Déçu par la quatrième place du relais tricolore engagé dans l’épreuve du 4x1250 m des championnats d’Europe de Budapest (samedi 15 mai), Stéphane Lecat, Directeur de l’eau libre, l’était à n’en pas douter. Il ne s’en est d’ailleurs pas caché au moment de nous accorder cet entretien sur la terrasse jouxtant le centre des médias et surplombant de quelques mètres la plage de départ de la compétition hongroise. Reste qu’au-delà du résultat et de la performance de ses quatre nageurs (Océane Cassignol, Lara Grangeon, Logan Fontaine et Marc-Antoine Olivier), le technicien tricolore tenait à alerter la FINA et la LEN sur la nécessité de revoir le règlement des passages de relais pour ne pas altérer l’équité sportive qui doit prévaloir entre toutes les nations.
Outre la déception de la quatrième place, que retenez-vous de la performance du relais tricolore ?
Je suis fier des nageurs français ! Marco (Marc-Antoine Olivier) n’est pas content de lui, mais c’est normal, il veut toujours être premier. En attendant, moi, je sais qu’ils ont tous les quatre donné 100% de ce qu’ils avaient. On sait que la combinaison en néoprène n’est pas le point fort de nos nageurs. C’est un fait ! Malgré tout, Océane (Cassignol) et Lara (Grangeon) ont fait un super relais. Logan (Fontaine) a signé le deuxième temps des engagés sur son 1 250 m derrière Paltrinieri (Italie). Marco a repris trois secondes à l’Italien Acerenza qui nage quand même 14’48 aux 1 500 m nage libre, donc ce n’est pas rien !
La concurrence a donc été la plus forte aujourd’hui (samedi 15 mai).
Oui, mais c’est quand même difficile à accepter parce que nous nageons toujours pour gagner. Bon, aujourd’hui, nous sommes quatrièmes.
(Photo : KMSP/Stéphane Kempinaire)
On a le sentiment que l’équipe de France était très éloignée sur le ponton de départ où se réalise également les passages de relais pendant l’épreuve du 4x1250 m. De quelle manière ont été attribuées les places ?
Par tirage au sort ! Mais cette année, crise sanitaire oblige, la Ligue européenne de natation avait prévu une zone de cinq mètres entre chaque équipe pour ne pas que les nageurs soient au contact les uns des autres. Sauf qu’avec ce règlement, on s’est retrouvé complétement désavantagé…
Comment ça ?
Eh bien, Lara (Grangeon) a nagé dix mètres contre Paltrinieri et cinq contre David Betlehem (Hongrie) et Rob Muffels (Allemagne). Quand on voit que nous perdons pour deux dixièmes, on peut se dire que si nous avions été mieux positionnés sur le ponton, nous n’aurions pas fini au pied du podium. Ça n’enlève rien à la performance des Italiens, des Allemands ou des Hongrois, mais il y a là, à mon sens, une problématique de règlement.
(Photo : Deepbluemedia)
Comment y remédier ?
Je pense qu’une zone de passage de relais, comme en athlétisme ou en biathlon, par exemple, serait plus appropriée qu’un ponton ! En statique, les équipes placées à l’extrémité du ponton sont systématiquement désavantagées. Aujourd’hui, c’était la France, mais ça aurait très bien pu être une autre nation.
Vous ne contestez aucunement la victoire de vos adversaires.
Non, absolument pas ! Pour moi, il s’agit d’un problème de règlement qui nuit à l’équité sportive. Je veux que ce problème se transforme en opportunité de faire évoluer le règlement. Tout cela serait, à n’en pas douter, bénéfique à l’eau libre.
A Budapest, Adrien Cadot