Retour sur l’étape de coupe du monde FINA 10 km de Doha (Qatar) avec Stéphane Lecat, directeur de l’eau libre à la FFN, et Olivier Nicolas, manager des équipes de France de natation course.
Quel bilan dressez-vous de cette compétition ?
Stéphane Lecat : Le premier point positif, c’est que l’équipe de France d’eau libre soit venue sur cette compétition et que nous ayons été en mesure de gérer les problématiques logistiques spécifiques au Covid. Dans le cadre de la préparation pour les championnats d’Europe et les Jeux olympiques, le staff comme les athlètes se sont enrichis. Participer à ce genre d’évènement international dans le contexte sanitaire actuel, je le vois d’abord comme une opportunité pour notre équipe, pas comme une contrainte. Concernant les résultats sportifs, nous avons la confirmation, avec sa victoire, que Marc-Antoine Olivier est parfaitement lancé dans son projet d’excellence pour les Jeux. Ce n’est pas le cas pour Lara Grangeon, certains détails restent à régler dans sa préparation, mais le temps presse. Un autre point positif, c’est qu’Océane Cassignol a réalisé une course de référence (2e), ce qui est très intéressant dans la perspective de Paris 2024. C’est également prometteur de voir des nageurs comme Axel Reymond et Logan Fontaine être acteurs de la course. J’ai retrouvé le plaisir de voir une belle équipe de France avec des athlètes investis et un partage constant entre les membres du staff. En tant que directeur, c’est très agréable. J’ai une très belle équipe autour de moi.
Qu’est-ce qui a moins bien fonctionné et quelles seront les pistes d’amélioration ?
Stéphane Lecat : Chez les filles, il y a une réflexion à mener sur la préparation physique et physiologique, afin qu’elles puissent exprimer leur plein potentiel, car actuellement nous ne sommes pas en mesure de jouer avec les meilleures mondiales dans le dernier tour. Le constat était déjà identique il y a deux ans. Certains athlètes parviennent à évoluer individuellement, mais notre système montre des limites. Nos jeunes ont beaucoup de qualités, il nous faut réunir toutes les conditions pour optimiser leur potentiel. A la condition qu’ils le souhaitent eux aussi.
(FFN/Florian Lucas)
Pourquoi teniez-vous à être présent sur cette coupe du monde d’eau libre en tant que manager des équipes de France de natation course ?
Olivier Nicolas : D’abord parce que nos deux disciplines appartiennent à la même fédération. Il y a des passerelles entre la natation course en demi-fond et l’eau libre, ce sont souvent les mêmes nageurs qui performent à haut niveau sur les deux disciplines. Il est d’ailleurs possible que les qualifiés en eau libre aux Jeux olympiques participent également aux épreuves en bassin. Et puis, je voulais vivre de l’intérieur le fonctionnement de l’équipe de France eau libre sur une grande compétition internationale.
Qui plus est dans ce contexte sanitaire bien particulier ?
Olivier Nicolas : C’est important de voir comment on peut s’organiser dans cette situation, d’observer et de pouvoir ensuite l’expliquer aux nageurs et au staff des équipes de France de natation course, leur faire comprendre l’importance du respect de la bulle sanitaire. Il faut se préparer à manger seul dans sa chambre, au port du masque en permanence, aux temps d’attente imprévus et faire que ces contraintes apparentes n’en soient plus. Il faut savoir comment se prémunir des cas contacts, savoir les gérer le cas échéant. Tout cela risque de nous être très utiles dans les mois qui viennent et notamment aux Jeux.
Que t’as appris cette expérience sur une compétition internationale d’eau libre ?
Olivier Nicolas : La spécificité de l’eau libre, c’est la nécessité de s’adapter aux contraintes extérieures. On l’a vu ici à Doha, après trois jours d’entraînement par temps calme, le vent s’est mis à souffler fort le jour de la compétition, tous les repères étaient faussés. On entend toujours que le sportif de haut niveau doit savoir s’adapter mais cela prend tout son sens en eau libre. Je retiendrai aussi la manière dont Marc-Antoine Olivier a assumé son statut de favori. Dans un contexte particulièrement difficile, il est resté très professionnel, focalisé sur son objectif de performance, et il a maitrisé son sujet. Après une année 2020 perturbée par le confinement, il a été capable de retrouver son meilleur niveau et de progresser.
A Doha, Florian Lucas