Avant de rejoindre les rangs de l’équipe de France et de briller lors des plus grandes compétitions de la planète, ils étaient de jeunes licenciés de la Fédération Française de Natation. Inscrits en club pour apprendre à nager, Grégory Mallet, Benjamin Auffret, Lisa Pou, Marie Annequin, Charlotte Bonnet et Rémi Saudadier ont tous connu ensuite un parcours et une histoire différente avec la FFN et l’équipe de France. Tous évoquent également un souvenir commun : celui de l’esprit convivial qui n’a jamais cessé d’animer les clubs de natation depuis cent ans.
Gregory Mallet, 36 ans, vice-champion olympique et champion du monde de natation
« J’ai pris ma première licence au Megaquarius club de Guyane en 1989-1990. J’avais six ans et mon unique ambition était de m’amuser avec mes copains. En Guyane, apprendre à nager était primordial pour pouvoir évoluer en toute sécurité. L’ambiance était vraiment conviviale. Pour moi, l’association a pour vocation de faire aimer la discipline. C’était le cas en Guyane. J’ai commencé à réellement m’intéresser à la natation à l’âge de 11 ans. À l’époque, le Martiniquais Julien Sicot était en équipe de France. Il a notamment remporté une médaille aux championnat d’Europe de Séville de 1997. C’était une star en Martinique ! Il y avait aussi les performances de Franck Esposito, Stéphan Caron, Xavier Marchand, le titre de Roxana Maracineanu à Perth en 1998. À ce moment-là, la natation a pris une autre ampleur et j’avais envie de prendre part à des compétitions importantes. Quand j’ai intégré l’équipe de France, nous disposions d’une génération incroyable. Avec son titre olympique d’Athènes, Laure Manaudou nous a fait prendre conscience que la victoire était possible. Avec les relais, nous avons ensuite amené une dimension collective à ces succès. On ne se rendait pas compte de faire partie d’une génération dorée sur le moment. La concurrence nous a permis d’élever le niveau d’exigence. Je ne sais pas ce qu’on représente aujourd’hui pour les jeunes, mais je souhaite vraiment être dans le partage avec eux sur ce que nous avons vécu, notamment sur la manière de gérer un grand événement et comment rebondir après une expérience réussie. »
Grégory Mallet (KMSP/Stéphane Kempinaire).
Benjamin Auffret, 25 ans, champion d’Europe de plongeon et quatrième aux Jeux olympiques de Rio
« J’ai commencé par la natation lorsque j’étais tout petit. Des bébés nageurs jusqu’à l’âge de 5-6 ans, j’évoluais au club de Saint-Fargeau-Ponthierry (77). J’ai encore des photos de moi lors de compétition de natation. Mais j’étais déjà une crevette. Physiquement, je prenais davantage de plaisir en gymnastique. Après avoir intégré le pôle espoir, une succession de blessures liée à une poussée de croissance rapide m’a contraint à arrêter la gymnastique. Je me suis fait virer du pôle, mais Lionel Barril, qui était mon coach, connaissait bien Alexandre Rochas, entraîneur de plongeon à l’INSEP. Il lui a demandé de venir me voir et pour moi, c’était un truc de fou, à 15 ans, de me faire superviser par un entraîneur de l’INSEP. Ça s’est bien passé et j’y suis entré en septembre 2010. A l’époque, Matthieu Rosset, Damien Cely et Audrey Labeau étaient des machines. C’était vraiment impressionnant de les voir plonger. Quelques mois plus tard, Matthieu et Audrey ont été sacrés champions d’Europe du Team Event. À l’entraînement, j’étais obligé de me donner à 400% pour me faire une place. Pour moi, cette génération a révolutionné le plongeon français. Il y avait une réelle émulation et une concurrence très saine entre nous. J’ai rapidement réussi à obtenir de bons résultats au tremplin avant qu’on me dise que je devais monter à 10 mètres pour être encore plus performant. En 2014, je dispute mes premières compétitions à cette hauteur. En 2015, pour mes premiers championnats du monde, je décroche ma qualification pour les Jeux. Un souvenir incroyable ! Lorsque je prends la quatrième place aux Jeux de Rio, je pratiquais le 10 m depuis deux ans seulement. »
Benjamin Auffret (Deepbluemedia).
Lisa Pou, 21 ans, quatrième du 25 km aux championnats du monde de Yeosu
« J’ai pris ma première licence vers l’âge de 7 ans à Antibes, mais j’ai appris à nager avec mon père quand j’étais plus petite, à Nice La Semeuse. Depuis que je suis enfant, j’évolue dans le monde de l’eau libre parce que mon père m’emmenait avec lui et ses nageurs lors des différentes compétitions. Je ne me suis donc jamais dit que j’allais pratiquer l’eau libre, ça s’est fait très naturellement. D’autant que l’ambiance était vraiment familiale et conviviale. Tout le monde s’entendait très bien. J’étais toute petite et malgré tout, les grands étaient adorables avec moi. Ça m’a donné envie de continuer et de rentrer dans l’équipe. Ça m’a beaucoup aidée. Quand je m’entraînais avec eux, je ne tenais pas les départs et les séries, mais j’étais motivée parce que j’aimais partager ces moments avec eux. Ce groupe a vraiment compté dans la construction de ma carrière. J’ai ensuite eu la chance d’intégrer les rangs de l’équipe de France junior et je me souviens très bien des championnats d’Europe en Suisse en 2015, où j’ai pris la deuxième place derrière Océane (Cassignol). Ensuite, nous avons été champion du monde junior avec le relais à Eilat en 2018 et, bien évidemment, il y a les championnats du monde de Yeosu en 2019, où l’on devient la meilleure nation mondiale. Ce sont d’excellents souvenirs partagés avec un super collectif. Nous sommes tous assez proches et je pense que dans la douleur, on crée des liens forts. Quand j’étais plus jeune, j’ai eu la chance d’être bien intégrée à chaque fois et je tiens à reproduire ça désormais avec les jeunes qui découvrent l’équipe de France. »
Lisa Pou » (KMSP/Stéphane Kempinaire).
Marie Annequin, 28 ans, capitaine de l’équipe de France de natation artistique
« Mon premier club de natation était l’EMS Bron. J’habitais à côté de la piscine et mes parents voulaient que j’apprenne à nager. J’étais inscrite avec mes deux soeurs et ma mère nous avait dit qu’une fois que nous saurions nager, nous pourrions arrêter si on le souhaitait. J’ai découvert la natation artistique aux Jeux olympiques d’Athènes en 2004 avec Laure Thibaud (aujourd’hui Obry, ndlr) et Virginie Dedieu. Devant ma télévision, je trouvais ça très beau et je me demandais comment elles faisaient. J’ai voulu essayer et j’ai commencé à Chassieu, un petit club dans la région lyonnaise, à l’âge de 12 ans. J’ai ensuite rejoint l’Aqua Synchro Lyon parce que mes entraîneurs pensaient que j’avais le potentiel pour m’épanouir au sein de ce club qui comptait dans ses rangs des nageuses de l’équipe de France. A l’époque, elles étaient mes modèles. Notre entraîneur voulait absolument qu’il y ait du lien avec elles et souvent elles revenaient nager pour les championnats de France. C’est peut-être aussi pour cet esprit collectif que je préfère l’équipe. Je ne me suis pas mise à la synchro pour faire un sport individuel alors être capitaine de l’équipe de France aujourd’hui, c’est un joli symbole. J’ai vécu des moments merveilleux avec le collectif national. Je me souviens notamment des championnats du monde à Barcelone en 2013, mes premiers avec l’équipe de France senior. C’était vraiment incroyable. Il y avait toute ma famille, la piscine était superbe. Les Jeux de Rio, lorsque j’ai vu Laura (Augé) et Margaux (Chrétien) nager, restent également un souvenir très fort. Je savais qu’elles pensaient à moi parce que nous sommes entrées en même temps à l’INSEP. C’était difficile de les voir aux Jeux et de ne pas y être, mais j’étais profondément fière d’avoir fait partie de leur histoire. »
Marie Annequin (FFN/Anh Viet Chau).
Charlotte Bonnet, 25 ans, championne d’Europe et médaillée de bronze aux Jeux olympiques
« J’ai commencé la compétition lorsque je suis arrivée en Bretagne avec mes parents à l’âge de 6 ans. Mes parents sont dans le milieu alors il était assez naturel que je m’engage dans cette voie. J’étais très à l’aise dans l’eau et assez grande pour mon âge ce qui m’a beaucoup aidé dans la natation. J’étais très compétitrice dès mon plus jeune âge. Je me souviens d’ailleurs que Morgan Dufour, qui était entraîneur du pôle espoir est venu à une compétition pour observer les jeunes talents du club du CN Brest. Il était venu me voir avec mes parents pour me proposer d’intégrer le pôle espoir alors que je n’avais que 9 ou 10 ans. Je faisais une ou deux séances par semaine avec eux. Brest a été mon club formateur avec mon premier entraîneur, mon premier groupe d’entraînement. J’ai gardé des contacts avec certains nageurs et membres du staff. On a partagé beaucoup de bons moments ensemble en stage, notamment à Font-Romeu. Il y avait véritablement un esprit club, c’était bon enfant et convivial. J’adorais nager et j’étais vraiment passionnée par la natation. Je me rappelle que pendant les Jeux olympiques de 2008, j’étais en vacances près de Bordeaux avec mes parents et on mettait le réveil toutes les nuits pour regarder les finales de natation qui se tenaient entre 3 et 4 heures du matin. Je me souviens de la finale d’Alain (Bernard) sur 100 m nage libre. C’était un grand moment de joie et j’ai dit à mes parents : « Je veux aller aux Jeux dans quatre ans ». Je me rappellerai toute ma vie de ma qualification à Dunkerque en 2012. Je suis tombée dans les bras de mes parents. C’était une grande émotion. Quand on sait qu’ensuite on décroche cette médaille avec le 4x200 m à Londres… Ça reste encore aujourd’hui mon plus beau souvenir, même si le titre de championne d’Europe à Glasgow en 2018 a été également magnifique. »
Charlotte Bonnet (KMSP/Stéphane Kempinaire).
Rémi Saudadier, 34 ans, joueur de l’équipe de France de water-polo
« J’ai commencé le water-polo à l’âge de 13 ans à Fleury-les-Aubrais (Orléans). Je ne suis pas passé par la case natation. Je faisais du rugby et j’ai ensuite eu une maladie de croissance qui m’a contraint à arrêter les sports terrestres. Je me suis ensuite dirigé vers le water-polo et j’ai trouvé ça fun, même si je n’y connaissais pas grand-chose au départ. J’ai vite eu envie de me surpasser aux entraînements. Intégrer l’équipe de France est rapidement devenu un challenge personnel. Quand j’étais jeune, mon entraîneur nous a inculqué cette mentalité de l’effort et du travail. C’est comme ça que j’ai progressé. Et puis, je regardais les joueurs de l’équipe première de Fleury-les-Aubrais avec admiration. Ce sont eux qui m’ont inspiré au départ. Ils m’ont tiré vers le haut. L’esprit club était très présent. Quand j’étais petit, j’allais voir les matches des grands. Cette proximité m’a vraiment été bénéfique. Depuis trois ans, je suis d’ailleurs parrain de l’Entente Orléanaise qui est une fusion de trois clubs dont Fleury-les-Aubrais. J’ai un petit frère qui est trésorier du club et un autre qui entraîne les jeunes. C’était important pour moi d’essayer de rendre ce que l’on m’a donné lorsque j’étais jeune parce que c’est aussi grâce à mon club que j’ai pu ensuite avoir ce parcours et rejoindre l’équipe de France. D’ailleurs, quand j’ai intégré le collectif national nous n’étions même pas qualifiés pour les championnats d’Europe. J’avais à cœur de travailler dur avec mes coéquipiers pour disputer de grandes compétitions. Quand on a décroché notre qualification pour les JO de Rio au TQO de Trieste (avril 2016), c’était une grande fierté et une récompense pour tous les sacrifices effectués. Mais je souhaite désormais retourner aux JO avec l’ambition de décrocher une médaille. Monter sur un podium à Paris en 2024, cent ans après le titre de l’équipe de France, ce serait incroyable ! »
Rémi Saudadier (KMSP/Stéphane Kempinaire).
Sujet réalisé par Jonathan Cohen
Découvrez le numéro spécial consacré au centenaire de la FFN en cliquant sur la couverture !