Après trois années jalonnées de blessures, d’opérations et de longues période de convalescence, le Marseillais Théo Bussière a réussi le tour de force de remporter la finale du 100 m brasse des championnats de France de Chartres (15-20 juin). Une victoire symbolique sur le plan chronométrique (1’00’’25) qui lui permet toutefois de remplir les critères de sélection pour les Jeux olympiques de Tokyo au titre du relais 4x100 m 4 nages.
Raconte-nous de quelle manière tu as abordé cette finale du 100 m brasse (mardi 15 juin) ?
J’avais peur, j’étais stressé, j’avais envie… C’était beaucoup d’émotions !
Et à l’arrivée ?
Quand j’entends les nageurs marseillais rassemblés en tribunes exploser de joie, je me dis que c’est pour moi (sourire)… A ce moment, je ne vois rien et je n’ai aucun souvenir de ce qui vient de se passer dans l’eau. Et puis je relève la tête et je vois mon nom et là, c’est énormément de bonheur !
Pourquoi ?
Parce que ça a été très dur ! Alors oui, je ne me suis pas qualifié en individuel et je ne descends même pas sous la minute, mais ça a été tellement difficile que je m’en satisfais.
(KMSP/Stéphane Kempinaire)
Qu’est-ce qui a été « difficile » ?
En 2018, j’explose. Malheureusement, j’ai dû renoncer aux Euro de Glasgow en raison d’une blessure. Je me fais opérer la saison d’après. Je rate les Mondiaux de Gwangju. Puis, nouvelle blessure. Les Jeux de Tokyo sont reportés. Je me soigne, je reviens et là, aujourd’hui (mardi 15 juin), voilà que je remporte le 100 m brasse et que je remplis les critères de sélection pour les JO de Tokyo. C’est complètement dingue quand on y pense (sourire)… C’est aussi la preuve que lorsqu’on est dans la difficulté, on peut trouver des ressources insoupçonnées pour atteindre ses objectifs.
A quoi t’es-tu raccroché pour tenir ?
Je me suis raccroché à la confiance que je peux emmagasiner dès que je me sens bien à l’entraînement. Quand mon corps me laisse tranquille, j’ai de bonnes sensations. Aujourd’hui (mardi 15 juin), c’est ce que je me suis dit : « Pas question de renoncer après tout ce chemin ». Je ne voulais avoir aucun regret. La salle de kiné est devenue mon deuxième chez moi.
(KMSP/Stéphane Kempinaire)
Depuis combien de temps ton corps te laisse-t-il tranquille ?
C’est tout frais ! Ça doit faire une semaine à peu près. J’ai forcé comme un barjot à l’entraînement la semaine dernière sans éprouver la moindre douleur. Je me suis dit alors que j’aurais enfin toutes mes chances de m’exprimer à Chartres, cette semaine. Pour autant, je savais que ce serait juste puisque j’ai raté plusieurs semaines de travail cette saison. Forcément, à ce niveau, cela ne se rattrape pas.
A quoi es-tu pensé en touchant le mur hier soir (mardi 15 juin) ?
Cette course, je l’avais jouée dix fois dans ma tête. A chaque fois le scénario était différent. J’ai tout imaginé. Les bonnes comme les mauvaises résolutions. Mais là, franchement, tout était parfait (sourire)… Il n’y a qu’une place qui me faisait rêver, mais je savais que ça allait être très dur. Il n’y a pas de mots, c’est tellement fort. J’ai exulté en pensant à tous les gens qui me soutiennent depuis des mois. Vous savez, ma carrière aurait s’arrêter en 2018, mais j’ai eu la chance de tomber sur un chirurgien fantastique. Je remercie aussi tous les kinés de France qui m’ont manipulé à un moment ou à un autre (sourire)…
Recueilli à Chartres par Adrien Cadot
(KMSP/Stéphane Kempinaire)