Quinzième de la coupe du Monde 10 km de Doha (Qatar) samedi 15 février, Lara Grangeon (CN Calédoniens) revient avec nous sur sa course, mais aussi sur sa préparation à Rouen et son regard sur la suite de la saison qui la conduira jusqu’aux Jeux olympiques de Tokyo.
Comment s’est passé ce premier 10 km de l’année ?
Je n’avais pas les capacités de faire mieux, j’ai donné le meilleur de moi-même, je pense que c’est ce qu’il faut retenir. Ce n’est pas le fait que l’eau était froide qui me dérange, c’est le port de la combinaison néoprène. Avec ce matériel, je n’ai pas de sensations, je ne me sens pas bien, un peu oppressée. J’avais du mal à accélérer, je n’avais pas mes sensations habituelles au niveau des bras, celles que j’ai lorsque je nage en combinaison tissu ou en maillot. C’est compliqué de nager dans ces conditions.
Malgré cela, quels enseignements tires-tu de cette course en vue des prochaines échéances en eau chaude ?
Le fait d’avoir pris le départ, c’était justement pour prendre de l’expérience dans un contexte relevé. J’ai essayé de partir doucement, parce que d’habitude je ne sais pas le faire, j’essaye toujours d’être proche de la tête, parce que j’ai peur qu’il y ait une attaque et qu’une échappée se forme. Aujourd’hui j’ai voulu faire l’effort de me cacher un peu derrière, de ne pas me mettre de pression par rapport à ça, consciemment, j’ai voulu rester derrière les deux premiers kilomètres et revenir petit à petit. L’idée était de partir doucement pour réaliser que la course ne se fait pas dans le premier tour. Quand ça commence à accélérer, je suis encore avec les filles. C’est vraiment les 1300 derniers mètres, lorsque le peloton de tête s’est détaché, là je ne pouvais pas accélérer. Je ne crois pas que c’était physique, c’était surtout lié à mes mauvaises sensations, ça ne me fait pas peur.
(FFN/Florian Lucas)
La forme semblait plutôt bonne. Tu restais sur de belles performances en bassin et notamment lors du championnat de France 5 km indoor fin janvier.
Oui, je m’entraine bien. A Rouen, tout se passe bien, que ça soit avec l’entraineur, avec le groupe. J’aime les conditions que j’ai là-bas, la manière de m’entrainer. Après, il y a des choses qui me perturbent actuellement, c’est là-dessus qu’il va falloir que je travaille, pour être bien mentalement, pour être plus forte.
Qu’est-ce qui fait que tu te sens bien dans ton environnement rouennais ?
L’an dernier à l’INSEP, j’avais également un excellent groupe, avec des garçons avec lesquels je m’entendais très bien. C’est la même chose à Rouen, dans un groupe de garçons bienveillants, qui ont toujours un petit mot gentil, une attention. On s’entraine tous avec l’objectif commun d’être performants, avec des compétitions différentes en ligne de mire, certes, mais avec cette motivation commune. J’ai aussi la chance d’avoir un entraineur (Damien Cattin-Vidal) très à l’écoute, c’est un point fondamental pour moi. Chaque personne est différente, certains nageurs ont besoin d’être très cadrés ; moi, le fait d’être comprise me permet de faire les choses avec plus de sens. Je ne crois pas que ça soit une faiblesse de la part de mon entraineur de savoir m’écouter, la preuve, j’ai réalisé cette année des performances que je n’avais jamais faites. Il sait où il veut m’emmener, et j’ai toute confiance en lui.
(FFN/Florian Lucas)
Un petit mot sur Farès Zitouni, l’un de tes partenaires d’entrainement, qui a créé la surprise aujourd’hui en terminant 4e de la course et en se qualifiant ainsi pour ses premiers Championnats d’Europe.
Il s’entraine avec beaucoup de sérieux et montrait de belles choses ces dernières semaines au fil des séances, notamment depuis notre stage à Pretoria (Afrique du Sud) début janvier. Il avait vraiment fait de la Coupe du Monde de Doha son objectif. Il a super bien géré la pression. Tout le monde avait confiance en lui, dans notre groupe, on était tous conscients qu’il était capable de faire de belles choses. On est tous super contents pour lui et hyper fier de lui, car c’est une première pour lui à un tel niveau face à une telle concurrence. Je pense que ce résultat va lui donner beaucoup de confiance pour la suite. C’est aussi important pour notre groupe de voir que nous sommes dans la bonne direction.
Comment la suite de la saison va-t-elle s’organiser pour toi afin d’arriver la plus forte possible aux Jeux de Tokyo ?
Nous allons partir en stage en altitude à Font-Romeu, avant de participer à la Coupe d’Europe d’Eilat (Israël) début mars. Ensuite, il y aura les Championnats de France à Chartes en bassin, puis un stage et la Coupe du Monde aux Seychelles avec l’équipe olympique, une étape de Coupe de France en Martinique, et certainement d’autres compétitions internationales sur des Coupes du Monde ou d’Europe, afin d’enchainer des compétitions d’entrainement sans période de repos au cœur des grosses périodes d’entrainement. Pour être forte à Tokyo, il est important que je me sente forte, que j’aie confiance en moi, que je sente que l’on a confiance en moi. En tout cas, je donnerai le meilleur de moi-même. Comme je l’ai fait ici à Doha.
Recueilli à Doha par Florian Lucas