Vainqueur de la coupe de France d’eau libre en 2019, Alexandre Verplaetse est à sec comme l’ensemble du pays. Il y a quelques semaines déjà, à plusieurs milliers de kilomètres de l’Hexagone, il s’était confronté aux mesures prises en raison de la pandémie du coronavirus.
Le nageur d’eau libre s’est mué en spécialiste en aviron. Si les deux sports apprécient les mêmes terrains de jeu, il n’est pas question pour Alexandre Verplaetse de sévir dans un lac, une rivière ou toute autre étendue d’eau. Privé d’entraînement actuellement, le vainqueur de la coupe de France 2019 s’est acheté un rameur qu’il a installé dans le garage de ses parents, à Dijon. Il y a installé aussi une barre pour faire des tractions. Gainage, abdos et renforcement musculaire sont aussi au programme du protégé de Magali Mérino. « On a gardé un programme assez chargé. L’idée est de revenir en forme et d’être d’attaque quand on reprendra les entraînements », souligne le Côte-d’Orien, roi de l’adaptation.
(D. R.)
Si son quotidien est, comme tous les Français, perturbé par la pandémie liée au coronavirus, Alexandre Verplaetse avait déjà eu le droit à un apéritif. Une première mésaventure, conséquence directe de ce fléau. Avant même que le gouvernement prenne toutes les mesures actuelles. Au côté des Axel Reymond, Océane Cassignol, Lara Grangeon et d’une délégation tricolore d’une vingtaine de personnes, le Bourguignon de 19 ans devait participer à la manche de coupe d’Europe d’Eilat, en Israël. Mercredi 4 mars, tous s’envolent depuis Roissy en direction de Tel Aviv. Avec une excitation particulière pour « Alex » qui allait porter pour la première fois une tenue estampillée « France ».
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Mais une fois arrivée sur le sol israélien, première surprise. Le gouvernement local a prononcé l’interdiction pour les Français et les ressortissants de plusieurs autres pays européens d’entrer sur le territoire de lutter contre la propagation du coronavirus. « On a vu ça sur nos téléphones en arrivant dans la queue à la douane. Forcément, on se demande si on est concerné ou pas », se rappelle celui qui est licencié à Sarcelles depuis cette année. La délégation bleu-blanc-rouge passe finalement la frontière, grimpe dans un car pour Eilat et les bords de la mer Rouge. Le lendemain matin, Alexandre Verplaetse et ses collègues s’entraînent normalement, préparent le 5 kilomètres du vendredi, puis le 10 bornes du dimanche. La machine va alors s’emballer. « A midi, on a été informé qu’on était plus les bienvenus en Israël et il fallait qu’on parte le plus tôt possible. Notre vol retour était prévu le dimanche après la course, mais ça pour le ministère, ce n’était pas envisageable et il fallait qu’on reparte rapidement », rapporte l’intéressé.
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Les premières consignes indiquent que les Français vont être acheminés tôt le vendredi matin vers Tel Aviv. Ils profitent alors du dernier après-midi au soleil, dans leur hôtel au contact des autres nations. Certaines pourront rester. Puis, nouvelles directives. Dès le jeudi, tard le soir, ils doivent remonter dans le bus pour regagner l’aéroport. « Avec nos tenues, on voyait qu’on parlait de nous. C’est un sentiment étrange, tu sens que tu n’es pas désiré. Après, les autorités nous ont traités comme n’importe quel passager. On ne portait pas de masque, on n’a reçu aucune consigne si ce n’est celle de partir le plus vite possible », mentionne Alexandre Verplaetse, forcément touché par la situation. « On a un peu l’impression d’être jeté dehors alors qu’on n’a rien, personne n’était malade. »
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Finalement, le vendredi, avant même les 6 heures du matin, ils montent dans un avion en direction… d’Athènes (Grèce) avant de regagner Roissy. « On a eu la chance de ne pas être mis en quarantaine, on a juste été expulsé, ce n’est déjà pas si mal », ironise Alexandre Verplaetse qui, sauf incroyable retournement de situation, n’est pas prêt de retrouver une étendue d’eau. Le rameur dans le garage de ses parents devrait donc encore fonctionner un moment…
La rédaction