Aller au contenu principal

L'été approche. Déjà, son ombre chaude et apaisante se profile à l'horizon. Encore quelques semaines et vous relâcherez les tensions accumulées tout au long de l'année sur les plages de France. Le rêve... Pas pour tout le monde ! Les sauveteurs des séries télé l'ont popularisé, mais aujourd'hui le sauvetage est une discipline sportive à part entière qui se caractérise par la diversité de ses épreuves. Il se pratique en plein air et en piscine et contribue, chaque année, à sauver des vies. Découverte lors d'un entraînement de l'association des secouristes de la côte d'Emeraude à Dinard.

« Ce n'est pas évident à expliquer. C'est un sport complet avant tout, nous ne sommes pas uniquement des nageurs », commence Alain Gérard, 57 ans, licencié à l'association des secouristes de la côte d'Emeraude de Dinard. Ici, pas question de jouer à Alerte à Malibu et de parader sur les plages ou en bord de bassin en maillot de bain rouge. Pourtant, les images d’Epinal leur collent à la peau plus sûrement qu’une combinaison de compétition. Pour un néophyte, impossible de ne pas avoir à l’esprit la série aux célèbres sauveteurs californiens avant d'assister à la séance. Il est un peu plus de 20 heures, à la piscine municipale de Dinard, l'équipe seniors de l'ASCE est déjà à pied d'œuvre. Une fois l'échauffement achevé, le groupe enchaîne les éducatifs sous la houlette de Christophe Campos, l'un des coaches de l'association. « On démarre par une base de natation assez standard avant de travailler les exercices spécifiques avec équipements (palmes, bouée tube) ou le rétropédalage, l'apnée. Ce soir, on termine par un 400 mètres bouée tube clipsé sur mannequin ».

(FFN/Céline Diais)

En compétition d'eau plate, les épreuves individuelles ou en relais sont basées sur le sprint et la vitesse et ne dépassent pas les 400 mètres. « On est quasiment sur du sauvetage opérationnel, mais le but c'est d'aller vite », explique Maxime Poutriquet, coach bénévole au club et agent de développement et de promotion du sauvetage sportif auprès de la Ligue de Bretagne. Au choix, les sauveteurs s'affrontent sur 100, 200 ou 400 mètres avec obstacles, 50 mètres mannequin, 100 mètres mannequin avec palmes, 100 mètres combiné de sauvetage, 100 mètres mannequin avec palmes et bouée tube et 200 mètres super sauveteur. « Allez on repart pour un 50 mètres crawl à un bras ». Bizarre le sauvetage sportif ? Non, surtout très physique. La quasi-totalité des distances se parcourant avec des contraintes, le crawl à un bras permet d'être le plus rapide lors de certaines épreuves de remorquage. Le sauveteur tient alors le mannequin par la nuque et nage avec l'autre bras. Autant dire qu’il faut quelques heures d’entraînement au compteur et pas mal d’expérience pour maîtriser ce genre d’exercice ô combien éprouvant.

(FFN/Céline Diais)

En attendant les beaux jours, les sauveteurs dinardais comme la plupart des autres licenciés s'entraînent en piscine pour préparer ces épreuves d'eau plate. Ensuite, direction la mer pour performer en épreuve côtière, avec ou sans embarcation, à pied ou dans l'eau. Tout bon sauveteur sportif se doit alors d'être athlète, nageur et pagayeur. Ils peuvent, ici, s'affronter en sprint sur le sable (90 mètres) ou en relais sprint. Encore plus spécifique à la discipline, la board race, une course autour de bouées avec la planche de sauvetage ou l'ironman race. Considérée comme l'épreuve reine du sauvetage côtier, il faut, cette fois, enchaîner les épreuves de nage, planche et surfski (kayak). Même si la liste des épreuves peut effrayer les candidats les moins aguerris ou les novices, Maxime Poutriquet se veut rassurant : « La notion d'équipe est très importante. Sans les autres, un sauveteur n'est rien ». Et chaque athlète ne participe pas à toutes les épreuves.

(FFN/Céline Diais)

Celui qui pratique ce sport devient aussi autonome et responsable en milieu aquatique. Il saura nager, se sauver et sauver autrui. « C'est la philosophie de tous les sauveteurs sportifs. On travaille d'ailleurs à développer toutes ces compétences. 80 % de nos licenciés sont aussi sauveteurs opérationnels. Nous les formons nous-mêmes. Comme tous les clubs affiliés à la fédération, nous avons la particularité d'avoir un double ministère de tutelle, le ministère des sports pour la partie sportive et le ministère de l'intérieur pour la partie secourisme. Dès 16 ans, une grande majorité de nos licenciés participent comme secouriste à des évènements sportifs (matchs de foot, festivals, marathon). A 18 ans, ils peuvent passer le BNSSA ». Résultat, les sauveteurs sportifs possèdent toutes les qualités pour devenir de bons sauveteurs en mer. « J'ai commencé ce sport, il y a six ans. Ça aide énormément sur toutes les techniques de natation et de sauvetage », confirme Jérémy Delisle, 23 ans, sauveteur en mer et sapeur-pompier.

(FFN/Céline Diais)

En plus d'être un sport ludique et varié, le sauvetage sportif est aussi une activité citoyenne qui peut être pratiquée par tous et à tout âge. Le discipline est indissociable de la connaissance des gestes de premiers secours. La philosophie et les premières notions de sauvetage sont enseignées dans la plupart des clubs français aux tout-petits à l'école de sauvetage. « A Dinard, nous les accueillons à partir de 6 ans. On axe là-dessus. L'objectif du club est de les former jusqu'à 12 ans, puis de les inviter à passer tous les niveaux de secourisme. L’école de sauvetage, c’est savoir nager, se sauver, sauver les autres. C’est l’école de la vie et c'est un sport qui rassure les parents », conclut Alain Gérard.

A Dinard, Céline Diais

 

UN PEU D'HISTOIRE

Le sauvetage sportif s'est développé de façon parallèle en Australie et en Europe mais de manière différente. Dans l'hémisphère Sud, la discipline est née au début du 20e siècle avec le début de la baignade de loisirs. Face aux dangers, des bénévoles se sont organisées pour sécuriser les plages. Les premières sociétés de sauvetage ont vu le jour, avec dans la foulée des entraînements spécifiques et les premières compétitions. Les Australiens ont commencé à codifier les épreuves de sauvetage sportif côtier. On retrouve les premières rencontres à Bondi Beach (Sydney) dès 1906. A l'inverse, en Europe et notamment en France, le sauvetage sportif s'est d'abord développé en milieu fermé (piscine). Le français Raymond Pitet est à l'origine de la première compétition de sauvetage en eau plate disputée en 1902. Des épreuves avec les mannequins dans les barques sont ainsi disputées en piscine. Pendant les premières années, la discipline est très liée à la natation. Deux organisations internationales ont coexisté jusqu'en 1993. A cette date, la W.L.S. (à laquelle on rattache le sauvetage côtier sportif, discipline de l'hémisphère Sud) et la Fédération Internationale de Sauvetage aquatique fusionnent pour devenir l'International Life Saving Federation. Depuis, le championnat du monde unique regroupe épreuves en piscine et épreuves en mer.

LE SERC, UNE EPREUVE DE SIMULATION TYPIQUE DE LA DISCIPLINE  

Les compétitions se disputent par équipe de douze composées de six femmes et de six hommes. En plus des relais et des courses individuelles, en piscine lors des championnats de France, d'Europe et du monde, les seniors s'affrontent sur une épreuve bien spécifique : le SERC pour « Simulated Emergency Response Competition ». Il s'agit d'une épreuve de simulation de situation d'urgence. Elle fait le lien entre le sauvetage sportif et le sauvetage utilitaire. Les compétiteurs se retrouvent confronté à un cas concret d'accident aquatique présentant plusieurs victimes. Par équipe de quatre, ils doivent résoudre une situation de détresse, dans un temps limité. Exemples de scénarios rencontrés en compétition : une explosion a eu lieu dans le local chlore pendant un entraînement avec deux équipes de water-polo. Les joueurs n'ont rien entendu. Sauvez et mettez en sécurité les personnes. Dans un port, un jeune plonge et décide d'aller nager le plus loin possible ou encore quatre sauveteurs arrivent dans une piscine avec des personnes malentendantes à l'eau. Un problème survient, mettez-les en sécurité.

Partager la page