Le duo olympique de natation synchronisée, Laura Augé et Margaux Chrétien, s’exprime à trois semaines seulement des Jeux Olympiques de Rio (14-16 août).
Que ressentez-vous à l’approche de vos premiers Jeux Olympiques ?
Margaux Chrétien : C’est mon rêve depuis toute petite. Les Jeux représentent l’aboutissement de ma carrière sportive.
Laura Augé : Les Jeux, c’est l’apothéose, ce dont j’ai rêvé toute ma vie et j’y pense tous les soirs avant de m’endormir. Ça représente la finalité de ma carrière de haut niveau. En plus, on a la chance de participer à la cérémonie d’ouverture, ce qui me rend très heureuse ! J’ai des frissons rien que d’en parler. Souvent avec Margaux, on se regarde dans les yeux et on se dit : Rio ça se mérite !
Vous avez obtenu votre qualification au mois de Mars à Rio dans l’enceinte olympique. Comment avez vous trouvé les installations ?
M. C. : La piscine n’est pas forcement très moderne mais elle est très belle parce qu’elle est en découvert. C’est un beau bassin, très impressionnant et qui dispose d’une grande capacité d’accueil. En mars, il faisait très chaud et les conditions étaient particulièrement difficiles. Mais en août, la température devrait être moins élevée.
L. A. : La piscine est très belle et l’endroit magnifique. Je suis d’accord avec Margaux pour dire qu’elle n’est pas assez moderne, mais je pense que pour les JO elle sera mieux aménagée.
Avez-vous rencontré des difficultés dans votre préparation olympique ?
M. C. : C’était une année un peu spéciale pour moi. Pour la première fois de ma carrière, je me suis blessée. J’ai eu une bursite à l’épaule, puis une tendinite. La gestion de cette période a été particulièrement compliquée puisque j’ai dû arrêter les entraînements, effectuer des séances de kiné puis reprendre les entraînements en douceur. Depuis fin juin, cela va beaucoup mieux.
L. A. : Sur le plan mental, c’est toujours difficile de tenir dans la durée mais Julie, notre entraineur, nous a préparé à gérer ca. Notre amitié est un atout pour nous, même si ça peut parfois nous perturber et avoir un impact sur notre professionnalisme à l’entraînement. Depuis dix ans que l’on nage ensemble, nous avons appris à gérer cet aspect pour ne pas que ça influe sur nos performances.
Votre classement lors des différentes compétitions a été aléatoire par rapport aux années précédentes. Est-ce une source de stress supplémentaire ou une motivation pour bousculer la hiérarchie ?
M. C. : Je suis persuadée que les Jeux Olympiques seront très intéressants pour nous. On a tout à prouver, parce qu’on n’arrive pas dans une position confortable. Les Mexicaines nous ont battues à l’Open d’Espagne deux mois avant le début des Jeux Olympiques. Mais, ce qui nous rassure, c’est qu’aux compétitions de références, c’est à dire le tournoi de qualification olympique et les championnats d’Europe de Londres, on était devant toutes nos concurrentes. On reste confiantes !
L. A. : C’est vrai que cette année les résultats n’étaient pas stables. On n’a pas l’habitude et personnellement j’ai ressenti un stress négatif. Nous avions peut-être davantage d’espoir de grappiller des places et nous avons ressenti de la pression. Au fond de moi je suis sûre qu’on va réussir à la transformer de manière positive. Nous ne pouvons pas connaître le classement à l’avance et c’est ce qui fait aussi la beauté du sport et particulièrement des Jeux Olympiques.
Votre entrée dans la compétition approche. Ressentez-vous de plus en plus de stress ?
M. C. : Je ne suis pas plus stressée que ça. J’ai surtout hâte de vivre cette expérience magique. Je sais que Laura est un peu plus stressée donc j’essaie de l’aider à relativiser. On a vu une préparatrice mentale toutes les deux ensemble, mais aussi moi toute seule, pour apprendre à gérer ce genre d’émotion. Julie nous aide beaucoup aussi sur ce sujet grâce à son expérience. Durant l’année j’ai ressenti ce stress quand je me suis blessée. C’était inconnu pour moi et j’ai eu peur que ma saison soit perturbée. Finalement quand on revient d’une blessure on est plus forts et déterminés !
L. A. : Cette année, je n’ai pas vraiment ressenti de stress supplémentaire. J’ai surtout eu l’impression et l’envie de profiter de chaque instant et de m’entrainer avec concentration et productivité. Mon objectif n’a jamais changé. Je ne veux pas perdre une seconde d’entrainement afin de progresser au maximum et d’atteindre notre meilleur niveau avec Margaux. Je n’ai pas ressenti le besoin d’avoir un suivi mental parce que j’ai passé une année très agréable en dehors des entrainements ce qui m’a permis de couper et d’être vraiment concentrée au maximum quand je venais à la piscine. Depuis quelques semaines je sens le stress monter donc j’en parle à mes proches, à Margaux, à Julie et j’essaie de prendre sur moi pour que ça devienne une force dans l’eau.
Vous avez réussi à décrocher votre qualification. Quel est votre objectif à Rio ?
M. C. : Le top huit. Sans parler de classement, notre objectif est de réaliser notre meilleure performance. Si à notre premier passage nous sommes au dessus, notre rêve est de battre le Canada en obtenant la septième place. Mais pour le moment on reste concentrées sur le top huit.
L. A. : Clairement, c’est de rester dans le top huit, comme aux championnats du Monde de Kazan en 2015 (huitième en duo libre et neuvième en duo technique, ndlr). Cette année, la concurrence est importante, avec en première ligne la Grèce, le Mexique et l’Autriche. Les Américaines ont également beaucoup progressé. Nous sommes cinq duos pour une seule place. Notre objectif est d’être les meilleurs de ce groupe.
Recueilli au Puy-en-Velay par Iphinoé Davvetas