rennes. Elle avait alors 15 ans et son insouciance avec elle. De retour en Bretagne cette année, la vice-championne du monde du 100 m papillon a un nouveau statut, de nouvelles certitudes mais aussi des doutes qui lui permettent de rester vigilante en toutes circonstances. C’est ainsi qu’elle visera une qualification pour les Mondiaux après une année où elle a beaucoup travaillé à l’entraînement.
Tu confiais récemment être un peu dans l’inconnu. Est-ce le cas à la veille de ces championnats de France ?
On n’est jamais sur de rien. Avant les sélections pour les Jeux olympiques de Tokyo, je doutais beaucoup mais je savais que j’avais fait le travail correctement. Je suis un peu dans la même optique. Ce n’est jamais bien d’être trop confiant. Chez moi, ça ne fonctionne pas en tout cas. Ce n’est pas parce que je ressens du doute que je n’ai pas confiance en mes capacités. Je reste vigilante parce que de part mon expérience je sais que les mauvaises surprises, comme les bonnes d’ailleurs, peuvent arriver. Je suis plutôt curieuse de voir où j’en suis.
Léon Marchand nous disait aujourd’hui qu’il avait besoin de ressentir un peu de doute également et il estimait le ratio à 70% de confiance et 30% de doute.
C’est vrai ! Il a raison. Bon je suis peut-être plus à 60-40 (rires)… Même peut-être à 50-50. Cette année, c’était assez particulier. Je me suis vraiment concentrée sur mon travail au quotidien à l’entraînement. L’important était vraiment de réaliser de bonnes séances. Je suis arrivée dans des compétitions avec pas mal de fatigue. Avec l’affûtage, je sens que l’énergie revient et j’ai hâte de voir ce que ça donne. Il y a un mois j’étais encore loin de mon meilleur niveau mais je sais que je dispose de cette capacité à revenir très vite. Le doute, c’est important. Ça permet d’être vigilant et de faire attention à chaque détail.
Que retiens-tu de tes performances lors des différentes compétitions de préparation ?
Je m’attendais à nager plus vite au Mare Nostrum. J’avais besoin de me rassurer. Ça fait toujours plaisir de réaliser de bons chronos un mois avant les championnats de France. Je m’attendais à nager plus vite mais j’ai donné le meilleur de moi-même et ce n’était pas le moment de remettre en question quoi que ce soit. Depuis septembre j’ai travaillé avec la meilleure intention possible et j’ai été honnête dans l’effort. C’est ça qui doit m’apporter de la confiance.
Photo: KMSP/Stéphane Kempinaire
Qu’as-tu changé concrètement à l’entraînement ?
J’ai fait plus de volume et pendant une longue période. J’ai déclaré forfait pour les Mondiaux en petit bassin à Melbourne en décembre et je n’ai donc pas relâché de septembre à juin. D’habitude, les championnats de France sont en avril et je m’affûte souvent en hiver. J’ai accumulé plusieurs mois de travail et je ne l’avais jamais fait de cette manière.
L’affûtage a donc fait du bien…
L’affûtage m’a fait beaucoup de bien. Après les Mare Nostrum, j’ai dit à Julien (Jacquier, son entraîneur) qu’on pouvait relâcher et qu’il y avait peu de risque (rires). Si ça ne marche pas cette année, beaucoup de choses m’auront servi pour l’année prochaine. Mais je reste confiante pour cette année.
Avec les championnats de France qui se tiennent à cinq semaines des Mondiaux, tu peux t’affûter une seule fois pratiquement.
C’est vraiment ce qu’on a décidé de faire. On a eu un gros bloc de travail, puis je me suis affûtée pour les championnats de France et après deux semaines de travail je vais de nouveau pouvoir relâcher avant les championnats du monde. J’étais plutôt contente que ça se passe comme ça. En mars-avril j’ai un peu de mal à être dans un bon état de forme. Ce format me convient bien.
Recueilli à Rennes par Jonathan Cohen