A la veille du 10 km de la Coupe du Monde de Doha, interview croisée avec Océane Cassignol et Logan Fontaine, tous deux encore juniors, sacrés champions du Monde en relais à Budapest en 2017, et pleins d’ambition pour cette nouvelle saison sportive.
Comment vous sentez-vous en ce début d’année 2018 ? Dans quel état d’esprit abordez-vous cette première compétition internationale de la saison ?
Logan Fontaine : Je me sens de mieux en mieux depuis le stage collectif en Turquie (14-28 février 2018). Nous avons bossé très dur avec Philippe Lucas. C’était un environnement différent de ce que je connais habituellement à Rouen, qui a brisé un peu la routine, avec une bonne émulation entre les nageurs de l’équipe de France. J’arrive à Doha en bonne forme et confiant.
Océane Cassignol : Je suis assez tendue. J’ai connu un début d’année difficile, avec un enchaînement de mauvais résultats. Je sais que je joue gros sur cette compétition pour la suite de la saison.
Quels seront vos objectifs sur cette étape de Coupe du Monde de Doha ?
O. C. : Mon objectif est de rentrer dans le « top 16 », pour garantir ma pré-qualification pour les championnats d’Europe de Glasgow. Ça serait un immense soulagement. Autrement, il me faudra réaliser des minimas en bassin d’ici les championnats de France de Gravelines (31 mai – 03 juin).
L. F. : Comme à chaque fois que je m’aligne au départ d’une course, je veux gagner. Et me jauger par rapport à la concurrence internationale. Mais je ne regarde pas tellement qui nage avec moi, je reste concentré sur ma course, avec ma stratégie.
Logan Fontaine laisse éclater sa joie après la victoire du relais mixte lors des championnats du monde de Budapest (KMSP/Stéphane Kempinaire).
Quelle sera la stratégie gagnante ?
L. F. : J’en discute encore avec mon coach, Damien Cattin-Vidal, qui a un gros vécu de nageur de haut niveau en eau libre. Nous continuons d’y réfléchir en analysant les spécificités du parcours.
O. C. : Il sera important de bien se placer dès le début de la course, bien partir, rester dans les pieds pour profiter de l’aspiration, et faire attention à éviter les mauvais coups. Aurélie (Muller) n’est pas avec nous, elle privilégie ses études, mais habituellement, j’aime bien être en course avec elle, il nous arrive de nous faire des signes pour nous encourager. Cette fois-ci, les encouragements se feront par téléphone le soir avant la course.
Hier, vous avez pu découvrir le parcours de la course en allant vous entraîner en mer, quelles ont été vos premières impressions ?
L. F. : Les tours sont courts (finalement 1 600 mètres et non 1 250 mètres, ndlr), il y aura donc beaucoup de bouées à passer. Cela promet une grosse bagarre pour le placement. Cela ne me gêne pas, j’aime plutôt ça !
O. C. : L’eau est chaude, cela accentuera forcément la fatigue sur un 10 km. Mais les conditions sont les mêmes pour tout le monde. Il faudra aussi être vigilant sur le comptage des tours, six au total, rester lucide, profiter des ravitaillements pour avoir des informations.
Océane Cassignol encourage ses partenaires du relais mixte pendant les Mondiaux de Budapest (KMSP/Stéphane Kempinaire).
Comment se profile la suite de la saison pour vous ?
O. C. : Difficile à dire, puisqu’une partie de ma saison va se jouer ici à Doha. Si tout se passe bien, l’objectif est de me qualifier aux championnats d’Europe de Glasgow ainsi qu’aux Euro Juniors. Aux championnats de France de Gravelines, Philippe Lucas voudrait aussi que je dispute mon premier 25 km.
L. F. : Nous allons continuer à nous entraîner dur jusqu’aux championnats de France en bassin et en eau libre fin mai. Cette année, j’aurai à cœur de faire un gros 1 500 mètres, de me rapprocher de la barrière des 15 minutes. Et de me qualifier aux championnats d’Europe de Glasgow, prioritairement sur 10 km et 5 km.
On sent un collectif France très soudé ici à Doha, avec une cohabitation des nageurs élites et des juniors.
L. F. : C’est vrai. Ce qui me plait, c’est que tout le monde est ici à égalité, on se parle tous d’égal à égal, peu importe le palmarès, il y a beaucoup de partage. Pour ma part, je suis encore jeune, mais j’ai déjà une certaine expérience des compétitions internationales, donc si je peux transmettre quelque chose aux plus jeunes qui visent une première qualification aux Euro Juniors, je le ferais volontiers.
O. C. : Ça donne davantage confiance d’être entourée d’un groupe nombreux, ça enlève aussi un peu de pression. Mais on reste tout de même focalisé chacun sur nos objectifs, notre propre course. Nous ne sommes pas en colonie de vacances, tout le monde prend ce rendez-vous avec beaucoup de sérieux.
Florian Lucas