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Championne d’Europe du 50 m papillon aux Euro de Glasgow en petit bassin en fin d’année 2019, Mélanie Henique semblait surfer sur cette vague en début d’année lorsqu’elle a cassé pour la première fois la barrière des 25’’ sur 50 m nage libre au FFN Golden Tour Camille-Muffat de Nice. Stoppée dans son élan par la crise sanitaire du coronavirus, la sprinteuse tricolore reste positive et tente de se maintenir en forme pour revenir encore plus forte dès que l’entraînement pourra reprendre. 

As-tu profité de ce confinement pour rentrer voir ta famille ? 

Je suis restée à Marseille. Je me suis dit que j’avais peut-être contractée le virus sans avoir de symptômes et mes parents sont assez fragiles donc je ne voulais pas prendre de risque. Et puis Marseille, c’est quand même plus sympa. 

As-tu pensé au départ que vous pourriez continuer à nager au Cercle sachant que c’est une structure privée ? 

On a demandé si c’était possible de continuer à s’entraîner par petit groupe. Mais ce n’était pas le cas. J’espère que la situation va évoluer dans les jours ou semaines à venir, mais je n’y crois pas trop. 

Tu étais sur une bonne dynamique depuis le début de saison. Comment as-tu vécu cet arrêt imposé ? 

Ça a commencé avec le stage qu’on devait faire à Ténérife en début d’année. On a pris la décision de l’annuler parce qu’il y avait des cas de COVID-19 et un hôtel a été mis en quarantaine. À partir de ce moment-là, on suivait l’évolution de la situation avec attention tout en poursuivant notre préparation comme si les championnats de France allaient avoir lieu. D’autant que c’était trois semaines avant le FFN Golden Tour Camille-Muffat de Marseille, qui a finalement été annulé. À ce moment-là, on savait que la probabilité que les championnats de France soient annulés ou reportés était très forte. On a rapidement été confiné par la suite. 

Tout a été crescendo. 

On essayait de prendre les nouvelles les unes après les autres. On est longtemps resté dans l’interrogation par rapport aux JO. Je me disais que la meilleure solution serait de les reporter sachant que les championnats de France avaient été décalés fin juin. Le report des Jeux est une bonne chose pour l’aspect sanitaire, mais aussi parce que ce n’est pas une simple compétition. C’est le travail de toute une carrière. Ça doit être un moment de joie et de partage et il faut prendre le temps de faire les choses bien. 

Tu étais donc favorable à ce report ? 

Je me dis que pour certains qui étaient prêts, c’est l’occasion de l’être encore davantage et de s’améliorer encore sur des détails. Pour ceux qui se sont blessés et qui n’étaient pas prêts, c’est une seconde chance. Il faut garder le positif. Dans un an, on aura une équipe de France solide aux Jeux olympiques et on pourra peut-être viser très haut. 

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Photo: KMSP/Stéphane Kempinaire

Personnellement, tu semblais prête. 

Je me compte dedans parce que tout était prêt. Il restait trois semaines d’affûtage et j’étais vraiment prête mais ce n’est pas grave. Je pense que tout le travail accumulé depuis la reprise mi-août va vraiment être bénéfique. Il s’est passé des choses extraordinaires et je pense que tout va se mettre en place et on va travailler pour être encore meilleur l’année prochaine. 

Que penses-tu des nouvelles dates choisies ? 

Les Jeux c’est souvent fin juillet-début août et je trouve que c’est bien que ça soit encore à cette période. Ça n’enlève pas le charme de cette compétition. Il va falloir bien gérer la planification et je pense qu’il sera quand même important de couper un peu cet été. En tant que sprinteuse, ça ne m’empêchera pas d’être performante. Mais on ne sait pas s’il va y avoir des championnats de France, des championnats d’Europe donc pour le moment on reste dans cette attente.

En tant que sprinteuse, as-tu peur de perdre ta technique et ton explosivité durant ce confinement ? 

Depuis que j’ai pris deux mois de vacances, je pense différemment. Tant que je reste active et que j’entretiens mon corps, je sais que je ne perdrais pas ma technique comme ça. Tout ce que j’ai acquis pendant ces années de travail restera là, même s’il va falloir retrouver certaines sensations. La clé est de rester positif. On est tous dans le même bateau. C’est une crise sanitaire mondiale. Et je pense à toutes les personnes qui continuent de travailler et pas seulement le personnel médical, mais aussi les caissiers, les éboueurs etc. Ces gens-là prennent des risques pendant que nous sportifs, pouvons continuer notre vie et poursuivre une activité physique en intérieur. 

Justement, as-tu une routine particulière ?

On s’est fait un planning parce que j’ai besoin de savoir où je vais et ce que je vais faire de mes journées. Le matin, je fais soit un footing soit de la corde à sauter. Je monte et descends les marches de ma résidence également. Ça me permet de rester en forme, notamment pour garder mes coulées. Je tire ça de mes nombreuses blessures à l’épaule. Le matin, c’est plus accès sur l’aéro et essayer de ne pas trop prendre de poids. L’après-midi, c’est davantage des choses qui me font du bien comme le yoga, le pilate. Je fais également des circuits training avec des poids que j’ai eu la chance de prendre au Cercle des Nageurs de Marseille avant le confinement. 

Photo: KMSP/Stéphane Kempinaire

Tes journées sont donc plutôt bien remplies. 

À côté de ça, je trouve aussi de nouvelles occupations. J’ai récemment appris à jouer de la guitare et j’essaie tant bien que mal de continuer. Je m’occupe de mon chien, je lis, je me repose aussi parce que je sais que je vais avoir besoin de ce stock d’énergie à la reprise. 

Es-tu en contact avec le staff du CNM ? 

On a la chance d’avoir un staff très présent pour nous. Le préparateur physique nous fait des programmes avec ou sans matériel. Tout ça nous aide mentalement parce qu’on sait qu’ils sont là pour nous. Au niveau de la planification, on ne sait pas si la saison va se poursuivre ou pas et on est forcément dans le flou, mais on arrive tous ensemble à garder le moral en restant dans l’instant présent. 

Jusqu’à quelle date vous êtes-vous projeter pour ce planning d’entraînement ? 

Personnellement, je pense que ça va durer jusque début mai. On s’est dit que pendant les quinze premiers jours de confinement, il fallait qu’on en profite pour se reposer et faire un break. J’ai lavé de fond en comble mon appartement, j’ai fait un peu de bricolage sur mon meuble télé. C’est des choses qu’on a pas le temps de faire le reste de l’année et ça rend la période un peu plus facile à vivre. 

Finalement, tu essaies de vivre cette période comme des vacances ? 

Je pense que c’est la meilleure des solutions parce que si on commence à paniquer, ça risque d’être difficile. Personnellement, j’essaie de rester sereine même si c’est parfois compliqué. Ça va bien se terminer un jour. 

Recueilli par J. C.

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