Près d’un mois après des championnats du monde historiques (six médailles, dont quatre titres, ndlr), l’équipe de France d’eau libre a signé sa rentrée aquatique lors de la seconde édition de la Fluctuat, organisée le dimanche 3 septembre sur le bassin de la Villette (Paris). L’occasion de prendre un peu de recul en compagnie de Stéphane Lecat, directeur de la discipline à la Fédération Française de Natation.
L’euphorie des championnats du monde de Budapest est-elle retombée ou êtes-vous encore sur un petit nuage ?
L’euphorie est différente, ce n’est plus la même chose. On commence à digérer. Reste que notre objectif n’a pas changé : nous sommes concentrés sur les Jeux Olympiques de Tokyo ! Il faut continuer de travailler, d’autant plus que nos adversaires ont vu à quel point nous étions forts. Je suis certain qu’ils vont réagir. Pas question de s’endormir. Il faut aller de l’avant.
Avez-vous reçu beaucoup de messages de félicitations après les Mondiaux ?
Nous avons reçu beaucoup de messages du grand public et ça, c’est nouveau. Avant, nous étions reconnus par les connaisseurs, mais à Budapest, nous avons touché des gens qui ne sont pas issus du milieu de la natation.
Aurélie Muller, double championne du monde du 10 km (FFN/Philippe Pongenty).
Depuis le titre continental d’Axel Reymond à Berlin en 2014, l’eau libre tricolore avait pris l’habitude de décrocher une médaille internationale par saison. A Budapest, pour la première fois dans l’histoire de la discipline, vous avez enregistré une avalanche de récompenses. Qu’est-ce que cela change ?
Nous sommes passés dans une autre dimension. J’espère néanmoins que nous pourrons faire mieux dans deux ans, sans oublier de nous illustrer aux Euro de Glasgow (août 2018, ndlr). Mais là-bas, ce sera différent car nous nagerons en néoprène. Cependant, n’oublions pas que l’eau libre est dominée par les Européens. Ces championnats continentaux n’auront rien d’une formalité. Il faudra s’employer pour truster les podiums.
Marc-Antoine Olivier, champion du monde du 5 km et médaillé de bronze mondial sur 10 km (FFN/Philippe Pongenty).
Les médailles de Budapest vont-elles contribuer à créer de l’émulation au sein du collectif national ? On imagine que les jeunes nageurs d’avenir vont avoir à cœur de bousculer la hiérarchie.
Bien sûr, et c’est important ! Il faut toutefois garder une émulation saine.
C’est-à-dire ?
Les non-qualifiés doivent se dire que la prochaine échéance leur donnera une occasion de s’illustrer. Cela implique d’avoir de la bienveillance pour tout le monde : pour les athlètes qui décrochent des récompenses, mais aussi pour ceux qui ratent leur objectif en leur rappelant que c’est aussi ça le sport de haut niveau, des doutes et des remises en question.
(FFN/Philippe Pongenty).
On dit souvent que l’échec est constructif et que le succès peut être aveuglant. De quoi les nageurs d’eau libre qui ont brillé en Hongrie doivent-ils se prémunir dans les prochains mois ?
Ils devront avant tout veiller à ne pas se disperser. Il faut savoir dire non à certaines sollicitations. La vérité est dans le bassin, dans l’entraînement quotidien. Les nageurs ne doivent pas oublier qu’ils sont sollicités parce qu’ils réalisent des choses exceptionnelles dans l’eau. Il est impératif de rester focus, mais l’avantage qu’on a en France, c’est que nos entraîneurs savent parfaitement gérer ce genre de situation.
(FFN/Philippe Pongenty).
Il n’empêche, les nageurs d’eau libre, et notamment celles et ceux qui ont brillé aux championnats du monde de Budapest, doivent également jouer un rôle d’ambassadeur de leur discipline, à l’instar de ce qu’ils ont fait le dimanche 3 septembre lors de la seconde édition de la Fluctuat.
Aujourd’hui, il faut le souligner, nous avons la chance de pouvoir partager des épreuves avec le grand public. C’est un atout de poids à ne pas négliger. Il faut en profiter pour développer cette activité qui séduit de plus en plus de monde. Si dans quelques années nous parvenons à réunir près de 3 000 nageurs dans ce genre d’événement, c’est que nous aurons réalisé un grand pas en avant.
A Paris, Adrien Cadot
Martin Papot (coordinateur général de la Fluctuat) : « Cette année, la Fluctuat a rassemblé près de 650 nageurs, soit 250 inscrits de plus que lors de la première édition organisée en août 2016. Toutefois, on aurait pu en compter davantage, mais nous avons fermé les inscriptions deux jours avant la course car nous avons estimé avec les autorités compétentes que nous avions atteint la limite pour assurer la sécurité de tous les engagés. Pour ce qui est des bénévoles, nous avons pu compter sur un staff de cinquante personnes. Il faut souligner et saluer également le soutien de la Mairie de Paris, tant en termes de communication que d’un point de vue logistique. On peut dire que cette seconde édition de la Fluctuat installe un peu plus l’épreuve dans le paysage parisien. »